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Les banques tunisiennes cultivent « l’appétit du risque élevé », selon Standard&Poor’s

Dans une évaluation du secteur bancaire tunisien publiée, le 9 novembre 2011, l’agence de notation Standard & Poor a indiqué qu’elle maintenait le BICRA (Banking Industry Country Risk Assessment) de la Tunisie dans le groupe ‘8 ‘. Elle a également décidé la révision du score de risque économique de 8 à 7, et a attribué le score de risque du secteur de ‘8 ‘.

JUSTIFICATION

Nous avons examiné le secteur bancaire de la République tunisienne (devises étrangères BBB-/Negative/A-3, monnaie locale BBB/Negative/A-3) conformément à notre méthodologie BICRA mise à jour. Suivant nos critères, le cadre BICRA est défini comme étant « conçu pour évaluer et comparer les systèmes bancaires mondiaux. » Une analyse BICRA pour un pays couvre les institutions financières notées et non notés qui reçoivent des dépôts, accordent des crédits, ou sont engagées dans les deux activités à la fois. Un BICRA est noté sur une échelle de 1 à 10, allant du risque le plus bas des systèmes bancaires (groupe ‘1 ‘) au risque le plus élevé (groupe ’10’). D’autres pays classés dans le groupe ‘8 ‘ de BICRA incluent le Liban, l’Argentine, l’Uruguay et la Géorgie.

Notre score de risque économique de ‘7 ‘reflète notre opinion que la Tunisie a un «risque élevé» dans «la résilience économique», un «risque intermédiaire» dans les «déséquilibres économiques» et un «risque très élevé» dans le «risque de crédit dans l’économie», tels que nos critères définissent ces termes.

L’économie tunisienne est diversifiée et a fait preuve de résilience pendant la récession économique de 2008-2010. Cependant, divers chocs, notamment les incertitudes liées à la transition politique à la suite de l’éviction de l’ancien président Ben Ali, une chute des recettes du tourisme, et les perspectives de croissance plus faibles chez son principal partenaire commercial, l’UE, ont entaché les perspectives de croissance de la Tunisie.

Il n’existe aucun signe d’une bulle immobilière en Tunisie, malgré la rapide flambée des prix de l’immobilier au cours des cinq dernières années. La précédente croissance économique et la demande intérieure soutenue en matière d’habitat ont contribué, à notre avis, à la stabilité du marché. Dans les conditions économiques actuelles, nous prévoyons que la croissance de l’immobilier et des actions sera limitée sur le court terme.

La croissance du crédit est susceptible de rester faible, et nous nous attendons à une augmentation des créances douteuses des banques à court et à moyen terme suite aux troubles politiques de 2011 alors que les banques publiques qui traînent d’importants actifs à problèmes hérités des précédentes crises ont tendance à appliquer des normes de souscription souples. Toutefois, les banques privées ont tendance à utiliser des normes de souscription plus conservatrices et ont donc des niveaux de créances à problèmes beaucoup plus bas.

Notre score de risque du secteur de ‘8 ‘pour la Tunisie est basée sur notre opinion que le pays est confronté à « un très haut risque» dans son «cadre institutionnel», à un «risque élevé» dans la «dynamique de la concurrence» et à «un risque très élevé » dans « l’ensemble du système financement », tels que nos critères définissent ces termes. Notre évaluation de «risque très élevé » appliquée au cadre institutionnel est étayée par un cadre réglementaire que nous considérons comme conservateur en termes d’exigences de solvabilité et de classification des prêts non performants (PNP). Cependant, cela est compensé dans une certaine mesure par la législation récente qui permet aux banques de ne pas classer comme improductifs de nouveaux prêts douteux découlant de la crise politique 2011. Les banques tunisiennes ont mis en place des provisionnements insuffisants pour la couverture des prêts à problèmes, à notre avis, et les autorités de régulation n’ont pas encore mis en œuvre les règles de Bâle II pour identifier tous les risques.

La banque centrale a soutenu le système bancaire par le passé et dans les conditions difficiles actuelles, mais nous considérons ses récent résultats comme modérés étant donné le besoin d’opérer des injections de capitaux qui se font toujours attendre au profit des banques publiques faiblement capitalisées. Nous considérons également que la supervision du secteur bancaire est à peine suffisante. Les banques tunisiennes ont l’appétit du risque élevé, avec un secteur qui est fragmenté et concurrentiel.

Cela conduit à de faibles marges et une rentabilité qui l’est autant. Bien que le secteur bancaire tunisien ait été très stable dans le passé, nous nous attendons à ce que les futures réformes changent la dynamique concurrentielle dans une certaine mesure, permettant de consolider et d’ouvrir potentiellement la voie à de nouveaux entrants. Il n’y a pas de distorsions du marché qui affectent le secteur en particulier. Les banques tunisiennes ne se signalent pas par des risques élevés liés aux caractéristiques des produits complexes ou risqués.

Le système bancaire est principalement financé par une base de dépôts clientèle stable. Toutefois, les dépôts des clients majeurs en tant que part du total des prêts sont inférieurs à ceux de certaines banques similaires régionales. Le soutien financier des banques-mères étrangères est limité et ne concerne qu’une poignée de banques privées qui contrôlent une modeste part de marché. Ces caractéristiques sont étayées par un étroit marché de capitaux de la dette intérieure.

Nous considérons que le gouvernement tunisien est «amène » envers le secteur bancaire local. Tout en prenant acte des interventions de soutien, nous sommes d’avis que le gouvernement a limité la flexibilité financière et la capacité de fournir un soutien financier exceptionnel au cours des périodes difficiles.

Traduction : AfricanManager

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