Béji Caïd Essebsi a, ce mercredi 31 décembre 2014, le plus officiellement du monde, pris ses quartiers au palais de Carthage. Ce fut au cours d’une cérémonie de passation des pouvoirs.
Le nouveau président et le président sortant Moncef Marzouki ont eu un entretien d’une dizaine de minutes durant lequel Marzouki a présenté les membres de son cabinet présidentiel avec lesquels il a travaillé pendant les trois dernières années.
Béji Caïd Essebsi s’est, par la suite, rendu à la grande salle du Palais de Carthage où il a salué le drapeau tunisien au son de l’hymne national, avant de passer en revue un détachement des trois armes qui lui rendait les honneurs.
Une salve de 21 coups de canon ont été tirés à cette occasion.
Une cérémonie protocolaire sobre voire austère qui jure avec celle de prestation de serment organisée plus tôt au palais du Bardo, siège de l’Assemblée des Représentants du Peuple (APP), où l’ambiance était joviale, sereine et chaleureuse.
Ils étaient plus de 200 personnalités appartenant aux corps constitués et à d’autres, diplomatique, militaire (officiers supérieurs des trois armées), sécuritaire (hauts cadres des forces de sécurité) et judiciaire (haute magistrature) à assister à la cérémonie où toutes les tendances politiques étaient présentes, de l’extrême gauche à la droite en passant par les centristes outre surtout les premiers responsables de organisations nationales syndicales et patronales lesquelles ont joué un rôle primordial dans la réussite de la transition démocratique.
Après l’allocation de bienvenue prononcée par Mohamed Ennaceur, le président de l’Assemblée des représentants du Peuple (ARP), Béji Caïd Essebssi a prêté serment en ces termes : « « Je jure par Dieu Tout-puissant de sauvegarder l’indépendance de la patrie et l’intégrité de son territoire, de respecter la Constitution du pays et sa législation, de veiller sur ses intérêts et de lui devoir allégeance ».
Ensuite de quoi, il a prononcé son discours de prestation de serment en exergue duquel il a récité deux versets du Coran, un geste symbolique, chargé de sens et dans le droit fil de l’article premier de la Constitution.
S’adressant ensuite à l’auditoire et à travers lui au peuple tunisien, il a commencé par un « Mes chères citoyennes, mes chers citoyens » une apostrophe interprétée comme un hommage à la femme tunisienne qui a rendu son élection possible grâce à son million de suffrages exprimées massivement en sa faveur.
Dans son discours, le nouveau président de la République Béji Caïd Essebsi a déclaré que le peuple tunisien a remporté une victoire à travers le parachèvement du processus de transition malgré les vaines tentatives de compromettre l’opération démocratique par la violence et les assassinats.
« Avec l’élection d’un président de la République, nous ouvrons la voie de l’espoir en mettant un terme au doute et à la crainte et en balisant la voie d’une vie politique plurielle», a-t-il dit.
Il a promis de veiller à la garantie de l’unité du pays et à être le président de tous les Tunisiens sans exclusive, insistant sur la nécessité de réaliser la réconciliation et le consensus entre toutes les composantes du paysage politique. « Il est du devoir de l’administration et du gouvernement d’honorer leur engagement vis-à-vis du peuple » a-t-il avancé, citant l’amélioration des conditions de vie, la création des postes d’emploi, la couverture sanitaire et la réalisation de l’équilibre entre les régions.
Il a appelé les Tunisiens à contribuer à l’édification de la Tunisie par le travail sérieux, la solidarité et l’appui des efforts visant à combattre le terrorisme.
Le nouveau président s’est également engagé à protéger les droits humains, à optimiser la gestion de l’argent public et à sauvegarder le prestige de l’Etat.
« Un Etat de droit sans l’hégémonie de la majorité tout en garantissant les droits de l’opposition et l’alternance pacifique au pouvoir», a-t-il insisté.
Par ailleurs, Caïd Essebsi a remercié les citoyens qui ont voté pour lui lors de l’élection présidentielle et salué le président sortant Moncef Marzouki ainsi que les tunisiens qui ont voté pour lui, affirmant respecter leur choix.
Le nouveau président de la République a également rendu hommage à la femme tunisienne pour « son sens patriotique aigu » ainsi qu’aux martyrs de la Tunisie de Farhat Hachad jusqu’aux martyrs des institutions militaire et sécuritaire dans leur combat contre le terrorisme ces dernières années.
Caïd Essebsi a souligné la disposition d’instaurer une diplomatie active fondée sur des positions modérées sans aucune ingérence dans les affaires intérieures des pays et le respect de la loi internationale.
Il s’est engagé à renforcer le rôle de la Tunisie dans la région arabe et dans le monde et à consolider les relations avec les pays maghrébins, arabes et musulmans. Il a aussi insisté sur la nécessité de maintenir de bonnes relations avec les pays émergents tels que l’inde, la Chine et le Japon tout en veillant au rapprochement de la Tunisie des grandes démocraties et particulièrement les Etats-Unis d’Amérique, avant de mettre l’accent sur la nécessité d’encourager les investisseurs étrangers à investir dans les régions défavorisées.
Issam Khemakhem
