AccueilLa UNETunis-Programme économique d’Essid :Du déjà-vu et entendu!

Tunis-Programme économique d’Essid :Du déjà-vu et entendu!

Le chef du gouvernement désigné, Habib Essid a dévoilé, ce mercredi, 4 février 2015, lors d’une séance plénière consacrée au vote de confiance, le programme économique de son gouvernement. Un programme économique, des recommandations et des mesures qui ne semblent pas jurer nettement avec ceux que les Tunisiens ont l’habitude d’entendre, tant ils sont truffés de lieux communs et de préconisations qui relèvent plus du déjà-vu et entendu que d’autre chose.

De « grandes mesures » il en a été question dans le discours-programme d’Habib Essid, et on en retiendra trois, portant toutes sur le volet économique. La première est celle qui concerne la possibilité de geler les prix des produits alimentaires frais, et ce pour une période de 6 mois si nécessaire, et ce dans l’objectif de lutter contre la hausse des prix et protéger le pouvoir d’achat des citoyens tunisiens. Une mesure qui fait l’objet de controverse. L’organisation tunisienne de défense du consommateur (ODC), a été la première à critiquer cette mesure la jugeant « insuffisante ». Son vice-président, Slim Saadallah, a indiqué sur l’une des radios privées que le nouveau gouvernement doit procéder au gel de tous les prix pour protéger le pouvoir d’achat des citoyens tunisiens et non seulement des produits frais. Il a aussi appelé le nouveau gouvernement à modifier la législation pour permettre à l’Etat d’intervenir efficacement sur les prix tout en régulant les circuits de distribution qui sont la première cause de la hausse des prix.

La deuxième mesure est celle qui concerne l’annulation immédiate et automatique des dettes des petits agriculteurs et marins pêcheurs auprès des banques. Une mesure qui ne concerne que les dettes des petits agriculteurs et marins pêcheurs qui ne dépassent pas les 2000 dinars. Une procédure qui a été aussi à l’origine d’une grande polémique. Dès l’annonce de cette mesure, le mouvement « la voix des agriculteurs » a officiellement décidé de ne pas accorder sa confiance au gouvernement Essid.

Intervenant lors de la plénière, le député à l’ARP, Faiçal Tebini a déclaré que le discours de Habib Essid est un mauvais message émis par le gouvernement, précisant que le gouvernement d’Ali Laârayedh avait déjà annulé les dettes des agriculteurs et pêcheurs dont le passif ne dépasse pas les 5 mille dinars et non 2 mille dinars comme annoncé par Essid.

La troisième mesure est celle relative à la prime accordée aux familles nécessiteuses qui sera portée à 150 dinars contre 120 dinars actuellement. Une mesure qui va concerner 230 mille familles nécessiteuses et entrera en vigueur dès le mois d’avril prochain. Cette mesure n’a pas emporté l’adhésion de certains députés, lesquels considèrent que le gouvernement est appelé avant tout à mettre fin à la flambée des prix, contrôler les chaînes de distribution illégales et protéger le pouvoir d’achat de cette catégorie de société.

Fethi Chamkhi, le président du groupe parlementaire du Front Populaire, a fustigé le discours d’Habib Essid, estimant que ce dernier avait utilisé, dans son allocution, des termes bien connus par le peuple tunisien , tels que « sensibilisation »« on œuvrera », « on renforcera » …etc. Ce sont les mêmes mots de Ben Ali dans son dernier discours, a-t-il comparé.

Concernant les priorités du gouvernement pour les 100 premiers jours exposées par Essid, Chamkhi a estimé que ce dernier n’a pas présenté de véritable programme.

Parmi les autres mesures, le chef du gouvernement désigné a déclaré que chaque ministre, est appelé, dès sa prise de fonctions, à présenter une liste des mesures urgentes et immédiates à mettre en place. Chaque ministre aura un délai de 10 jours pour présenter les urgences de son ministère.

Ces mesures seront appliquées dans l’immédiat une fois approuvées par l’ARP. En outre, Essid a annoncé la création des commissions nationales chargées de mener à bien les grandes réformes. Ces commissions devraient regrouper des experts, des spécialistes, des compétences nationales, des représentants des partis politiques, et de la société civile. Elles seront chargées des grandes réformes dans plusieurs domaines tels que l’éducation, l’enseignement, la formation professionnelle, la culture, la subvention et le développement durable.

Essid a annoncé également que l’Etat fera l’inventaire des terrains se trouvant dans les quartiers populaires à forte densité démographique pour en faire l’achat et la transformation en lots pour le logement.

Il a dans le même cadre, réitéré l’engagement du gouvernement à améliorer l’infrastructure et de la situation des établissements publics.

Sur la situation économique du pays encore, Habib Essid s’est contenté de rappeler des chiffres redus public hier par la Banque centrale de Tunisie, sans manquer de dire que tous les indicateurs économiques sont négatifs et préoccupants.

Il a, à ce propos, estimé que le taux de croissance de la Tunisie pour l’année 2014 a été révisé à la baisse pour se situer à 2,4%, et ce après avoir été fixé initialement à 2,5%, expliquant cette baisse par l’augmentation de la demande nationale et l’accroissement de la consommation.

Selon ses déclarations, le taux d’inflation reste aussi très élevé, et ce malgré une baisse observée par rapport à l’année dernière où il s’est situé à 6,1% contre 5,5% actuellement.

Le déficit commercial a atteint aussi un niveau record pour s’élever à 13,2 milliards de dinars contre 11,4 milliards de dinars une année auparavant.

S’agissant de l’endettement, il a indiqué qu’il s’élèvera à 52,9% du PIB contre 51,6% actuellement.

Le taux de chômage, selon lui, est aux alentours de 15,2% dont 31,7% des diplômés de l’enseignement supérieur, un taux qui demeure très élevé, selon ses dires.

Khadija Taboubi

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