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Moez Labidi: La Tunisie doit profiter de la chute du prix de pétrole pour réformer la subvention

La forte baisse du prix du baril a été saluée par tous les observateurs de l’économie tunisienne. Il s’agit d’une manne pour les finances publiques dans un pays où la subvention des hydrocarbures pèse sur les dépenses de l’Etat. C’est aussi une opportunité de réforme si l’audace politique ne fait pas défaut. Toutefois, cette chute du prix des hydrocarbures n’est pas exempte de risques. C’est ce qu’a indiqué Moez Labidi universitaire et conseiller économique dans une note publiée par Mac Sa.

Il a, dans ce cadre, expliqué que la chute du baril arrive au bon moment et se présente comme un ballon d’oxygène pour les finances publiques surtout que le budget 2015 a été établi sur la base d’un baril à 95 dollars alors qu’il tourne aujourd’hui autour de 50 dollars. « L’état des finances publiques reste alarmant surtout avec les montants colossaux alloués aux subventions des hydrocarbures. Les dépenses de compensation allouées aux hydrocarbures et à l’électricité s’élèveront à 1 826 MDT en 2015. Toutefois, l’opération devient effectivement profitable, uniquement si les cours actuels se maintiennent pour une période plus longue », a précisé Labidi, appelant à déflater ces économies budgétaires par le manque à gagner du Trésor sur la taxation des hydrocarbures, qui devrait baisser fortement.

L’économiste a, dans le même contexte, déclaré que la baisse du prix du pétrole à 50 dollars, se présente comme une opportunité pour les autorités tunisiennes. C’est l’occasion à ne pas rater pour avancer dans la réforme de la politique de subvention et surtout pour instaurer l’indexation du prix du carburant à la pompe au prix du brut sur le marché mondial.

Labidi n’a pas exclu que cette chute vertigineuse puisse aussi alimenter les inquiétudes sur l’orientation des politiques économiques, expliquant que les « forces populistes » pourront instrumentaliser cette chute (une économie de ressources pour le budget de l’Etat et une baisse des coûts pour certains secteurs) pour réclamer davantage de hausses de salaires.

De ce fait, il y a le risque de retarder les réformes les plus sérieuses dans la mesure où cette manne a allégé énormément les contraintes qui pèsent sur les finances publiques, selon ses dires.

De même, Moez labidi a expliqué que la baisse du baril coïncide souvent avec la hausse du dollar, comme c’est le cas aujourd’hui. D’une part, la hausse du billet vert ampute le gain escompté de la baisse du baril. Et d’autre part, elle renchérit le service de la dette d’une économie étouffée par un taux d’endettement dépassant les 50% du PIB.

Toutefois, il a reconnu que la poursuite du cycle baissier des prix des produits pétroliers risque de ramener le taux d’inflation de la zone euro (calculé à partir de l’IHPC) en territoire négatif, creusant davantage le déficit de la balance courante de la Tunisie (exportations, recettes touristiques, transferts des travailleurs émigrés, ..).

Selon ses déclarations, la forte baisse des prix sur le marché pétrolier est aussi pénalisante pour l’investissement dans ce secteur. La situation est déjà inquiétante du côté du déficit énergétique, a-t-il indiqué, rappelant qu’en 2014, aucun permis de recherche pétrolière n’a été octroyé. « La chute du prix du pétrole décourage les opérations de prospection et freine davantage les entrées des IDE qui demeurent dominées par les investissements dans le secteur des hydrocarbures, limitant encore le potentiel des exportations tunisiennes de pétrole », a expliqué Moez Labidi, appelant, toutefois, à ne pas sous-estimer l’impact négatif de la baisse du prix du baril sur la capacité de la Tunisie à mobiliser des financements externes.

Selon lui, la Tunisie ne pourrait pas espérer un soutien financier consistant de la part des pays du Golfe. La détérioration des finances publiques dans ces pays serait pénalisante aussi bien pour les IDE que pour les flux de prêts en provenance de ces pays.

La chute du prix du baril devrait booster le rythme des réformes plutôt que de le ralentir. L’heure de réformer la caisse de compensation a déjà sonné. Au lieu de se laisser aller à la facilité (hausse des impôts et recours à l’endettement), la Tunisie est tenue d’opérer des changements profonds.

« Cependant, un souci de justice sociale pour répartir équitablement le coût des réformes, doit accompagner cette dynamique. Autrement dit, c’est une politique d’efficacité et non d’austérité qu’il faut rechercher. Car, des coupes budgétaires aveugles peuvent devenir contreproductives et, du coup, stopper le processus de réforme pour plusieurs années. Ce n’est qu’en pensant au long terme qu’on résoudra les problèmes les plus immédiats », a-t-il conclu.

Kh.T

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