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Tunis :Les divergences politiques ont-elles un sens?

Pourquoi est-on confronté le plus souvent à des situations politiques inextricables ? De Daech en Mésopotamie à AQMI au Maghreb, à la montée de l’extrême droite en Europe. C’est un peu le signe des temps, mais il n’y a pas que ces positions (et cas) extrêmes. Il y a aussi, ça et là, des formations politiques qui interpellent la conscience collective et suscitent plus de questions que de réponses au moment où c’est le contraire qui est attendu des politiciens.

Pour ne pas sombrer dans la nostalgie, on rappelle que les politiciens des dernières décennies étaient très scrupuleux au sujet de l’idée qu’ils donnent d’eux-mêmes. Retenue dans les paroles et les attitudes, et surtout souci de se conformer à une logique dans le cheminement des positions. La devise qui guide chacun d’eux est bien simple : toujours parvenir à expliquer une évolution, un changement de cap ou même un revirement.

On avait l’impression, à l’époque, que tout politicien inscrit son action, et au-delà, sa carrière, dans la durée et cherche à en convaincre aussi bien l’opinion publique que les alliés et adversaires. Mais maintenant, chacun donne l’impression de s’inscrire dans l’instant, ne prenant même pas la peine de trouver un quelconque lien entre ce qu’il a dit (ou fait) hier et ses initiatives d’aujourd’hui.

En Tunisie, même au temps des grandes répressions, on entrevoyait un souci de part et d’autre de ne pas commettre l’irréparable. Et même les policiers et les extrémistes du pouvoir, qui étaient toujours prêts à aller jusqu’au bout, étaient freinés par des rapports de force ou par le référentiel de la chose publique qui impose à tout le monde les limites de l’action.

Ce n’est qu’à partir de la deuxième moitié des années 1990 que les choses ont commencé à ne plus obéir aux conventions précédentes. Et au moment où l’Etat doit par principe prendre pour égal l’Etat, on a assisté à des situations où il commence à s’en prendre à des citoyens, et on a vu des gens victimes de la répression uniquement parce qu’ils étaient de proches parents des militants, chose qui n’était pas de règle avant, et que même la Mafia répugnait sous l’appellation de « vendetta transversale ». Parallèlement, les opposants ont commencé eux aussi à changer. L’étoffe n’est plus la même, l’énergie dépensée dans le combat et les thèmes abordés aussi.

Le CPR, Les Radhouane Masmoudi, Skander Rékik, Abou Yaarab Al Marzouki sont l’illustration de cette nouvelle génération. Et on a constaté que même les anciens politiciens ne cachent plus leur tentation de faire comme les autres, pace que c’est jouable. On parle des dessous, de vie privée, on accuse d’intelligence avec les puissances étrangères, on parle de (et on pratique peut-être) le racket politique. En un mot les anciens lexiques et comportements ont été définitivement abandonnés pour d’autres plus porteurs. Et c’est, semble-t-il, la signification de l’émergence, lors des derniers scrutins, de nouvelles formations politiques qui n’avaient aucun rapport avec les anciens clivages (Afak Tounès et l’Union Patriotique libre, malgré ce qui les sépare) et la disparition d’autres qui avaient balisé pour des décennies le paysage politique tunisien(Al Joumhouri et Ettakattol , héritier naturel du Mouvement des Démocrates Socialistes-MDS- , comme l’avait annoncé Ahmed Mestiri solennellement en février 2011).

La campagne électorale qui se déroule actuellement reflète cet état de choses. Moncef Marzouki représente cette nouvelle élite montante qui a une autre idée de la politique, de l’Etat et de la réalité du pays, et semble cadrer avec ce qui se passe en Libye en Afrique de l’Ouest et du Centre, en Mésopotamie au Yémen et ailleurs. Béji Caïd Essebsi représente, lui, une certaine idée de la chose publique, qui n’a trouvé, durant des décennies, ni adeptes ni défenseurs, mais que les Tunisiens ont fini par en saisir, après coup, la portée et tiennent après quatre années d’errements, à en revaloriser la substance, parce qu’ils ont compris qu’elle est l’unique solution qui se présente au pays. Et ce n’est qu’à ce stade-là de l’analyse que les divergences commencent à avoir du sens.

Aboussaoud Hmidi

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