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Tunis : Marzouki fait du gringue aux islamistes pour devenir leur nouveau Gourou

«Nous avons besoin de revenir à ce qui avait été appelé la Gauche, c’est-à-dire considérer que la pauvreté est l’ennemi, non l’islam, considérer que les corrompus et les Fassidine [ndlr : ceux qui pratiquent le Fassed, nom générique qui inclut la corruption, la malversation, la prévarication et tous ce qui touche à l’argent sale] sont les ennemis et non les islamistes. Nous avons besoin de promouvoir les principes de la religion à travers le retour aux valeurs de la religion islamique».

Cette longue phrase est, à notre sens, la clef de voûte du long discours de l’ancien président provisoire tunisien, Moncef Marzouki, qui tente de revenir sur la scène politique après cinq mois d’absence. Cette déclaration avait été faite, samedi dernier, à Tunis où il essayait de redonner âme à un mouvement qui n’avait pas bougé depuis presque 6 mois.

Cette phrase est en effet la déclaration de politique générale de ce qui ne sera pas un parti politique dont Marzouki ne sera pas le président, mais le prochain candidat pour les prochaines présidentielles que son ancien conseiller Adnane Mansar prédit pour le printemps 2016.

L’ancien outsider que personne ou presque ne voulait franchement soutenir, n’avait pas oublié qu’il avait quand même recueilli plus de 42 % au second tour des Présidentielles de novembre 2014. Il savait aussi qu’une partie de ceux qui avaient voté pour lui, mécontente de son parti, l’avaient fait malgré le «ni oui ni non» du parti Ennahdha et que l’autre partie avait voté Marzouki sur «instruction» même du parti islamiste. Moncef Marzouki avait alors été accusé d’avoir fait un hold-up sur une partie de l’électorat d’Ennahdha.

Avec cette dernière déclaration de samedi dernier, l’ancien chef d’Etat provisoire qui vient de se faire louer (par le parti CPR, nous disait Adnane Mansar) une nouvelle maison présidentielle à El Menzah 4 à Tunis et changé la BMW série 7 Limousine que lui avait donnée la présidence BCE, montre clairement qu’il n’arrive toujours pas à digérer sa défaite du 23 novembre 2014. Marzouki ne semble en effet pas se résoudre à ne plus vivre au palais de Carthage et prépare son «Harak» pour l’y remettre.

A bien comprendre sa dernière déclaration, Moncef Marzouki espère la création d’une aile gauche du parti islamiste tunisien qui est de droite, comme l’avait démontré Rached Ghannouchi à Olivier Ravanello [Le bon musulman n’est pas le musulman pauvre. Sic]. L’ancien Président provisoire qui dit maintenant regretter de ne pas avoir démissionné [Il avait été pourtant appelé plusieurs fois à le faire et avait toujours répondu par son fameux triplet du je ne démissionnerais pas], estime que le libéralisme économique ne mènera qu’à la misère, ce qui pourrait mener à une nouvelle révolution. «Il faut appliquer une politique économique audacieuse qui combatte le Fassed, impose l’égalité fiscale et bâtisse une économie solidaire. Nous avons besoin de revenir à ce qui avait été un temps la Gauche» a dit Marzouki dans son discours devant les futurs Harakis (Membres du Harak).

Il présente cette nouvelle orientation économique non comme une alternative au courant islamiste, mais comme un accompagnement de la mouvance islamiste qu’il ne présente pas comme un adversaire politique ou ennemi à combattre. A bien le comprendre donc, il voudrait créer avec les islamistes qui le rejoindraient, un nouveau courant islamiste de Gauche dont il pourrait être le «guide suprême» en remplacement de Rached Ghannouchi, résolument de droite, une droite synonyme de Fassed, selon lui.

L’homme est pourtant loin d’accepter le partage que voudrait la Gauche. Président provisoire, il était payé 30 mille DT le mois, c’est-à-dire plus de 97 fois le salaire du Smigard qu’il voudrait défendre. Pire encore. L’ancien chef d’Etat provisoire avait contribué à ce qui avait été en 2012 la contribution volontaire par laquelle tous les responsables diminuaient, volontairement, leurs salaires. Quelques mois avant la fin de son mandat, il avait demandé à la Trésorerie générale de lui rembourser toutes les sommes d’argent qui lui avaient été coupées. La Trésorerie n’en avait certes rien fait, mais il ne fait pas de doute que Moncef Marzouki le lui avait demandé. Drôle de gauchiste !

Religieusement, Marzouki n’a jamais été pratiquant. L’ancien chef d’Etat provisoire qu’il avait été, avait même critiqué le parti islamiste tunisien et s’était un temps brouillé avec ses dirigeants. Son «truc» à lui, ce sont les LPR, un type de révolutionnaires prêts à utiliser tout ce qui les ferait parvenir à leurs fins, y compris la religion. De là vient le gringue que faisait désormais Moncef Marzouki aux islamistes tunisiens pour revenir au pouvoir. Moncef Marzouki ne changera décidément pas. Il refait même presque les mêmes gaffes, comme ces quatre doigts (Rabiaa, le signe des partisans de l’ancien président égyptien Morsi) levées sur la scène du Palais des congrès de Tunis.

Il avait créé le CPR et avait accepté qu’il soit noyauté de quelques éléments Nahdhaouis, pour arriver à Carthage. Il avait vainement appelé l’appui d’Ennahdha de tous ses sens pour y rester. Lâché par ses anciens créateurs de toutes pièces, il ne lâche pas bride et tente de nouveau de surfer sur la vague islamiste pour revenir au palais de ses mille et une nuits de Carthage.

Khaled Boumiza

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