Tous les intervenants dans l’affaire de deux journalistes Chourabi et Ketari enlevés en Libye depuis septembre dernier, assurent que le dénouement est proche… Et pourtant, on ne voit rien venir.
A vrai dire, l’affaire est enveloppée d’une extrême opacité. Les dernières déclarations de Ridha Boukadi, ambassadeur de la Tunisie en Libye viennent ajouter à la confusion.
Dans des déclarations à l’agence de presse turque « Anadulu » il a indiqué que les deux journalistes tunisiens seraient en vie et ils seraient libérés, une fois accéléré le rythme de négociations. « Les informations collectées auprès de mes contacts et réseaux personnels que j’ai réussi à tisser dans ce pays me donnent de quoi espérer », a ajouté l’ambassadeur.
Sur la même lancée, il assure que les intermédiaires qui avaient aidé à la libération des deux fonctionnaires de l’ambassade de Tunisie à Tripoli, notamment l’ancien ministre de l’Intérieur libyen, Mohamed Al-Cheikh et le président du parti Al-Watan Abdelhakim Bel Haj ainsi que la salle des opérations des rebelles libyens (Thouar Libya) sont de nouveau à l’œuvre pour la libération des deux journalistes.
C’est pourquoi, « l’effort diplomatique tunisien ne doit pas se limiter à la contribution de ces acteurs, mais le champ d’investigation devrait s’élargir pour toucher d’autres acteurs qui pourraient être déterminants pour l’issue de l’affaire ».
Ridha Boukadi, empêché de regagner son poste à Tripoli depuis quatre mois, note qu’il y aurait « de la lumière au bout du tunnel ». Sauf qu’il faut accélérer le pas et allier réalisme, rapidité, lucidité et efficacité afin d’empêcher le mal et de sauver des vies humaines. Ceci passerait par une autorisation permettant aux blessés libyens de recevoir des soins dans les cliniques privées tunisiennes ».
Ridha Boukadi connaît-il les ravisseurs de Chourabi et Kthari?
Ces déclarations ont été fortement critiquées par le syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) par la voix de son président, Néji Bghouri, qui s’est interrogé sur le recours de ce diplomate à l’agence turque « Anadolu » pour dévoiler les informations en sa possession.
Plusieurs questions se posent actuellement sur ce genre de déclarations, a ajouté Néji Bghouri : Pour quelle raison ce diplomate s’est adressé t-il à une agence étrangère ? Pourquoi a-t-il a évoqué la question de blessés libyens pour la résolution de cette crise ? De quel type de blessés parle- t-il ?
D’après Bghouri, l’ambassadeur semble connaître la vérité sur l’enlèvement de deux journalistes d’autant plus qu’il est en train de parler au nom de leurs ravisseurs.
Chantage inexpliqué…
De son côté, le directeur chargé de la communication du ministère des Affaires étrangères, Naoufel Abidi vient de démentir les propos de l’ambassadeur Ridha Boukadi selon lesquels les deux journalistes seraient libérés, à la condition que les blessés libyens soient admis dans des cliniques privées tunisiennes pour soins.
Abidi a par ailleurs indiqué que le diplomate aurait dû livrer ces informations à la cellule de crise créée au sein du ministère des Affaires étrangères au lieu de recourir à un support médiatique étranger.
Il a d’autre part assuré à « Africanmanager » que les efforts des autorités tunisiennes se poursuivent afin de trouver une issue à ce problème.
Un avis partagé par Mustapha Abdelkbir, activiste des droits de l’homme et chargé du dossier des deux otages tunisiens qui n’a pas manqué de qualifier la proposition du diplomate tunisien d’illogique. Car, la Tunisie n’a jamais interdit l’admission des Libyens dans les cliniques privées. Il a dans le même contexte, rappelé que le gouvernement libyen a informé son homologue tunisien qu’il ne prend pas en charge les frais de soins de ses citoyens.
Wiem Thebti
