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Tunis : Après la stupeur, c’est l’heure pour un « Patriot Act »

Frappée à son tour par le terrorisme de Daech, la Tunisie enterrait ce jeudi ses morts. Dans une seconde conférence de presse, aujourd’hui à La Kasbah, le chef du gouvernement tunisien admettait les défaillances sécuritaires et promettait enquête administrative et sanctions immédiates. Des zones d’ombre persistaient, en cette journée de deuil, sur les conditions qui avaient permis aux deux terroriste de passer entre les mailles du filet policier et sécuritaire qui entoure tout le symbole même de la 2ème République tunisienne qu’est l’ARP (Assemblée des Représentants du Peuple) à proximité duquel se trouve le musée du Bardo. Des zones d’ombre aussi sur les conditions de surveillance et de suivi auxquelles a pu échapper l’un des terroristes, comme l’avait révélé Habib Essid lui-même.

On remarquera que la Tunisie n’a cette fois pas décrété un deuil national, signe d’une nouvelle Tunisie qui refuse d’abdiquer face au terrorisme et décide de continuer à vivre, un défi on ne peut plus clair aux visées de Daech qui vient de revendiquer son opération sanguinaire. C’est le temps donc de l’action et le chef du gouvernement en donne le ton par la réunion qu’il tenait, ce jeudi 19 mars 2015 au palais du Gouvernement à la Kasbah avec les partis politiques siégeant à l’ARP. Devraient suivre, en principe, tous les représentants de la société civile tunisienne.

Il y a quelques années, lorsque les USA avaient été confrontés au terrorisme d’Al Qaïda, George W. Bush avait trouvé la parade pour détourner tous ceux et celles qui se cacheraient, par profession et pour un dessein, derrière les lois protégeant les droits de l’homme. Le moins illustre parmi eux, Moncef Marzouki, vient de sortir de son silence pour refaire entendre sa voix de défenseur des droits de l’homme, sifflant que «la lutte antiterroriste ne doit pas être une occasion pour porter atteinte aux droits de l’Homme et aux libertés». D’autres comme lui, dont certains siègent même au sein de l’ARP, lui emboîteront bientôt le pas pour faire des égorgeurs de soldats et de policiers des victimes, comme cela avait été le cas des terroristes de Soliman, libérés et glorifiés quelques mois seulement après la révolution de 2011.

Frappés de plein fouet par le terrorisme du «père de Daech», les Américains avaient pourtant compris (les Français les suivent depuis quelques jours) que le terrorisme ne se combat pas par les mêmes armes opposées aux criminels et que le sang ne se lave qu’au karcher. Les USA inventent alors le «Patriot Act », une «loi pour unir et renforcer l’Amérique en fournissant les outils appropriés pour déceler et contrer le terrorisme », une loi antiterroriste votée par le Congrès des États-Unis et signée le 26 octobre 2001 par GWB.

La Tunisie, le chef de l’Etat l’avait dit mercredi soir, déclare la guerre totale au terrorisme islamiste. Il lui manque certes la logistique de guerre dont elle pourrait avoir au moins une partie sous forme d’emprunt auprès de pays frères ou amis, en attendant les 8 Sikorsky Black Hawk que la Tunisie achètera des Etats-Unis. Il ne serait pas non plus inutile de penser à une révision des priorités financières dans le cadre d’une révision de la loi des finances complémentaire pour donner au pays les moyens financiers de sa guerre contre le terrorisme. L’UGTT (Centrale syndicale ouvrière) devrait même être associée à cette révision dans le cadre d’un nouveau choix national.

Ce qui manque, aussi et surtout, c’est l’arsenal juridique et judiciaire qui doit permettre de traiter le terrorisme, pourquoi pas même en dehors des lois que ces terroristes bafouent chaque jour et se retranchent derrière elles lorsqu’ils se retrouvent entre les mains de la justice.

Maints observateurs de la scène politique tunisienne deviennent de plus en plus convaincus qu’il est désormais nécessaire de mettre en place, même pour un temps, un «Patriot Act» tunisien, une sorte de juridiction d’exception qui donnerait aux forces de l’ordre toutes les possibilités de «déceler et de contrer» le terrorisme et mettre la Tunisie en dehors du danger que représente de plus en plus Daech, désormais à ses portes Sud.

Cela doit passer, à notre avis, par une réorganisation des services pénitentiaires tunisiens, la création comme ailleurs dans d’autres pays, de juges antiterroristes, une meilleure sécurisation des magistrats et surtout une plus grande et meilleure implication de la justice dans la guerre contre le terrorisme islamiste.

Khaled Boumiza

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