Le tourisme en Tunisie accuse le coup de la montée de la violence de ces derniers jours avec l’assassinat de 14 soldats, la crise la plus grave depuis l’assassinat, il y a tout juste un an, de 8 soldats lors de l’embuscade qui a eu lieu en 2013 au Mont Chaambi.
La montée du terrorisme annonce de sombres perspectives pour un secteur qui représente une manne financière importante et contribue à hauteur de 7% au PIB sans oublier l’emploi procuré directement à quelque 400.000 Tunisiens.
Ce climat d’insécurité a fait réagir les professionnels du tourisme, entre autres les hôteliers à l’île de Djerba, et ce afin d’aider de trouver une issue à la crise, déjà confirmée par la ministre du Tourisme, Amel Karboul qui a reconnu avoir perdu l’une de ses grandes ambitions, à savoir faire venir 7 millions de touristes au cours de cette année.
Dans une récente déclaration, la ministre s’est dite choquée et surprise de la dégradation de la situation du secteur. « L’image de la Tunisie a été fortement touchée, notamment, en France, en Allemagne et en Grande-Bretagne », a-t-elle déploré avant de signaler que « le regard du touriste étranger sur la Tunisie a changé ». Ceci est dû principalement à « la dégradation de la situation sécuritaire, au phénomène des salafistes et au terrorisme ».
Les hôteliers risquent une mauvaise fin de saison
Face à ce constat et sous l’effet de l’attaque perpétrée à Jebel Chaambi , l’inquiétude des acteurs semble considérable à l’idée de voir les pays émetteurs lancer des alertes qui pourraient entraîner une vague d’annulations ou de rapatriements de touristes.
Sur le terrain, les professionnels du métier sont gagnés par une vive préoccupation, vu le risque croissant de vivre une mauvaise fin de saison», s’est alarmé Faouzi Basli, ex-commissaire du tourisme dans un entretien téléphonique avec Africanmanager. « Le tourisme ne peut pas en sortir indemne, alors que la conjoncture d’instabilité est marquée essentiellement par une fulgurante montée du terrorisme», a-t-il déclaré. Voilà pourquoi ce climat va certainement décourager les tours opérateurs à choisir la Tunisie, selon ses dires.
« C’est un coup dur pour cette activité déjà malmenée par la question environnementale », nous a déclaré, de son côté, Ezzeddine Al Kathi, un hôtelier qui prévoit une baisse des entrées touristiques dans les jours à venir.
Il est dans l’attente de la réaction des tour-opérateurs et des touristes, elle-même tributaire de la position des ministères des Affaires étrangères des pays émetteurs. « On n’a pas signalé à ce jour d’annulations, mais les touristes vont certainement agir, une fois les ministères rendent publiques leurs décisions par rapport à la situation en Tunisie ». Et d’ajouter : « c’est prévu. On espère toutefois, une décision qui prenne en considération les efforts fournis par les autorités afin d’assurer la stabilité tout en se limitant à déconseiller la visite de la région de Kasserine ».
Partout le même souhait, résumé par Anouar Ben Amor, directeur d’un hôtel en vue à Djerba qui s’est montré pessimiste notamment avec la suspension de plusieurs réservations estimées à une vingtaine jusqu’à maintenant. Ces suspensions ont touché également le marché français. S’y ajoute l’annulation des circuits sahariens dont les pertes sont énormes : « Depuis mercredi dernier, les clients demandent des informations précises sur le climat de la sécurité en Tunisie. De même, ils s’interrogent sur les garanties dont ils ont besoin pour maintenir leurs vacances dans ce pays », a-t-il précisé.
Avec ces interrogations, la majorité des hôteliers interviewés exigent aujourd’hui une intervention immédiate du gouvernement tout en prenant en toute urgence les mesures appropriées pour que la situation revienne à la normale le plus rapidement possible.
Qu’en est-il de ces mesures ? Une question reste encore sans réponse puisqu’on a essayé de contacter à maintes reprises le ministère concerné, mais toujours sans réaction par rapport à cette question préoccupante.
Wiem Thebti
