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Tunis : «Je fais confiance au gouvernement Essid. On va s’en sortir», affirme Chedly Ayari

Depuis juillet 2012, l’homme est à la tête de l’institut d’émission, la BCT qu’on appelle aussi «le gardien du temple». L’homme fait l’objet, depuis quelques temps, de critiques même de la part de membres du CA de la BCT en privé ainsi que de la part de quelques économistes dont l’un l’a récemment accusé de sujétion vis-à vis de la politique du gouvernement. Chedly Ayari ressemble de plus en plus à ce personnage de la Grèce antique qu’est le gardien du temple.

A l’annonce de la composition du nouveau gouvernement de Habib Essid, critiques et accusations n’épargnent pas le Gouverneur de la BCT que le nouveau chef de l’Etat ne semble avoir aucune intention de changer. Les dernières en date ont été orchestrées après la dernière sortie sur les marchés financiers internationaux pour un nouveau prêt. La BCT le réussira, sans béquille comme on dit dans le jargon financier. Cela n’excepte pourtant pas le Gouverneur des critiques.

– «Petite leçon de finances», pour les pourfendeurs du Gouverneur Ayari

A ceux qui lui reprocheront son taux d’intérêt excessif de 5,6 %, Chedly Ayari répondra, avec un zeste de dédain dans une déclaration à Africanmanager, qu’il donnera une leçon de finances internationales sur les conditions de sortie sur les marchés internationaux. Il rappelle ainsi que la norme de fixation du taux pour un crédit en USD sur dix ans comme celui demandé par la Tunisie, doit d’abord tenir compte de la référence en la matière qui est celle des bons de trésor américains et qui était alors entre 1,80 et 2 %. Le second critère est l’évaluation du risque tunisien, de plus non garanti par un tiers Etat, qui est de 350 points de base. Il faut y ajouter la norme de 0,5 % de commissions diverses et on retrouvera le compte.

Le gouverneur de la BCT insistera, ensuite, pour expliquer que cette sortie devenait obligatoire devant un budget voté par le pouvoir législatif, avec un déficit de 7,5 milliards DT qu’il faudra trouver pour le boucler et lui assurer ainsi la liquidité nécessaire. «Trois milliards DT seraient puisés, je mets ça au conditionnel car je ne suis pas sûr qu’il puisse le faire, sur le marché domestique des obligations. Restent les 4,5 milliards. Il y a certes l’aide internationale de la part d’institutions comme la Banque mondiale qui demandent que certaines lois soient votées. Cela n’a pas été fait et on nous avertit déjà que cette aide ne restera pas longtemps à nous attendre », détaille ainsi le Gouverneur Ayari. Il lui fallait pourtant garantir le bouclage du budget et sortir sur le marché alors qu’il n’y avait même pas de gouvernement à l’époque. Il le fait, «car je fais partie de l’Etat et je me préoccupe des équilibres globaux de son budget», surtout que nous voyons que les taux internationaux étaient alors bas et qu’ils ne le resteraient pas avec le risque de voir augmenter le taux de référence, sans compter la période de 10 ans, dix ans [ndlr : il le dit avec une grimace d’insistance], que nous demandons» explique-t-il. Et Ayari d’ajouter que «il nous fallait tester la qualité du papier tunisien après le choc démocratique», un test qu’il considère comme hautement positif.

– L’emprunt de 1 milliard DT est dans le compte du trésor tunisien

A ceux qui le critiquent ensuite, en se posant des questions sur le sort de cette nouvelle dette qu’ils disent placée à l’extérieur avec un taux inférieur à 5,6 %, le gouverneur de la BCT assure qu’elle est «dans le compte du trésor, dans un compte d’attente momentanément placé à l’étranger comme toutes les réserves tunisiennes, mais qui sera «dinarisé» au prorata des besoins du budget 2015 dont cette dette fait partie intégrante».

Le gouverneur de la BCT a, aussi, récemment été accusé de non-indépendance, comme l’y oblige la Constitution même et donc de suivre une politique monétaire qui est proche de celle du gouvernement. Interrogé par Africanmanager, Chedly Ayari s’en défend avec la véhémence d’un incompris et explique que «moi, j’ai une conception saine de l’indépendance et ceux qui me le reprochent devraient mieux connaître comment se comportent d’autres banques centrales européennes ou même la Fed qui finance la dette du trésor américain, la Bank of Japan qui fait la même chose, ou même la BCE en Europe qui a acheté du papier grec et ses obligations toxiques pour suivre la politique européenne».

– Ayari, fan de la politique de proximité d’Essid et sûr que la Tunisie s’en sortira

Et Chedly Ayari d’indiquer ensuite, que «ce que je peux assurer, c’est que c’est moi seul qui dirige la politique monétaire et le gouvernement n’a aucune prise sur la décision monétaire. Mais je suis aussi l’Etat et ce n’est pas moi qui le mettrai en danger d’implosion. J’ai plutôt l’obligation d’aider le système à sortir de la crise et empêcher l’effondrement du système. Et puis, que me reprocherait-on ? D’être dépendant de l’Etat du pays auquel j’appartiens ? Ce dont je suis convaincu, c’est que ce que nous faisons va dans le bon sens». Avec la même assurance, le Gouverneur de la BCT avoue cependant que «c’est certes très difficile et nous marchons sur un fil de fer, les finances tunisiennes restent encore fragiles, nous gérons au plus près, mais nous allons nous en sortir, car je reste confiant dans la capacité de ce pays à sortir de la crise, à condition que ses propres enfants ne le sabotent pas».

Pour Chedly Ayari, «notre dette est soutenable et je ne vois pas pourquoi la croissance ne reviendrait pas pour que nous puissions rattraper les deux ou trois points qui nous manquent, pour une croissance stable à long et moyen termes, à travers une nouvelle dynamique de croissance de l’investissement domestique et international».

Et le gouverneur de la BCT de marteler avec force et conviction : «oui, j’ai confiance dans la politique du gouvernement Essid. Il suit actuellement une politique de proximité et c’est ce qu’il faut faire, c’est fantastique et il faudrait continuer dans cette voie et traduire cela par de l’investissement de proximité. Avec cela, je peux vous assurer et je dis cela avec fierté et surprise à la fois, c’est qu’il y a une énorme disponibilité internationale vis-à-vis de la Tunisie, de l’Est à l’Ouest». Point à la ligne !

Khaled Boumiza

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