AccueilLa UNETunis : Le terrorisme change de visage et de nom, c’est désormais...

Tunis : Le terrorisme change de visage et de nom, c’est désormais la guérilla

Selon toute vraisemblance, le terrorisme tel qu’il est pratiqué depuis peu à Jebel Chaambi et dans les chaînes montagneuses de l’Ouest de la Tunisie est en train de changer de visage et de nom. Ceux qui s’y livrent semblent en être arrivés à la conclusion que les tactiques utilisées jusqu’alors ne mèneraient nulle part, en tout cas pas à se rendre maître du terrain et bousculer les stratégies de l’Armée nationale et des forces de sécurité. Les embuscades, les explosions de mines et les attaques de front se sont révélées d’autant plus inefficaces que leurs auteurs donnent la nette impression qu’ils sont en train de changer leur fusil d’épaule pour s’essayer à une nouvelle forme de combat, la guérilla.

Le théoricien militaire prussien Clausewitz écrivait dans son célèbre traité de stratégie militaire : De la guerre, que « la guerre est un caméléon » qui, tout en demeurant un acte de violence organisé, change de forme en fonction des circonstances, des acteurs et de leurs buts. A bien des égards, nous sommes en présence d’une situation qui répond à une telle configuration. Le tout dernier acte terroriste du Kef l’atteste clairement.

Certes, les effectifs sont le mêmes et tout aussi aguerris, mais à l’exception de l’opération de Chambi , le 16 juillet, qui a fait 15 tués parmi les militaires, et où une soixantaine d’assaillants ont été mobilisés, les terroristes opèrent, depuis, en petits groupes, dans le cadre d’affrontements contre l’armée régulière, ce qui n’exclut pas incidemment des pertes « mineures » parmi les civils. Leur objectif est ostensiblement de déstabiliser les forces régulières et structurées par des confrontations peu intenses mais de longue durée. En termes d’art militaire, cela se comme guerre asymétrique, c’est-à-dire une guerre caractérisée par une asymétrie des forces en présence (nombre, armement, organisation), par l’effet de surprise des attaques, par le relief, en l’occurrence un terrain d’action étendu, accidenté et difficile d’accès, par la mobilité, la dispersion et la flexibilité des assaillants, par l’absence de ligne de front, mais surtout par un lien avec la population locale. Et sur ce registre, il n’est pas difficile de remarquer que les groupes terroristes ont partie liée avec des civils surtout pour les besoins de leur ravitaillement, comme cela a été attesté par les aveux de nombreux suspects qui ont reconnu leur intelligence avec les terroristes, la plupart à des fins lucratives et guère par conviction, religieuse ou autre.

Il tombe dès lors sous le sens que c’est là que loge l’une des clés majeures de la réussite de la guerre contre le terrorisme. Cela doit vouloir dire que le renseignement revêt une dimension essentielle et déterminante pour priver les groupes terroristes de leur soutien logistique. Or, il est patent que les services de renseignement ont des progrès à faire pour limiter voir neutraliser la « performance » des terroristes.

D’autant que les terroristes ne sont pas des militaires professionnels disposant de l’instruction et de l’armement suffisant pour mener des actions offensives prolongées. Selon les experts, ils sont, par nature, voués à la défensive stratégique (ils ne défendent aucune position décisive, évitent le gros de l’ennemi, mais usent son ffort en s’attaquant à ses points faibles : les postes isolés, le train logistique, les lignes de communication) et à l’offensive tactique (ils se dispersent et, refusant une seule attaque principale, frappent de nombreuses cibles ponctuelles). Ce faisant, ils sont incapables de tenir longuement face à un parti régulier. En un mot, la dispersion est la véritable manœuvre défensive de la guérilla.

Vivement les équipements militaires sophistiqués !

Il va sans dire que la réponse de l’Armée nationale doit impérativement et sans délai s’inscrire dans une configuration qui s’accorde du moins techniquement à ce changement de tactique et de philosophie de combat. Il est évident que nos militaires n’étaient pas préparés et ne le sont pas encore pour « traiter » les terroristes et le terrorisme, outillés plutôt pour assurer la défense du territoire national contre les menaces extérieures, et dans une moindre mesure intérieures. Et ceci dicte de changer bien des tactiques et d’introduire de nouvelles spécialités dans les métiers de l’armée, avec à la clé des équipements inédits et forcément ultramodernes. L’armée tunisienne s’emploie à s’en doter comme en témoigne le marché d’une douzaine ‘hélicoptères Black Hawk qui ont fait leurs preuves dans la lutte contre le terrorisme.

Toutefois, et d’après les spécialistes les plus avertis, il va falloir aussi ajouter à cet arsenal une arme encore plus redoutable qui a trait plus particulièrement au renseignement militaire. Il s’agit des drones qui manquent cruellement à l’Armée nationale. C’est un outil de la toute première grandeur procurant une très grande capacité d’écoute et d’observation aérienne. C’est que la variété des capteurs utilisés par ces aéronefs sans pilote permet de recueillir plusieurs types d’informations, souvent restituées sous forme d’images, d’origine électro-optique électromagnétique et ce, en temps réel, sur terre, sur mer, depuis l’espace aérien inferieur ou même supérieur.

Les drones peuvent observer à longue distance, à travers les nuages, hors des menaces sol-air, pendant des périodes de 12 à 24 heures et potentiellement beaucoup plus, les opérateurs pouvant se relayer au sol. L’autonomie n’est plus qu’une question de fiabilité du matériel et de quantité d’énergie embarquée pour alimenter le moteur et la charge utile.

Les informations transmises par le drone peuvent être exploitées de différentes manières : pour l’évaluation de la situation sur un théâtre d’opérations, la surveillance d’une zone, la détection et l’identification des objets à traiter à court terme, l’évaluation des dommages après une frappe aérienne. Les drones répondent ainsi, aux exigences modernes de continuité du renseignement par la permanence spatiale et temporelle qu’ils permettent d’assurer sur zone.

N’y voit-on pas une garantie de succès dont les forces armées tunisiennes ont grandement besoin pour venir à bout d’un terrorisme qui, à bien y regarder, ne serait, ces équipements aidant, qu’une promenade ?

Mohamed Lahmar

- Publicité-

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Réseaux Sociaux

108,654FansJ'aime
480,852SuiveursSuivre
5,135SuiveursSuivre
624AbonnésS'abonner
- Publicité -