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Tunis : «Hic & couac» du 6ème gouvernement de la Révolution du Jasmin

Déterminé, sûr de soi, intransigeant et parfois même expéditif, Habib Essid s’y est pris tout seul, comme un grand. Le chef de gouvernement désigné a presque surpris tout le monde, y compris certains de ses nouveaux ministres qui n’ont appris leur nomination que quelques minutes avant l’annonce officielle. Nidaa lui-même n’en aurait pris connaissance qu’à Carthage et Ennahdha une heure avant par téléphone et pas dans le détail. Ceux qui ont approché «le lion» ne s’en étonnent pas.

• D’abord le hic …

Le hic sur lequel beaucoup d’observateurs semblent s’accorder, c’est le nom du prochain ministre de l’Intérieur et sa personnalité. Juge de profession et originaire de Kasserine comme son prédécesseur, Najem Gharsalli ne semble pas faire l’unanimité au sein de la classe politique tunisienne.

La première à lui jeter la pierre et à le crucifier même, est sa collègue Kalthoum Kennou. Sur son compte facebook, en effet, la juge candidate malheureuse aux dernières présidentielles, a écrit que «le choix de Gharsalli est le pire que pourrait faire le chef du gouvernement désigné (…).Gharsalli n’est pas indépendant, a joué un sale rôle dans le passé, a été la cause de harcèlement de ses collègues juges honnêtes et de l’arrêt de leurs traitements (…) pour contenter ses maîtres de l’ancien régime. C’est un grand opportuniste auquel je n’ai pas fait et ne ferais pas confiance. Je ne suis pas contente de son rendement, car il est de la clique de ceux qui ont retourné leurs vestes et il devrait être concerné par la justice transitionnelle».

Le propos est presque diffamatoire, venant surtout d’un éminent membre du pouvoir judiciaire qui est la magistrature. Deuxième de la profession à se voir confier le plus important département de la République après Lotfi Ben Jeddou, le juge Gharsalli n’est pas non plus aimé par la gauche. Ses leaders le disent, mais certains de ses ministres dans le gouvernement Essid (Latifa Lakdhar, Mahmoud Ben Romdhane, Farhat Horchani, Mohamed Salah Ben Aissa, Kamel Jendoubi, Kerim Skik et Khedija Cherif) le sentent dans leur chair et comme une trahison de Nidaa Tounes auquel revenait la constitution du nouveau gouvernement. Toujours assoiffée de vérité sur la mort du camarade Chokri Belaid, la gauche tunisienne qui applaudissait à peine l’absence du parti islamiste tunisien au gouvernement a vu déjà dans Gharsalli l’homme d’Ennahdha qui pourrait empêcher que toute la vérité soit faite sur les véritables assassins de leur camarade, sinon plus.

• Ensuite un couac ?

Le couac dans ce 6ème gouvernement de la révolution du jasmin, telle qu’elle est appelée à l’Occident, c’est ce qui serait une incompatibilité et même un conflit d’intérêts entre au moins deux ministères et le président du parti politique qui les a obtenus dans le gouvernement de Habib Essid.

A Maher Ben Dhia de l’UPL de Slim Riahi, on reproche le ministère de la jeunesse et du sport. Un secteur où le patron du parti est aussi le président du deuxième grand Club de football de la capitale, le Club Africain (CA). Aurait-on peur que le président du CA devienne le vrai patron de tout le ministère qui veille aux destinées du football tunisien ?

A Néjib Derouiche, autre fondateur de l’UPL qui a longtemps travaillé dans le groupe (Tunisia Holding) d’investissement du président du parti du même Slim Riahi, on reproche le portefeuille siège du ministère de la Coopération internationale et de l’investissement extérieur. Ministère économique horizontal, ce département brasse d’importants fonds et met le nez dans les détails des dossiers de projets d’investissement les plus confidentiels. Aurait-on peur que Derouiche détourne des investisseurs ou des investissements pour le compte de son patron ? Avant Ben Dhia, il y avait pourtant un espérantiste à la tête du même ministère et bien avant Derouiche, il y avait eu aussi un ancien ministre qui avait favorisé un membre de sa famille dans un investissement. Et si les chefs de gouvernement de l’époque n’avaient pas bougé le petit doigt, il n’est pas sûr que le Lion ne rugisse pas si de tels dépassements venaient à avoir lieu!

On se rappelle que Mehdi Jomaa avait rencontré les mêmes problèmes à propos de ses choix pour certains ministres. Il avait alors tellement défendu Amel Karboul qu’il en avait fait une star. Il s’était tellement accroché à Lotfi Ben Jeddou que le juge a fini par être adoubé par les syndicats de son ministère. Le lion défendra-t-il sa tanière ?

Khaled Boumiza

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