AccueilLa UNETunis-aide sociale :Comment débusquer les faux pauvres?

Tunis-aide sociale :Comment débusquer les faux pauvres?

Une large opération de révision de listes des bénéficiaires de deux programmes d’assistance sociale (programme national d’aide sociale aux familles nécessiteuses « PNAFN » et le programme d’accès aux soins à tarifs réduits « AMGII ») sera lancée à partir de juillet prochain. C’est ce qu’a nous assuré le ministre des Affaires sociales, Ahmed Ammar Younbai.

Il a fait cette annonce en marge d’un séminaire organisé ce lundi 23 mars, par le Centre de recherche et d’étude sociale et la BAD sous le thème « Résultats de l’enquête d’évaluation de la performance des programmes d’assistance sociale en Tunisie : pour optimiser le ciblage des populations pauvres et freiner l’avancée de l’informalité ».

C’est un travail de vérification qui sera mené par des travailleurs sociaux qualifiés tout au long d’une année. Ces derniers vont adopter une approche multidimensionnelle, basée sur la proximité test (scoring). Il consiste à décerner des scores à toutes les familles visitées avant de les classer du niveau le plus pauvre à la pauvreté immédiate et à la pauvreté relative et voir par la suite les possibilités de sortie de ce problème.

850 mille familles sont concernées par cette opération qui sont réparties sur tout le territoire tunisien, a précisé, de son côté Hafedh Bouktif, directeur du Centre des recherches et d’études sociales (CRES)

Des erreurs d’inclusion…

Force est de constater que le système de la protection sociale tunisien malgré ses acquis ne peut être pleinement efficace. Les résultats de l’enquête d’évaluation de la performance des programmes d’assistance sociale en Tunisie en question le confirment.

En effet, ladite enquête menée auprès de 2016 familles bénéficiaires de PNAFN et 3072 autres bénéficiaires d’AMGII a épinglé plusieurs erreurs.

Des erreurs d’inclusion ont été observées. Dans ce cadre, l’enquête a démontré que le taux d’inclusion du PNAFN est de 54.2% dont 36.1% sont du ressort d’AMGII et 18.1% de non éligibles à aucun de deux programmes. De même, le taux d’inclusion de l’AMGII est de 50.7% dont 17.7% sont du ressort du PNAFN et 33% de non éligibles à aucun de ces deux programmes.

L’exploitation de cet indicateur révèle que plus de 25% des bénéficiaires actuels du PNAFN ne devraient pas être retenus si le programme visait les 10% les plus pauvres de la population et remplacés par les 10% les moins nantis des bénéficiaires de l’AMGII.

Certains facteurs pourraient s’expliquer, selon Hafedh Bouktif, par l’héritage de passé. « On vient de sortir d’une période où l’assistance sociale était fortement instrumentalisée », a dit le responsable dans une déclaration à Africanmanager, précisant qu’il y avait une population qui n’a rien à avoir avec ce dispositif.

Pour le nombre de cette population, il a indiqué qu’il varie selon les programmes. « Le taux global d’erreur d’inclusion au niveau de programme monétaire cash direct ne dépasse pas 5%, mais c’est énorme. S’agissant de l’assistance médicale à tarif réduit, le taux est plus élevé parce que le système d’octroi de la carte a été plutôt un système généreux sans oublier les dépassements dans les régions, l’instrumentalisation et surtout le favoritisme », a-t-il remarqué.

Des lacunes auront certainement un effet sur le rendement de ces bénéficiaires de ces deux programmes. D’ailleurs, l’enquête a relevé que le chômage des ménages a un taux moyen beaucoup élevé que celui du reste de la population et une distribution plus étendue. 68% des bénéficiaires du PNAFN et 34% de ceux de l’AMGII sont analphabètes alors que cette proportion n’est que 29% pour la population totale.

Quant aux conditions d’habitation, elles sont les précaires pour les bénéficiaires de PNAFN, également pour ceux de l’AMGII, mais à un degré moindre : plus de logements insalubres et maisons traditionnelles que la moyenne pour les cas minoritaires des autres types de logement.

Un socle de protection sociale, pourquoi pas ?

Une situation qui exige, d’après les intervenants, une révision du mode de ciblage des populations ayant besoin d’aide et de soutien pour réduire ces erreurs en vue d’étendre la couverture aux plus démunis.

Pour ce faire, les efforts vont se poursuivre de manière à adopter des nouveaux critères pouvant renseigner sur les spécificités et les situations particulières des populations. Ajoutons à cela la diversification des modes de ciblage tout en s’assurant que l’octroi des aides monétaires s’effectue dans les meilleures conditions.

Des recommandations qui semblent nécessaires avant d’envisager des stratégies actives capables de mettre en place le socle de protection sociale. Le défi est certes de taille, mais sa réalisation est possible surtout que la Tunisie dispose des ingrédients essentiels pour sa mise en place. D’après plusieurs observateurs, il suffit de réajuster et toiletter ces ingrédients dans les différents programmes.

Wiem Thebti

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