AccueilLa UNETunis : La Tunisie lutte-t-elle assez contre la corruption ?

Tunis : La Tunisie lutte-t-elle assez contre la corruption ?

L’Organisation allemande de la lutte contre la corruption, Transparency International, vient de rendre public son 21ème rapport annuel sur la corruption dans le monde.

Le classement a été établi selon l’indice de perception de la corruption (CPI) qui prend en considération les données d’enquêtes, réalisées auprès d’hommes d’affaires, d’analystes de risques et d’universitaires résidant dans le pays ou à l’étranger, et d’agences de notation internationales et d’experts des institutions financières multinationales (la Banque mondiale, la Banque africaine de développement…).

C’est un indice composite, un sondage de sondages, faisant appel à des données sur la corruption tirées de sondages d’experts réalisés par divers organismes indépendants. Il reflète des points de vue du monde entier, dont celui des experts qui résident dans les pays évalués.

La Tunisie perd deux places dans ce classement. Le secrétaire d’Etat chargé de la Gouvernance et de la fonction publique, Anouar Ben Khelifa, a imputé cette régression aux répercussions de la période transitoire, annonçant qu’une série de textes de loi relatifs à la lutte contre la corruption ont été élaborés.

Ces textes concernent, pour l’essentiel, la corruption dans le secteur public, la déclaration des états financiers et l’enrichissement illégal. Il a également évoqué la mise en place d’un code de conduite de l’agent public et son adoption en vertu du décret n°4030, daté du 3 octobre 2014.

Sur un autre registre, a été évoqué le projet de développement d’un système électronique dédié aux plaintes et signalements des cas de corruption.

Le secrétaire d’Etat a rappelé la signature, le mois dernier d’une convention de don entre la Tunisie et l’Agence coréenne de coopération internationale, avant de passer en revue le projet de l’OpenGov 2015/2016 relatif à l’initiative conclue entre 8 pays y compris la Tunisie.

Les signataires s’engagent en vertu de cette initiative à consolider la transparence, à renforcer la participation du citoyen et à lutter contre la corruption dans le secteur public. Il s’agit, aussi, d’élaborer un référentiel national dans le domaine de la gouvernance des institutions.

Un projet de loi organique relatif à l’accès à l’information annulant et complétant le décret loi n°41 de 2011 (concernant l’accès aux documents administratifs) est fin prêt, a-t-il par ailleurs assuré. Ce projet de loi permettra de simplifier les procédures administratives organisant les activités économiques.

Il a, également, rappelé la révision du décret relatif aux cellules d’encadrement des investisseurs dans le but d’asseoir un système de suivi outre la création d’un mécanisme de communication entre l’administration publique et le secteur privé destiné à assainir le climat administratif des affaires.

L’ONG tunisienne I Watch explique autrement le recul de la Tunisie dans le classement de Transparency International. Son président, Achraf Aouadi, pointe du doigt « l’absence d’une volonté politique de lutter contre la corruption et d’une stratégie nationale claire dans ce domaine ».

Il a estimé que le gouvernement Mehdi Jomaa est  » le plus faible en matière de lutte contre la corruption », après la suppression du ministère en charge de ce dossier, a-t-il indiqué.

De son coté, Soumaya Belaid, membre de la même organisation, a appelé à la promulgation d’une loi portant création d’une instance constitutionnelle de la gouvernance et de la lutte contre la corruption.

Il est à noter que l’IPC de TI concentre son attention sur la corruption dans le secteur public et définit la corruption comme l’abus d’une charge publique à des fins d’enrichissement personnel. Les sondages utilisés pour établir l’IPC posent des questions en rapport avec l’abus d’un pouvoir officiel dans un intérêt personnel (par exemple, la corruption d’agents publics, les pots-de-vin dans le cadre de marchés publics, le détournement des fonds publics) ou des questions qui sondent la fermeté des politiques de lutte contre la corruption, incluant de ce fait la corruption administrative et la corruption politique.

Le rapport établi un classement de 175 pays, du plus intègre au plus corrompu, sur une échelle allant de 0 à 100. Et ce qui est marquant dans le rapport de l’année 2014, Plus de 117 sur 175 pays ont obtenu un score inférieur à 50.

Le top 10 des moins corrompus est purement occidental ! Le Danemark trône dans le classement mondial avec un score de 92 sur 100, devançant la Nouvelle-Zélande (91/100), la Finlande (89/100), la Suède (87/100), la Norvège et la Suisse (86/100), qui ont, historiquement parlant, toujours occupé le haut du classement depuis son établissement en 2002.

En ce qui concerne le monde arabe, L’Etat des Émirats Arabes Unis arrive en 25ème position avec un score de 70/100, suivis du Qatar (69/100), Bahreïn (49/100), Jordanie (49/100), Arabie Saoudite (49/100), Oman 45/100 et du Kuwait (44/100).

Ce classement peu reluisant des pays arabes est dû à la mauvaise législation de lutte contre la corruption, à la défaillance des mécanismes de contrôle et de dénonciation ainsi qu’à la période transitoire et provisoire que vivent les pays du printemps arabe.

Issam Khemakhem

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