Une étude de la Banque Mondiale a relevé qu’environ 3800 habitants de la délégation de Ben Guerdane se livraient au marché noir, soit 20% de la population active. Avec ce chiffre, la contrebande demeure la locomotive économique de la région, surtout qu’elle génère des milliers de postes d’emplois avant l’agriculture et la pêche et même le secteur du bâtiment. Elle constitue la principale source de revenus pour les habitants de cette région, qui continue à souffrir de la marginalisation et de l’exclusion.
Cette même étude a démontré que la majorité des gens actifs dans ce domaine, prospère depuis au moins deux décennies , mais qui a explosé depuis l’avènement de la révolution, sont des jeunes dont l’âge ne dépasse pas la trentaine.
S’appuyant sur une enquête effectuée au niveau des frontières tuniso-libyennes, la Banque Mondiale(BM) a affirmé que Ben Guerdane est une zone de transit pour le commerce parallèle avec la Libye et un point vivant pour le marché de gros touchant plusieurs produits en provenance de la Libye avant d’être distribués au nord et centre de la Tunisie.
Ces produits concernent également les médicaments, l’alcool, le carburant, l’électroménager etc. Dans ce contexte, la BM a estimé que la floraison de ce phénomène le long des frontières est du au rôle joué des commerçants de gros.
Le gain de ces commerçants est estimé à 120 millions de dinars. Mais les répercussions de cette activité sont nombreuses sur l’économie puisqu’elle prive le pays d’un volume important de revenus fiscaux.
Mehdi Jomaa n’a rien fait et Essid est appelé à assumer ses responsabilités…
Il est clair que la floraison du phénomène continue à susciter la polémique surtout que les premiers responsables de ce commerce n’hésitent pas à créer le désordre dans le pays afin de préserver leur source de revenu.
Difficile alors pour ce gouvernement de passer à une stratégie qui vise à réduire ce phénomène dans une conjoncture « délicate » où les habitants de Ben Guerdane revendiquent le développement et la mise en place des solutions de nature à réduire la pauvreté et le chômage.
Une équation difficile à résoudre, malgré les efforts fournis et la visite d’une délégation ministérielle qui d’après plusieurs experts n’a pas réussi à produire l’effet escompté. Une visite déjà qualifiée par la cellule de crise installée à Ben Guerdane « de décevante ».
Comment faire ? « En absence d’investissement public dans cette région, l’Etat est appelé à agir rigoureusement », a martelé l’expert en économie Moez Joudi, imputant la responsabilité à l’équipe de Mehdi Jomaa qui a échoué à réduire les effets de commerce parallèle.
Les gros bonnets de la contrebande continuent à tirer profit
« Les gros bonnets de la contrebande sont en train de tirer profit et de bénéficier de cette situation qui a lourdement touché notre économie », a expliqué Joudi dans un entretien téléphonique avec « Africanmanager », avant d’ajouter qu’« on n’arrive pas à incarcérer ces milices alors qu’elles sont connues par tout le monde et identifiées par les douaniers et les agents de sécurité».
D’après notre interlocuteur, l’absence d’une volonté politique demeure la cause principale de la prolifération de ce phénomène qui représente plus de 52% de PIB.
Un chiffre alarmant qui nécessite plus que jamais plus une prise de conscience de ce danger pour pouvoir l’éradiquer. « Il est temps de créer une commission nationale qui sera chargée de contrôler les frontières et lutter contre la mobilisation des gros bonnets de la contrebande », a suggéré Joudi précisant qu’elle regrouperait le ministère de la défense, celui de l’intérieur et des finances et dont l’objectif serait de mettre en place une stratégie de suivi pour faire face à ce phénomène ».
Wiem Thebti
