AccueilLa UNETunis :Vote de confiance à l’ARP :Une Corrida politique!

Tunis :Vote de confiance à l’ARP :Une Corrida politique!

Le chef du gouvernement désigné, Habib Essid, a dévoilé, ce lundi 2 février 2015, la liste des membres de la deuxième version de son gouvernement.

Avant cela, Essid a passé quelques minutes en compagnie du Président de la république, Béji Caied Essebssi, au palais de Carthage, pour finaliser les dernières retouches avant la grande annonce qui a été faite le jour même à 12h00.

La composition du nouveau gouvernement d’Essid comprend 24 ministres, 3 ministres délégués et 15 secrétaires d’Etat et est marquée par la présence de 8 ministres de Nida Tounes, 3 de l’Union Populaire Libre, 3 de Afek et 4 d’Ennahdha (6 en ajoutant Ridha Lahoual , Ministre du commerce et Hédi Mejdoub, Secrétaire d’Etat du Ministère de l’Intérieur ) 1 seul du front de salut national et il parait que le reste des ministres n’ont aucune « appartenance politique ».

Ce qui est remarquable, c’est la diminution du nombre des femmes dans la nouvelle version gouvernementale en passant de 9 à 8 femmes, dont trois ministres (Culture, Femme et Famille, tourisme).

La grande surprise est l’absence des deux principaux alliés du parti majoritaire (Al Moubedra et le Front Populaire qui sont représentés à l’ARP(Assemblée des Représentants du Peuple)) sans oublier l’absence du parti Al Massar qui a été aux cotés de Béji Caied Essebssi lors des deux tours présidentiels.

L’autre remarque quant à la composition du gouvernement est la forte présence du parti Ennahdha, 2ème parti le plus représenté à l’ARP, qui a annoncé, dimanche 1erfévrier 2015, que le parti participera bel et bien au gouvernement.

Les ministères remaniés

Samira Merai a remplacé Khedija Cherif à la tête du ministère de la femme et de la famille. Une décision qui a été dénoncée par les défenseurs des droits de l’homme qui ont accusé Habib Essid de se soumettre à la pression d’Ennahdha.

Le ministère du tourisme a eu une nouvelle patronne, Salma Rekik, remplaçant ainsi Mohsen Hassen qui a été éjecté de la nouvelle formation gouvernementale.

De même pour le secrétaire d’Etat au ministère de l’Intérieur chargé des collectivités locales, Ali Trabelsi, qui a été remplacé par Hédi Mejdoub à cause de plusieurs contestations relatives à sa nomination.

Rafik Chelly a été nommé Secrétaire d’Etat au ministère de l’Intérieur chargé de la Sureté Nationale à la place de Saâd Derbez qui a eu le veto des syndicats des forces de l’ordre.

Les ministères des Affaires religieuses,des Finances,du Développement, de l’Investissement et de la Coopération internationale, du Tourisme, du Commerce et de l’Artisanat ,de l’Education ,de la Formation professionnelle et de l’Emploi, de la Communication et de l’Economie numérique et du Domaine de l’Etat ont changé de titulaire mais pas d’appellation.

Quant aux secrétariats d’Etat, Najemeddine Hamrouni, leader du Parti Ennahdha appelé « parrain du mouvement islamique » et ancien leader des étudiants islamistes du parti, a été nommé secrétaire d’Etat au ministère de la santé chargé de la mise à niveau des établissements hospitaliers.

Amel Azzouz, membre du mouvement Ennahdha et fameuse députée à l’ANC à avoir qualifié le viol sexuel comme un faux débat, a été nommée Secrétaire d’Etat au ministère du Développement, de l’investissement et de la Coopération internationale chargée de la coopération internationale

Pour le reste, il s’agit du ministre de l’Equipement et de l’Habitat, chargé de l’Habitat.

Une majorité large en vue

Les critiques sont nombreuses, et ne viennent pas uniquement des formations de l’opposition. Abdelaziz Kotti ( député de Nidaa Tounès)s’est dit surpris et furieux contre la composition qui va être soumise au vote de confiance, affirmant qu’elle n’a pas été débattue au sein des organes officiels du parti majoritaire, Nida Tounes.

De même pour le Front Populaire, il a décidé de ne pas lui accorder sa confiance à la suite de la réunion du conseil des secrétaires généraux.

Mathématiquement, le gouvernement Essid aurait la majorité absolue conformément aux dispositions de la constitution de 2014 qui stipule dans son article 89 que « Le gouvernement fait un bref exposé de son programme devant l’Assemblée des représentants du peuple afin d’obtenir la confiance de la majorité absolue de ses membres ».

Cela veut dire que Habib Essid doait avoir 109 voix (50+1 des 217 membres de l’ARP) afin de s’installer au palais du gouvernement à la Kasbah, et il est facile de les avoir. Car le parti majoritaire, Nidaa Tounes, compte 86 élus, l’UPL quant à lui compte 16, Afek en compte 8 et Ennahdha compte 69 membres ce qui fait un total de 179 voix.

Le Front Populaire (15 députés) votera contre « Essid », mais il faut prévoir que les députés de Nida Tounes ne vont pas tous voter en faveur du gouvernement . Ajoutons à cela que le vote dépendra aussi de la position d’Al Moubedra ainsi que les indépendants. Car s’ils décident de se placer du côté du chef du gouvernement, tout ira à merveille, mais s’ils décident de faire partie du camp des opposants, ils n’auront, presque, aucune influence , mais ils pourront être mal vus à l’avenir.

Multiples contestations

Quelques minutes après l’annonce de la composition du prochain gouvernement de Habib Essid, les cris du pole des Destouriens se sont levés pour dénoncer l’exclusion des Destouriens qui ont participé à la construction de la Tunisie moderne et qui ont apporté leurs pierres à l’édifice d’une république souveraine, civile et libre et qui ont fortement soutenu Béji Caied Essebssi, lors des législatives et de la présidentielle.

Le Front Populaire(FP) a exprimé son mécontentement quant à la façon dont le gouvernement a été formé et ont dénoncé son écartement des négociations tout en insistant sur le fait qu’il ne cherche pas à occuper des postes ministériels.

Il reproche de ne pas être entendu lorsqu’il a recommandé de na pas faire participer Ennahdha ainsi que la les membres de l’ancien régime, dans le gouvernement.

Scénarios en vue

Le mercredi 4 février 2015, sera un jour exceptionnel qui verra déjà le premier vote de confiance d’un gouvernement dans l’histoire de la deuxième république.

Le premier scénario« plausible » est celui de l’obtention de la confiance des représentants du peuple. Dans ce cas, le Président de la République nomme le Chef et les membres du gouvernement qui prêteront serment devant lui conformément à l’article 89 de la constitution.

Le deuxième scénario , qui est peu probable,est celui de la non-obtention de la confiance de l’ARP. Dans ce cas, le Président de la République engage des consultations dans un délai de dix jours avec les partis politiques, les coalitions et les groupes parlementaires, en vue de charger la personnalité jugée la plus apte, en vue de former un gouvernement dans un délai maximum d’un mois.

Et si, dans les quatre mois suivant la première désignation, les membres de l’Assemblée des représentants du peuple n’ont pas accordé la confiance au gouvernement, le Président de la République peut décider la dissolution de l’Assemblée des représentants du peuple et l’organisation de nouvelles élections législatives dans un délai d’au moins quarante-cinq jours et ne dépassant pas quatre-vingt-dix jours.

Issam Khemakhem

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