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Tunis : Le terrorisme est dans nos murs, aux portes d’une Europe, sourde !

L’attaque, certainement bien préparée et calculée, est symbolique à plus d’un titre. C’est une première absolue dans l’histoire de la guerre de la Tunisie contre le terrorisme. Après Chaambi, après le Nord-ouest, c’est dans la capitale même et au cœur même de sa démocratie que le terrorisme choisit de frapper, et cela n’est pas fortuit. Apôtres et Cassandre diront que c’était attendu. Cela n’enlève rien à l’effet de surprise et de stupeur d’une population au cœur de laquelle les terroristes veulent installer la peur.

Cette attaque a eu pour théâtre, un des plus hauts symboles de la culture et de l’histoire tunisienne, qu’est le Musée du Bardo, lui-même un des hauts lieux du tourisme. Le lien n’est pas difficile à faire avec le ravage du Musée de Mossoul en Irak. L’attaque s’est déroulée à deux pas du siège de l’ARP (Assemblée des Représentants du Peuple) où les députés s’apprêtaient justement à discuter le projet de loi sur le terrorisme. Un message, fort et sanguinaire, adressé à un pays qui ose se targuer de la réussite de sa transition politique et de la mise au ban des forces islamistes qui prônaient un retour à la Charia.

L’attaque du Bardo touche ensuite le pilier majeur de l’économie tunisienne qu’est le tourisme. Le jour même, la ministre tunisienne du tourisme déclarait à l’agence italienne de presse que «tout [ndlr : le terrorisme et l’insécurité] est sous contrôle». A l’approche de la haute saison touristique et le jour même de l’accostage d’un bateau de croisière à La Goulette, l’opération du Bardo aura, c’est sûr, le plus grand impact négatif sur tout le secteur du tourisme en Tunisie. La ministre Rekik peut déjà faire son deuil des 7 millions touristes qu’elle espérait. Un coup, dont les caisses de l’Etat sentiront toute la pesanteur. L’attaque adresse donc, aussi et surtout, un message tout aussi sanguinaire, aux pays européens qui soutiennent la Tunisie par les flux qu’ils adressent à ce pays malgré la fragilité de sa situation sécuritaire.

Exprimant son soutien au gouvernement tunisien, le premier ministre français Manuel Valls, a indiqué, lors d’une conférence de presse à Bruxelles, que «cette nouvelle attaque illustre les menaces auxquelles nous sommes tous confrontés dans la région de la Méditerranée». C’est d’autant plus vrai que la Tunisie est aux portes de l’Europe, à deux pas de l’Italie et à une heure à vol d’oiseau de Marseille la française. La Tunisie de l’après Ben Ali est aussi et surtout le seul survivant d’un «printemps arabe», un modèle, politique et sociétal, que toute l’Europe voulait et disait soutenir. Or, c’est justement cette Europe, aux portes de laquelle le terrorisme sera désormais présent s’il venait à remporter sa guerre en Tunisie, qui offre le moins de soutien logistique à la guerre de la Tunisie contre le terrorisme des sectes islamistes. Les USA, qui sont à des milliers de kilomètres de ce danger, ont été jusqu’ici les seuls à apporter leur aide, même si c’est au prix d’un énorme sacrifice financier pour le budget tunisien (Voir notre News sur le prix des 8 Black Hawk américains).

La France de Sarkozy avait été, on se le rappelle, plus prompte aux aides logistiques lorsqu’il s’agissait d’aider le régime de Ben Ali à réprimer la révolution de 2011. La France de François Hollande, qui réaffirmait, ce mercredi 18 mars 2015, sa solidarité avec la Tunisie, n’a fait que peu ou prou pour doter le seul survivant du printemps arabe des moyens logistiques qui lui permettraient de remporter une guerre contre le terrorisme qui ne menace pas uniquement la Tunisie, mais l’Europe toute entière et le modèle, politique et de société, qu’elle dit soutenir. L’Europe le sait très bien, la Tunisie n’a pas le prix de sa démocratie et encore moins de cette guerre contre un terrorisme qui ne la vise pas elle seule, mais toute la région voisine de l’Europe et de l’Europe in fine.

Au moment de l’attaque du Bardo, le ministre tunisien des Affaires étrangères, Taïeb Baccouche, était à Paris pour demander l’aide de la France et de l’Europe. Sur iTélé, il disait que «lutter contre le terrorisme se fait aussi par le développement et la lutte contre le chômage». Et si cette Europe ne l’aide pas, d’abord par les moyens logistiques de tous genres pour engager une guerre totale et la remporter, et ensuite par des moyens plus lourds en matière de développement et de lutte contre le chômage, par l’investissement et la création d’opportunités d’emplois, la Tunisie tombera et avec elle le modèle européen d’un islam politique que soutenait l’Europe en s’affichant contre l’éviction d’Ennahdha de la scène et de la vie politique tunisienne. Le modèle tunisien tombé, sera aussi un coup asséné à tous ceux qui voudront un jour le suivre, assènera un coup de massue à l’image d’une Europe, soutien de la Démocratie !

Khaled Boumiza

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