Natif de lAriana, Néjib Chebbi se porte candidat à la Magistrature suprême à 70 ans. Dabord étudiant en médecine, il bifurque après deux ans détudes vers le droit et devient avocat. Lhomme, personne ne peut le lui nier, est un militant de la première heure. Il connaît même la prison dès 1968 et les affres de la résidence surveillée à Béjà où il travaillait à la société régionale du transport, doù il fut déporté vers Essers à cause de son activité syndicale. En 1971, il est réfugié politique en Algérie où il est obligé de poursuivre ses études de droit. En 1983, il fonde le «Rassemblement Socialiste Progressiste » qui deviendra PDP, et une année plus tard, il entame sa carrière davocat. Il a certes signé, comme Ennahdha, le Pacte National de lancien président tunisien Ben Ali, mais il lui devient opposant dès 1991.
Indéniablement, le long parcours de cet homme politique qui a défendu les mineurs de Gafsa, fait la grève de la faim en 2005 et 2007 en compagnie de Maya Jribi, devait en faire le candidat idéal pour le fauteuil de la présidence à Carthage, du moins le croyait-il très fort lui-même, lorsquil fondait en octobre 2013 le Parti Républicain.
Chebbi et son parti avaient connu deux revers politiques importants. Le premier, lors des élections doctobre 2011. Son parti ne sera pas de la coalition gouvernementale qui formera la Troïka, son parti, le PDP nayant remporté que quelques sièges. Les mauvaises langues diront que lune des affiches de campagnes et son poste de ministre dans le premier gouvernement de laprès Révolution, lui ont joué un mauvais tour. La malchance poursuivra son parti, devenu Al Joumhouri, dans les législatives de 2014 qui disparaît presque du paysage politique tunisien.
Les présidentielles, il en rêvait depuis 2009. Cette année-là, une année avant la Révolution, il tente de se présenter à l’élection présidentielle bien qu’il ne remplisse pas les critères fixés alors pour le scrutin. Un mois avant le dépôt officiel des candidatures, il annonce y renoncer, en dénonçant ce qu’il considère comme un scrutin faussé.
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Il y a quelques semaines, sur un plateau de Nessma TV, Néjib Chebbi disait de Béji Caïed Essebssi que «Si Béji rend service à la Tunisie à travers ses états de services qui remontent à plus 50 ans. Il est probe et intègre (mains propres selon Chebbi), son Histoire est éclatante, il jouit dun grand rayonnement et dune longue expérience, il est donc digne dêtre président de la Tunisie ». Les éloges sont clairs. Le 24 mars 2012 dans un grand rassemblement populaire, il traitait BCE de « grand homme ( ) qui occupe une place centrale dans la vie politique ( ) et «parmi les pères de la reconstruction politique après les années 70, dami du mouvement syndical et lami du mouvement démocratique jouissant de la confiance de tout le peuple tunisien». Béji Caïed Essebssi nétait alors pas candidat au même fauteuil que lui.
Il y a quelques jours pourtant, pour ne prendre que ces deux exemples, il se retourne contre Caïed Essebssi quil avait auparavant encensé. Sur le plateau de Boubaker Akacha sur le Wataniya 1, il rappelle comment il a été torturé en 1968 (il avait alors 24 ans) au ministère de lIntérieur alors dirigé par un actuel candidat à la présidence quil évitera de nommer malgré linsistance de lanimateur. Ce dernier lui rappelle clairement quil parle là de BCE, il bottera toujours en touche. Il le traitera pourtant de non démocrate et dira pourtant à plusieurs reprises que «il est dangereux de voter pour un non démocrate et quil est dangereux de voir lancien régime revenir, comme pour dire que le danger sappelle BCE, mais en ménageant, «lami » Marzouki, selon le qualificatif utilisé. «Jai rencontré le Dr Moncef Marzouki ( ) et on a convenu que cette concurrence ne sexerce pas dans un climat dinsultes partagées ou dattaques personnelles, ce qui nest pas dans ma nature» On sait pourtant, de sources familiales qui lui sont proches, que lobjet principal de sa rencontre avec Marzouki, était en effet létablissement dun «gentlemen agreement » entre les deux candidats. Sur le plateau de «Chokran Ala Alhoudhour », traduisez «Merci de la présence » de Boubaker Akacha, il avait défendu Marzouki qui avait qualifié Béji Caïed Essebssi de Taghout, terme utilisé par les Salafistes pour désigner les militaires et les forces de lordre quil faut combattre. Certains de ses amis lui avaient pourtant conseillé, au regard dun début morne de sa campagne électorale, de prendre Moncef Marzouki pour «ennemi» politique pour sa campagne, un président provisoire mal aimé par lintelligentzia qui est la principale composante de son parti ainsi que par une large frange de la population et saffichera même dans la ville de Chebba avec lun des symboles de lislamisme radical sans compter ses relations controversées avec les ligues de protection de la révolution, il préférera sallier en quelque sorte et choisit le vainqueur des législatives et que tous les sondages dopinion donnait vainqueur des présidentielles même au second tour. A-t-il fait le bon choix ? Sa versatilité politique envers celui que son parti devait, pendant un temps, rallier dans «lUnion pour la Tunisie» est-elle une erreur ou une tactique ?. Il semble pourtant, à première vue, que ce ne soit quune bataille portant sur un fauteuil , celui de la présidence de la République auquel Néjib Chebbi aspirait et aspire toujours.
Ka Bou.