AccueilLa UNETunis :Essid :Grande illusion ou simple désillusion?

Tunis :Essid :Grande illusion ou simple désillusion?

Il avait vu, il avait tout su, mais il n’a plutôt pas bien parlé. Une allocution qui appelle certaines remarques, tant sur le plan de la forme que sur celui du fond. D’abord la forme. On dirait qu’il était conseillé pour maintenir cette posture. Cadré dans une position, manifestement inconfortable avec ses longues jambes visibles sous le bureau et les mains, fébriles, posées à plat sur le bureau pendant tout le temps de son allocution (Une position de soumission aux règles selon les comportementalistes), le chef du gouvernement ne semblait pas avoir appris par cœur le texte de son allocution. Durant les 8 minutes et 30 secondes de cette allocution du lundi 16 mars 2015, Habib Essid avait les yeux rivés sur ses petits cartons ce qui l’empêchait de fixer l’objectif de la caméra et de regarder les téléspectateurs, droit dans les yeux. Cette position n’a pas contribué à lui donner l’air de l’orateur, convaincu et convainquant, qu’il devait avoir dans cette conjoncture. Les mains posés, ostentatoirement à plat sur le bureau nu, l’empêchait de toute gestuelle qui aurait donné un sens à un discours, haché car il n’était ni lu d’un seul trait ni appris. Cette position qui vidait presque son discours de toute humanité et bâtissait un mur entre lui et des téléspectateurs qui l’attendaient quand même, même s’ils ne le faisaient pas comme si c’était le Messie. Ces téléspectateurs étaient lassés par des discours qui ne disaient plus rien et des dirigeants qui ne semblaient rien comprendre à leurs attentes et aspirations.

Sur le fond, il y a d’abord ce manque de cohésion dans le discours et d’équilibre dans les idées. On s’est trouvé face à un chef de gouvernement qui aurait oublié qu’il était d’abord un homme d’Etat, un Etat dont l’économie avait besoin de gardien pour maintenir ses équilibres globaux afin d’éviter l’effondrement. Un chef de gouvernement qui s’auto flagellerait presque ; tant l’Etat n’a su ni négocier ni avoir les moyens d’honorer les engagements financiers de ses dérapages sociaux. Aucun mot pourtant sur les effets, néfastes sur toute l’économie du pays, des grèves à répétition et de l’instabilité sociale qui fait fuir les investisseurs. Il ne savait même pas si les augmentations salariales qu’il offrait à l’UGTT, se feraient sur deux ou trois années, d’autant qu’il semble ne rien recevoir de la centrale syndicale en contrepartie de cette augmentation que son prédécesseur avait obstinément refusé. Il promet certes, entre les lignes, une paix sociale aux contours toujours flous et qu’il semble acheter au prix de la continuation d’une politique monétaire expansive et dangereusement dépensière.

C’est ensuite, un chef de gouvernement qui ne parlait que des dépenses, en cachant les plus importantes qui sont les énormes dettes (4.500 DT par Tunisien), et en éludant les ressources qui doivent les rendre possibles. C’est ainsi qu’il n’aborde ni la réforme fiscale, ni le nécessaire retour au travail, ni la reprise de la production ni l’augmentation de la productivité. Aucun de ces des éléments qui créent la richesse et fournissent les ressources à l’Etat pour réaliser le développement que demande le peuple n’a été évoqué.

C’est enfin, un chef de gouvernement qui oublie que la crise du pays dont il a la charge, est d’abord et surtout économique. Il ne dit pourtant rien sur la nouvelle orientation qu’il doit insuffler à l’économie tunisienne lorsqu’il parle de modèle de développement qui doit générer un taux de croissance de 7 %. Il se plaint de voir baisser l’investissement de 21 % et oublie d’annoncer ce qu’il compte faire pour redonner de l’espoir aux investisseurs aussi bien locaux qu’étrangers. Il oublie d’indiquer aussi, ce qu’il compte faire pour mettre fin au marché parallèle et à la contrebande qui minent l’économie nationale et privent les caisses de l’Etat de milliards de dinars de rentrées fiscales. En un mot, le «plan national de sauvetage» qu’il a présenté, n’apporte aucune nouveauté, aucun remède de cheval, aucune mesure courageuse. On en viendrait à se demander pourquoi a-t-il décidé de parler s’il n’a pas autre chose à offrir que les recettes qui sont à l’essai depuis bientôt cinq années ?

Khaled Boumiza

- Publicité-

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Réseaux Sociaux

108,654FansJ'aime
480,852SuiveursSuivre
5,135SuiveursSuivre
624AbonnésS'abonner
- Publicité -