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Tunis : Comme un 68ard en retard d’une révolution, Houcine Abassi s’attaque au FMI!

Un homme hors de son temps, vivant dans ce qu’on pourrait appeler le «néolithique économique». C’est l’image qui saute aux yeux chaque fois qu’on entend parler «le camarade» ou «le frère Houcine Abassi» pour reprendre l’appellation d’usage chez les syndicalistes tunisiens.

Né en 1947 à Sbikha, Houcine Abassi commence sa carrière professionnelle en tant qu’instituteur, avant d’être promu au poste de conseiller pédagogique de l’enseignement secondaire en 1973.

Il rejoint les rangs de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) en 19732 et y occupe plusieurs postes, tant à l’échelle régionale que nationale. A 64 ans en 2011, il est le 13ème SG de l’UGTT.

«Le frère Houcine Abassi a accusé les chefs d’entreprise et les capitalistes dans le monde d’œuvrer à porter atteinte aux droits économiques et sociaux des ouvriers et à limiter leur marge de manœuvre en les privant du droit de grève». C’est ce que rapportait, jeudi 19 février 2015le journal Achaab, organe de l’UGTT. Et ce dernier de continuer, comme s’il était dans un amphithéâtre de faculté des années 70, que «les défenseurs d’un capitalisme sauvage, considèrent que la protection sociale dont bénéficient les ouvriers empêche l’investissement, et c’est pour cela que les capitalistes et en premier lieu le FMI, coordonnent leurs efforts pour spolier les droits des ouvriers». Le camarade Abassi nous apprend aussi que «l’UGTT avait fait face à toute velléité d’inclure dans la nouvelle Constitution le droit au travail et le droit à l’initiative» (tiens donc !).

– Le droit de grève n’a jamais été accordé par les créateurs du socialisme !

Le frère Abassi a aussi indiqué que «la constitutionnalisation du droit de grève n’est que le début et que la révision des législations régissant l’emploi que connaîtra prochainement la Tunisie, constituera le prochain domaine de lutte auquel devraient se préparer et bien planifier les ouvriers»

C’est au fait la seconde fois, depuis sa turbulente participation aux dernières journées de l’entreprise à Sousse, que l’instit. Abassi s’en prend aussi vertement au FMI et à tout le système capitalistique. Il est bon ainsi de rappeler au Frère Abassi quelques vérités qu’il a certainement oubliées.

Abassi avait certainement oublié que les syndicats sont l’invention du capitalisme qu’il dénigre et accuse de tous les maux de la Tunisie et que, ni le socialisme et encore moins le marxisme ou le léninisme n’avaient autorisé la création des syndicats ouvriers. Ce sont aussi ces mêmes économies capitalistes, comme la Tunisie, qui ont inventé un système où c’est l’Etat qui paie les salaires des syndicalistes à travers cette création incongrue de la mise à disposition qui est plus proche de l’emploi fictif qu’autre chose !

– Ne sont-ce pas les grèves et les arrêts de travail qui ont obligé le pays au remède du FMI ?

En fait, si le «Camarade Abassi» attaque aussi vertement le FMI, c’est par rapport à ses exigences en matière notamment de prêts à la Tunisie.

La dette tunisienne bouffe désormais presque 50 % du PIB tunisien. En 2010, l’endettement total de la Tunisie ne représentait que 40,2 % du PIB. Jusqu’à 2011, les grèves étaient plus encadrées et leur nombre n’a jamais atteint les sommets des quatre dernières années. En face, la production et la création de valeur ajoutée n’ont jamais atteint les abysses de ses dernières années. Le cas les plus flagrant reste celui de la CPG (Compagnie de Phosphate de Gafsa). On y ajoutera le nombre des entreprises étrangères qui ont quitté le pays et la baisse des IDE (Investissements directs étrangers). C’est tout cela qui a mis à mal les ressources et réserves en devises de l’Etat et l’ont poussé à l’endettement.

Pendant ces quatre années et les demandes d’augmentations, de salaires et de toutes sortes de primes, parrainées par l’UGTT, on n’a jamais entendu la puissante centrale syndicale ouvrière appeler ses adhérents à ménager, même pour un temps, les finances d’un Etat en guerre…contre la contrebande et le terrorisme. On n’a pas non plus entendu Houcine Abassi appeler ses syndicalistes à reprendre le travail et encore moins à redoubler d’effort dans le travail pour rattraper le temps perdu. On le voit, au contraire comme il s’en tire un motif de fierté, s’échiner à empêcher que le droit au travail soit inclus dans la nouvelle Constitution.

De tout cela, on retient que l’UGTT et son SG sont en dehors du temps. On retient aussi que le SG de l’UGTT tient depuis la révolution un discours de 68ard (ndlr : «Les utopistes qui ont eu cours dans les milieux révolutionnaires », selon l’encyclopédie Wikipedia). Vilipender le capitalisme avant d’en renier les bénéfices qu’en tirent actuellement les syndicats et tous les syndicalistes est une hérésie économique et sociale. S’attaquer à ceux qui acceptent encore de prêter à un pays au bord du gouffre financier avant de s’attaquer aux maux sociaux du refus du travail et la subordination à l’Etat. La révolution tunisienne a été faite sous le thème de la dignité, et cette dernière est généralement synonyme de travail. Or Houcine Abassi se dit fier d’avoir empêché que cette notion et ce droit soient inclus dans la Constitution. En adoptant un tel comportement, le SG de l’UGTT se retrouve en retard d’une révolution, celle d’abord de son propre pays. Mais aussi celle de la chute du mur de Berlin qui a mis fin à toute l’idéologie de la lutte fratricide «Capitalisme/Socialisme».

Khaled Boumiza

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