La récente mesure prise par l’ISIE relative à l’interdiction de la présence d’observateurs ou même de représentants des candidats dans les cours des bureaux de vote est une décision arbitraire, a commenté Achraf Aouadi, président de l’organisation « I Watch », lors d’un point de presse tenue ce samedi 20 décembre.
Il a qualifié cette mesure de « catastrophique » dans la mesure où a été prise en l’absence de concertations avec la société civile. « C’est une violation des normes internationales et il s’agit d’une décision naïve car elle ne va pas aider à accepter les résultats du second tour des élections », a dit le président d’I Watch rappelant que ceci va certainement nuire au rôle de la société civile, jugé important dans ce climat délicat ou la crédibilité de l’ISIE a été mise en doute par certains partis politiques.
Il est à rappeler que l’ISIE a pris un ensemble des dispositions compte tenu du nombre élevé des représentants de deux candidats comme le fait de n’autoriser la présence que d’un seul scrutateur par bureau de vote et par candidat et de ne pas tolérer la présence des représentants des candidats dans la cour du centre de vote. En effet, les observateurs de l’élection seront au nombre de 88.000, en majeure partie les scrutateurs mandatés par les deux candidats à hauteur de 27.869 scrutateurs pour le candidat Béji Caïd Essebsi et 31.054 pour le candidat Mohamed Moncef Marzouki
I Watch préoccupée par la violence et les discours incitant à la haine
Sur un autre plan, I Watch a saisi cette occasion pour dévoiler les résultats de son rapport préliminaire relatif à la campagne électorale menée par les deux candidats à la présidentielle.
Achraf Aouadi a dans ce cadre noté que plusieurs dépassements ont été relevés. Il a déjà pointé du doigt l’existence de la violence dans plusieurs circonscriptions sans oublier les discours incitant à la haine au cours de cette période. Ceci ne pourrait qu’affecter les résultats des élections, selon ses dires.
Outre la violence, l’exploitation des enfants dans le processus électoral demeure un phénomène inquiétant. D’après les statistiques, ce phénomène est observé dans 50% des circonscriptions. « Le recours aux enfants continue de prendre l’ampleur. Un phénomène que nous condamnons surtout qu’on a mis en garde contre ces pratiques », a expliqué Achraf Aouadi.
Le rapport d’I Watch a aussi critiqué la démarche de plusieurs médias surtout que la majorité d’entre eux n’était pas assez neutre. Au contraire, elle était un outil pour publier les discours de l’un de deux candidats. « Ces médias étaient au service de l’un de deux candidats et c’est inquiétant malgré que la Haica a infligé des amendes pour y faire face ».
Lui emboîtant le pas ainsi qu’à d’autres associations, l’Organisation 23-10 de soutien au processus de transition démocratique a critiqué à son tour la décision de l’ISIE d’interdire la présence des observateurs dans la cour des centres de vote le jour du scrutin du second tour de l’élection présidentielle.
Elle trouve cette décision « arbitraire, irresponsable et contraire à tous les standards internationaux et aux législations nationales ». Dans un communiqué publié vendredi, l’organisation affirme que cette « décision d’exclusion » ne trouvera aucun écho favorable auprès d’aucune catégorie d’observateurs.
Elle fait porter ses conséquences à l’Instance, estimant qu’une telle décision n’aidera pas à dissiper la méfiance concernant le fonctionnement de l’ISIE, « encore moins à conforter la crédibilité, la transparence et l’intégrité des élections », selon les termes du communiqué.
L’Association tunisienne pour l’intégrité et la démocratie des élections (ATIDE) et le Réseau Mourakiboun, avaient rejeté elles aussi la même décision de l’ISIE interdisant la présence des observateurs dans la cour des centres de vote et n’autorisant la présence que d’un seul scrutateur par candidat et un seul observateur par association, dans chaque bureau de vote.
Wiem Thebti
