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Tunis : Une flambée sociale pour rien

L’opinion publique a vivement critiqué l’UGTT pour la grève du secteur du transport. D’abord, pour avoir permis son déclenchement et l’avoir couverte bien qu’elle ait été observée sans préavis ; et ensuite, pour avoir donné des réponses pas très convaincantes en guise de justificatif de ce mouvement de protestation. Sami Tahri, le très officiel porte-parole de l’organisation syndicale, a opposé à l’argument de l’Administration indiquant que les moyens de la Transtu ne permettent pas de telles primes (lesquelles se sont révélées, de surcroît, au-dessus des seuils prévus par les statuts de la société), une réponse qui renvoie à un rapport de force plus qu’à une volonté de dialogue : l’Etat a de l’argent et il sait où le trouver, avant d’ajouter que la centrale syndicale ne permet pas un paiement par tranches de la prime en question , elle la veut entière et en une seule tranche.

Ce discours « belliqueux », bien que venant d’un militant connu par sa liberté de parole au sein de l’UGTT, ne reflète que partiellement la réalité du mouvement syndical. En fait, les observateurs ont senti dès les premières heures du conflit que le bureau exécutif n’y était pour rien et qu’il n’a pas uniquement été surpris par la grève qui a fini par être classée par l’establishment comme « sauvage et sans préavis », mais a été gêné par cette initiative qui a été déclenchée de manière spontanée par les agents de la Transtu. On peut, peut-être, reprocher à l’exécutif son discours radical envers le chef du gouvernement sortant, qui a inspiré en partie le comportement des ouvriers de la Transtu, mais l’attitude de la centrale reflète un souci de trouver vite un arrangement pour ne pas laisser un litige social au prochain gouvernement.

Cette explication se recoupe avec l’attitude du secrétaire général de l’Union Régionale du Travail de Gafsa qui s’est démarqué des grèves des conducteurs de la Société du Transport des Phosphates , en leur recommandant de reprendre le travail pour ne pas pousser leur société et la CPG à plus de difficultés financières et sociales.

Ce sont là les positions de principe annoncées par l’exécutif de l’UGTT que les observateurs devraient relever. L’ambiance dans laquelle évolue la centrale syndicale est formée de forces centrifuges. Les syndiqués veulent revaloriser leur pouvoir d’achat sans trop se soucier des contraintes économiques et financières du pays. Le processus de transitions n’est pas totalement achevé, et l’UGTT est en train de jouer un rôle de premier plan dans sa conduite. A cela s’ajoute le fait que la centrale syndicale faisait l’objet de menaces sérieuses provenant de groupes terroristes (la dernière en date a été révélée hier), autant que de pressions de la part de formations politiques qui ne voulaient pas moins de réduire le mouvement syndical à son expression la plus anodine. Ce sont là les défis de taille en face desquels se trouve l’UGTT.

Le problème, c’est que l’exécutif syndical, au lieu de trouver les mots qui conviennent et les attitudes qui montrent qu’il est en train de saisir l’essentiel de la conjoncture, envoie parfois des messages qui vont à l’opposé de ce qui est demandé, ce qui pourrait donner raison à ceux qui se disent apeurés et inspirer les revendications les plus maximalistes.

Aboussaoud Hmidi

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