Il y a onze mois (le 23 avril 2014), l’INS (Institut national de la statistique) organisait le Recensement de la population et de l’habitat. Une action qui aura coûté plus de 4 MDT, manifestement pour peu de résultats. Ce n’est que cinq mois après tout un branle-bas de publicité, de voitures louées et de personnels recrutés, que l’INS nous livrait le minimum vital du travail de milliers de petites mains. On apprendra ainsi que la Tunisie comptait en 2014 un peu plus de 10,9 millions d’habitants, en accroissement d’un peu plus de 1 % en 10 ans, qu’il y a légèrement plus de femmes que d’hommes en cette 4ème année de révolution, répartis en 2,7 millions de ménages et occupant 3,290 millions de logements à plus de 71 % en milieu communal.
«Un an quasiment après le recensement national de la population et de l’habitat et après plus de 40 millions de dinars dépensés et rien ou presque n’a filtré sur les résultats ! Du jamais vu ! Nous cache-t-on quelque chose ? Sommes-nous si mineurs au point qu’on ne doit pas nous regarder devant notre miroir statistique ? Que se passe-t-il au juste ? Allô ? Comment notre gouvernement va-t-il prendre ses décisions sans statistiques fines par régions ou localités ?», se demandait la semaine dernière le statisticien Hassan Zargouni dans un statut sur son mur.
Selon l’INS, il faudra pourtant attendre encore toute une année pour que les ordinateurs de l’INS nous sortent autre chose que ces éléments basiques d’un recensement où les fiches de renseignement ont été nettement plus riches en questions. Des questionnaires, capables de déterminer avec exactitude, les moyens et le mode de vie du Tunisien, ce qu’il consomme et à quel rythme. Des renseignements d’une grande importance pour le nouveau gouvernement qui prépare manifestement un plan quinquennal à l’aveuglette et pour les hommes d’affaires qui ne savent plus à quel saint se vouer lorsqu’ils auront à refaire leurs business plans après une sieste, entrepreneuriale et de travail, de plus de quatre années. «Comment nos chefs d’entreprise envisageraient-ils d’investir sans statistiques fiables et vérifiables sur les marchés intérieurs à conquérir ?
Comment le citoyen se situe-t-il en termes de mode de vie, de niveau de vie et en qualité de vie sans indicateurs chiffrés actualisés ? Ni la presse, ni le gouvernement, encore moins les citoyens ne s’en émeuvent ! Continuons à naviguer à vue… On ira bien loin» conclut Zargouni. Qui lui répondra ?
Khaled Boumiza
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