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Tunis : Faut-il médiatiser la torture?

Malgré la suspension de l’émission « Dima Lebess », animée par Naoufel Ouertani sur la chaîne « Al Hiwar Attounissi », la bande d’annonce de cette émission où on voyait Kamel Mraïhi, policier, assis aux côtés d’une victime d’actes torture, décrire certaines méthodes de torture, continue d’alimenter la polémique surtout que ce dernier a justifié ses actes par le fait qu’il n’est qu’un « militant de l’État ».

Ce fonctionnaire de la police, tortionnaire présumé des « islamistes et des militants de gauche », alias Chakif, a été suspendu de ses fonctions pour participation à une émission télévisuelle sans autorisation, et la tenue de propos irresponsables, d’après le ministère de l’Intérieur par la voix de son porte-parole officiel.

Le ministère public et la Haica n’étaient pas en reste et sont intervenus pour mettre fin à cette polémique surtout que plusieurs voix se sont élevées pour condamner la médiatisation de la torture. C’est un sujet tabou eu égard aux souffrances endurées par les prisonniers politiques opposants au pouvoir, toutes appartenances politiques confondues, qui ont vécu les affres de la torture et de l’emprisonnement dans les geôles de Ben Ali.

Les aveux de Chakif sont « provoqués »

L’expert en sécurité stratégique et ex colonel de la Garde Nationale, a déclaré que les révélations de ce cadre de la sûreté ont été faites en violation des dispositions du règlement interne de l’institution sécuritaire.

Les desseins réels poursuivis par ce cadre sécuritaire ne sont pas certes facilement identifiables, selon Zeramdini, mais c’est qui est sûr, c’est qu’il s’agit d’une initiative « provoquée » visant à perturber l’appareil sécuritaire alors qu’il il a réussi à regagner la confiance des citoyens après une période, jugée « froide ». « Je pense qu’il y a des parties qui œuvrent à mettre en branle certains mécanismes afin d’ébranler ce climat de confiance instauré ces dernières années entre les agents de la sûreté et les citoyens », a-t-il estimé dans une déclaration à Africanmanager.

Il a par ailleurs considéré les aveux de Kamel Mraïhi comme « illégaux » rappelant ainsi que les agents de sécurité sont tenus au devoir de réserve et appelés à garder les secrets professionnels conformément à la loi. D’après Zeramdini, le secret professionnel est l’un des secrets de l’Etat qu’il faut garder pour assurer la sécurité nationale et partant la stabilité du pays.

La sûreté nationale touchée…

Ali Zemardini a toutefois jugé nécessaire de respecter les institutions de l’Etat surtout que la justice est la seule partie habilitée à se prononcer sur ce genre de questions d’autant plus que plusieurs instances ont été créées pour en connaître à l’instar de l’Instance Vérité et Dégité. « Même si on est sûr de l’existence de la torture, on a des institutions qui pourraient examiner ce phénomène pour qu’il ne soit pas fait recours aux médias pour obtenir des témoignages », a-t-il ajouté. Car les répercussions de ce genre d’actes seraient certainement néfastes non seulement pour les citoyens, mais pour la sécurité nationale ».

Chakif était-il réellement accusé ?

Un avis partagé par Mustapha Sakhri, professeur de droit qui a rappelé qu’ « on est encore dans une phase de la justice transitionnelle qui rejette ce genre de déclarations ». D’après Sakhri, les aveux de Kamel Mraihi ne pourraient que porter atteinte à l’Etat étant donné qu’il s’agit d’une crime imprescriptible ».

Sakhri a dans ce cadre indiqué que ces aveux viennent dans un contexte où l’Instance Vérité et Dignité est en train de recevoir un nombre important des plaintes dont le nombre est estimé à 3750. Ces plaintes concernent principalement des faits de torture, de disparition, de viol, de meurtre, de procès iniques, d’appropriation de biens d’autrui par les neveux et beaux-frères de l’ancien président Ben Ali, outre des demandes de réparation des préjudices subis.

Avec ce chiffre important de plaintes, Mustapha Sakhri a conclu que Kamel Mraihi a voulu devancer les accusations adressées par les plaignants dont 85% sont des syndicalistes, d’anciens prisonniers politiques du temps de Ben Ali et de Bourguiba, des islamistes et des militants de gauche ».

Wiem Thebti

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