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USA-Israël :Est-ce la rupture?

La mise en garde de l’exécutif américain adressée à Benyamin Netanyahu après son élection, mardi 17 mars, pour un nouveau mandat, a suscité l’irritation de la classe politique israélienne. Mais la position annoncée par Barak Obama s’est transformée en une fracture américano-américaine et une autre entre juifs.

La droite classique américaine au sein du parti républicain a appuyé Netanyahu dans ce conflit, alors que les Juifs démocrates qui se sont illustrés dans la campagne « Freedom Summer » des droits civiques pour les noirs américains dans les années 1960 ont appuyé les positions de Barak Obama.

Le dernier évènement en date est la décision des Etats-Unis, lundi 23 mars 2015, de ne pas s’exprimer devant le Conseil des droits de l’homme des Nations unies à Genève pour débattre d’un rapport de l’ONU sur les violations israéliennes des droits de l’homme à Gaza.

En pleine séance, le porte-parole de la délégation américaine a fait savoir que son pays ne souhaitait pas s’exprimer sur la question débattue. Israël a déploré cette position, indiquant qu’il comptait sur un soutien de la part des Américains sur ce rapport accablant pour l’armée israélienne.

Cette position illustre le revirement ordonné par Obama qui a de nouveau menacé vendredi, 20 mars, Israël de réévaluer la position des États-Unis sur le conflit israélo-palestinien si Netanyahu ne s’engage pas concrètement pour la création d’un État palestinien.

Obama a fait savoir que son différend avec le premier ministre israélien porte sur des questions fondamentales et non sur des considérations personnelles, réitérant sa conviction que seule une solution basée sur deux Etats peut régler le conflit israélo-palestinien.

Les USA ont, en fait, averti jeudi19 mars 2015 qu’ils allaient réévaluer leur position vis-à-vis d’Israël à l’ONU, où ils n’ont cessé depuis des décennies de lui apporter un soutien diplomatique indéfectible. Un éventuel changement de position de Washington au Conseil de sécurité de l’ONU faciliterait l’adoption d’une résolution sur une solution à deux Etats le long des frontières d’avant 1967, illustrant une rupture majeure entre les deux pays.

Les dernières déclarations de Netanyahu, indiquant ne pas être opposé à une solution à deux Etats, n’ont convaincu ni Américains ni Palestiniens, parce qu’elles vont à l’encontre de celles faites à la veille des élections législatives. Les Palestiniens, pour leur part, ont poursuivi leur offensive diplomatique et annoncé la rupture de la coopération sécuritaire avec l’Etat hébreu.

Saisissant l’occasion de la proclamation des résultats des dernières élections législatives israéliennes qui ont donné la première place au parti de Benyamin Netanyahu, le président américain Barack Obama a annoncé ce changement de cap que beaucoup d’observateurs attendaient.

Josh Earnest, porte-parole de l’exécutif américain, avait clairement indiqué que cette orientation prise par les Etats-Unis à l’ONU était fondée sur le « socle » de la solution à deux Etats , assurant toutefois que Washington n’a pris aucune décision à ce stade.

Les médias américains ont largement repris les déclarations de Netanyahu, faites au cours des derniers jours de la campagne électorale, dans lesquelles il a promis d’intensifier l’implantation des colonies, surtout à Jérusalem et de s’opposer à toute solution à deux Etats. Les éditorialistes américains, généralement bien informés des orientations diplomatiques de leur pays, ont prédit que les relations israélo-américaines devraient atteindre le fond si Netanyahu gagnait les élections.

Un article du New York Times a décrit la campagne du Likoud de « brutale », soulignant que Netanyahu avait offensé de nombreux électeurs et provoqué l’étonnement des alliés sur son chemin vers sa victoire inattendue. L’article faisait allusion aux déclarations du premier ministre israélien sortant qui a affirmé, sur sa page facebook, le jour du scrutin que le « pouvoir de la droite est en danger et que les électeurs arabes se rendent en masse vers les bureaux de vote ».

Un des thèmes majeurs de la couverture des médias américains des élections israéliennes a été le prix que coûtera le virage à droite de la campagne de Netanyahu. Roger Cohen, chroniqueur du New York Times a averti qu’un gouvernement de droite dirigé par Netanyahu devra faire face à un isolement international croissant, en particulier en raison de l’engagement du Premier ministre à empêcher l’émergence d’un Etat palestinien. Il prévoit que les relations de Netanyahu avec le président Obama seront irréparables et n’exclut pas un durcissement de la position américaine envers Israël aux Nations unies si les implantations de Cisjordanie continuent à s’étendre.

Jonathan Chait du New York Magazine a mis en exergue l’avertissement de dernière minute lancé par Netanyahu au sujet des électeurs arabes arrivant en masse dans les bureaux de vote, pour souligner le virage à droite du premier ministre sortant.

« Le rejet pur et simple de Netanyahu d’un Etat palestinien et sa diatribe raciste contre les électeurs arabes israéliens, mardi, ont montré qu’il a perdu toute prétention à représenter tous les Israéliens », indique le New York Times dans un éditorial sans concession.

L’éditorial poursuit en décrivant Netanyahu comme un saboteur de la paix au Moyen-Orient. Il souligne que la construction des colonies sur des terres qui pourraient être accordées au futur Etat palestinien et le fait de ne pas s’être sérieusement investi dans les négociations ont convaincu qu’il n’est pas intéressé par un accord de paix. Ces positions rendront, selon l’article, encore plus difficile pour Netanyahu de réparer ses relations avec le président Obama, qui a beaucoup investi dans la promotion d’une solution à deux Etats.

Réagissant aux derniers résultats des législatives israéliennes, le président palestinien Mahmoud Abbas a estimé, jeudi 19 mars 2015, qu’il serait impossible de parvenir à la création d’un Etat palestinien aux côtés d’Israël avec le gouvernement que devrait former prochainement Netanyahu.

Cherchant à corriger ses déclarations le jour du scrutin, en brandissant le danger du vote arabe, Netanyahu s’est dit aussi « fier » d’être le Premier ministre de tous les Israéliens, juifs ou arabes. Il a également, rappelé la solidité des liens qui unissent les Etats-Unis et Israël, et défendu son intervention devant le Congrès américain au début le 2 mars2015 qui a été très mal appréciée par l’exécutif américain.

Dans une interview à Fox News jeudi soir, Netanyahu a déclaré une fois de plus qu’il n’était pas revenu sur son soutien à un Etat palestinien, mais tout simplement qu’il ne voyait pas la création d’un tel Etat comme un objectif viable en ce moment.

« L’Amérique n’a pas de meilleur allié qu’Israël, et Israël n’a pas de meilleur allié que l’Amérique. Il y a un lien indissoluble entre les deux pays. Le président Obama l’a dit et je le redis encore aujourd’hui », a affirmé Netanyahu. Et d’ajouter : « Nous pouvons avoir des divergences mais nous avons tant de choses qui nous unissent et nous avons une situation au Moyen-Orient qui est très dangereuse et qui représente un défi commun pour nous ».

L’American Israël Public Affairs Committee (AIPAC), a appelé Washington à renforcer ses liens avec Israël après la réélection du Premier ministre Benjamin Netanyahu, et fustigé la Maison Blanche pour sa réaction glaciale à la déclaration du dirigeant israélien selon laquelle il soutient la solution à deux Etats, contrairement à une position annoncée auparavant.

« Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a fortement et clairement réaffirmé aujourd’hui son attachement à une solution à deux Etats au conflit israélo-palestinien, », soutient l’AIPAC dans un communiqué.

Déplorant l’attitude du porte-parole de l’administration qui a repoussé les efforts du Premier ministre pour améliorer les rapports entre Israël et les Etats-Unis, l’AIPAC a exhorté l’administration à renforcer les liens avec l’allié le plus fiable et réellement démocratique de l’Amérique au Moyen-Orient, jugeant qu’une relation solide et inébranlable entre les Etats-Unis et Israël est dans l’intérêt de la sécurité nationale des deux pays et reflète les valeurs que les deux pays chérissent.

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