Afif Kchouk, commissaire général du Marché International du Tourisme (MIT) prévoit un recul du secteur touristique à la suite de l’attaque terroriste perpétrée contre le musée de Bardo le 18 mars. Le nombre des touristes serait de l’ordre de 5 millions 800 alors que les nuitées ne vont pas dépasser les 28 millions. Interview :
Craignez-vous des conséquences désastreuses sur le tourisme, l’un des secteurs clés de l’économie ?
C’est certain tant que les différents supports médiatiques étrangers continuent à se concentrer sur cet événement surtout avec l’organisation d’une marche républicaine ce dimanche, afin de dénoncer le terrorisme. Les médias étrangers, plus précisément les européens, continuent à traiter cette attaque depuis le 18 mars.
Ceci ne pourrait que susciter les craintes chez le touriste étranger désireux de visiter la Tunisie. Car, on est en train de lui rappeler l’exécution de cette attaque terroriste.
Quel marché sera-t-il le plus touché ?
L’attaque perpétrée contre le musée de Bardo faisant 23 morts aurait une répercussion sur l’affluence des touristes. Dans ce cadre, on attendrait un recul de la plupart des marchés traditionnels.
Certains marchés ayant connu une reprise comme les marché belge, italien et hollandais qui vont connaître un recul.
Les marchés de l’Europe centrale ayant déjà d’autres problèmes vont baisser de 50%. On cite également le marché russe et ukrainien. On pourrait expliquer cette chute par les affrontements qui se poursuivent entre la Russie et l’Ukraine. D’autres marchés essuieraient aussi un recul en raison de ces affrontements.
Avec cette attaque, quel serait le taux des réservations ?
Selon nos expériences, je pense qu’il nous faut au moins 4 à 6 semaines pour que les réservations reprennent leur rythme normal. On va se trouver donc uniquement avec les touristes de last minute qui n’ont pas encore décidé ou qui n’ont pas la capacité de passer des vacances à l’étranger.
Le nombre des réservations serait à mon avis très faible. On aurait seulement 3 ou 4 réservations par jour alors que le nombre enregistré quotidiennement dans les années précédentes était entre 20 et 100 réservations.
Et le nombre des touristes attendus en 2015 ?
Si les choses se passaient dans les meilleures conditions, on attendrait 5 millions 800 alors que le nombre de nuitées serait de l’ordre de 28 millions.
S’agissant des recettes en devises, on ne peut pas faire des estimations puisqu’elles sont tributaires de la valeur de notre monnaie par rapport aux autres devises, sachant que le secteur a connu une aggravation tout au long de 2014 et ce en comparaison avec 2013
Ill faut cependant avouer que le secteur se trouve aujourd’hui dans une situation très mauvaise.
Pourquoi ?
Ces chiffres nous interpellent et nous obligent à un retour en arrière particulièrement aux années 90 où on n’avait pas encore la capacité d’accueil qui est la nôtre aujourd’hui, estimée à 220 mille. Donc, on est loin des chiffres réalisés en 2010, année de référence.
Et le coût ?
On s’attend à une détérioration du secteur avec une aggravation de l’endettement de cette industrie qui emploie plus de 400 mille personnes. Il serait par la suite dans une conjoncture économique et financière très délicate.
Comment jugez-vous les mesures prise par le gouvernement à la suite de cette attaque, axées notamment sur l’amélioration de la qualité, la propreté, la promotion du tourisme culturel et du tourisme intérieur et algérien ?
Avant tout, il faut rappeler que ce secteur est à 100% entre les mains du secteur privé d’autant plus qu’il s’agit d’un secteur commercial et industriel. Donc, on peut affirmer que l’Etat n’a pas un grand rôle à jouer dans ce processus et le client ne suit pas généralement les slogans politiques.
Ceci, à mon avis, nécessite la mise en place d’une feuille de route pour pouvoir dépasser les lacunes et surtout faire face à la concurrence assez rude que connaît le secteur.
Pour ce qui est des mesures prises par le gouvernement et même celles prises par le ministère du Tourisme, je pense qu’il est utile de savoir la manière de les mettre en œuvre sur le terrain avant de connaître leur rentabilité.
Wiem Thebti
 prévoit un recul du secteur touristique à la suite de l’attaque terroriste perpétrée contre le musée de Bardo le 18 mars. Le nombre des touristes serait de l’ordre de 5 millions 800 alors que les nuitées ne vont pas dépasser les 28 millions. Interview : ...){kind=link}