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Tunis-Houcine Dimassi à Africanmanager : « La chute du dinar a gravement appauvri le pays »

La tendance baissière du dinar observée depuis le début de l’année 2014 se poursuit encore malgré une nette amélioration, cette semaine. Le 20 janvier 2015, le dinar tunisien a bien résisté face aux principales devises, et ce malgré une forte demande provenant des opérateurs publics. En fin de journée, le dinar tunisien a pu conserver les mêmes niveaux de la veille, à savoir 2.2200 concernant la paire euro/TND et 1.9150 pour le dollar/TND. Des niveaux qui demeurent décourageants pour l’économie nationale.

Dans une déclaration à Africanmanager, l’ancien ministre des Finances et expert économique, Houcine Dimassi a affirmé que le dinar poursuit sa dépréciation vis-à-vis du dollar américain à un rythme très préoccupant. En effet, nous ne sommes pas très loin du taux de change de deux dinars pour un dollar, a-t-il estimé.

Cette tendance résulte d’abord, selon lui, de la forte dépréciation de l’euro vis-à-vis du dollar, mais aussi de deux autres facteurs fortement contraignants, à savoir la persistance de l’inflation à un niveau élevé et surtout l’amplification sans précédent du déficit de la balance commerciale (13.6 milliards rien que pour 2014).

L’ancien ministre nous a expliqué, dans ce contexte, que « cette dépréciation contribuerait en premier lieu à appauvrir gravement notre pays, puisque nous sommes beaucoup plus importateurs qu’exportateurs. Elle contribuerait aussi à éroder plus amplement le pouvoir d’achat des citoyens, car à une inflation interne s’ajoute une inflation importée. Enfin cette dépréciation du dinar rendrait plus aigu le déficit du budget de l’Etat et, par conséquent, le service de la dette extérieure tendrait sûrement à s’amplifier ».

S’agissant de la dépréciation du dinar envers le dollar, Dimassi a fait remarquer que cela aurait un impact positif sur trois acteurs : les entreprises exportatrices, les hôteliers, et les expatriés tunisiens.

Pour le reste des acteurs, a-t-il dit, cette dépréciation ne pourrait avoir qu’un impact négatif, et ce surtout pour les entreprises produisant pour le marché local (fort renchérissement de leurs coûts de production, perturbation de leurs plans d’investissement, et alourdissement de leurs dettes extérieures), et le commun des citoyens (dégradation de leur pouvoir d’achat).

En revanche, Houcine Dimassi a fait remarquer que malgré la baisse du prix des carburants au niveau mondial, celle à l’échelle locale n’est pas du tout conseillée, et ce pour les plusieurs raisons.

Il a, à ce propos, rappelé que de tout temps, le prix mondial du pétrole brut a été très fluctuant. En octobre 1973, le prix d’un baril a atteint 13 dollars alors que quelques mois auparavant, il était à 3 dollars. En 1979, le prix du baril a grimpé à plus de 30 dollars alors qu’il piétinait depuis longtemps à 15 dollars. Enfin, en 2008, le prix du baril s’est rapproché de 150 dollars alors qu’il oscillait quelques années avant entre 20 et 30 dollars. Tout cela montre qu’on n’est jamais sûr de la persistance du prix mondial des carburants à un niveau excessivement bas.

C’est à ce propos déjà qu’il a précisé qu’au cas où le prix mondial des carburants persisterait très longtemps à un prix aussi bas, le budget de l’Etat subirait un fort manque à gagner concernant les profits et les impôts provenant des sociétés d’extraction gazière et pétrolière locales. En effet, plusieurs champs d’extraction perdront leur rentabilité et finiront par fermer.

Cependant, au cas où l’on procèderait à une baisse locale des prix des carburants, le déficit du budget de l’Etat, déjà très lourd, sera difficile à supporter, persisterait voire s’aggraverait, a-t-il expliqué.

C’est ainsi qu’il a recommandé d’avoir toujours présent à l’esprit que le budget de l’Etat aurait à affronter, au cours des années à venir, de très lourdes charges additionnelles nécessitant d’énormes moyens financiers supplémentaires. Il s’agit, selon lui, du coûteux armement pour faire face au terrorisme, du lourd déficit des entreprises publiques, du contraignant remboursement de la dette publique, et des probables augmentations des salaires dans le secteur public. « Dans ce contexte sans précédent, quelques économies sur les charges de compensation, provenant de la détente du prix mondial des carburants, seraient les bienvenues », a-t-il dit.

Khadija Taboubi

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