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Tunis : Les droits de la femme à l’assaut de l’Université

Apprendre à défendre l’égalité des droits, à plaider une cause ou un projet de loi auprès des décideurs et des mandataires publics, tel est l’objectif de l’atelier de formation « Stratégie de plaidoyer et mobilisation de la société civile tunisienne » organisé à l’Université féministe de Tunis par l’Association tunisienne des femmes démocrates et soutenu par l’Union Européenne. Un journaliste du Centre d’information sur le voisinage européen a visité la formation, rencontré les participantes.

« On doit donner la parole aux femmes pour leur permettre de se différencier et se démarquer des autres, et surtout avancer dans cette aventure démocratique » a soutenu Ines Chihaoui, étudiante en Beaux Arts. Elle est l’une de la vingtaine de participantes, la plupart exerçant au sein de l’Association, à participer à cette initiative lancée par Karim Bouzouita, docteur en anthropologie et plaideur auprès des ONG et organisations internationales.

L’université féministe, créée le 9 mars 2009, est ouverte aux militants et aux jeunes. Loin d’être un espace académique, cette université se veut un espace d’engagement en faveur de la cause des femmes, alliant l’action et la réflexion dans l’optique de recréer un lieu culturel intergénérationnel. Ses objectifs s’articulent autour de la diffusion des valeurs universelles, d’égalité et de non discrimination à l’égard des femmes.

« Depuis sa création – affirme Souad Ben Rejeb, directrice exécutive de l’Université féministe – notre faculté se bat contre le sexisme à l’école, pour l’école obligatoire, et contre les disparités en matière scolaire, qui pénalisent davantage les filles que les garçons ». « L’égalité est une affaire de démocratie et de droits fondamentaux – affirme Emna Hsairi – elle nous concerne tous ». Parmi les actions de l’Université, la défense du jeune Meriem, victime d’un viol, les rencontres avec les jeunes, le lancement d’une campagne pour la promulgation d’une loi cadre contre les violences faites aux femmes, et évidemment, des activités comme l’atelier de formation sur le plaidoyer, qui s’inscrit dans le projet « Un bond en avant pour les femmes ».

Pour un changement durable

L’université féministe a adhéré à ce projet en faveur de l’autonomisation politique et économique des femmes dans la région du Sud de la Méditerranée. Le projet vise à promouvoir l’accès et l’adhésion efficace des femmes marginalisées à la vie économique et publique, en levant les obstacles qui freinent leur participation dans ces domaines. Financé par l’Union Européenne (7 million d’euros) et l’ONU Femmes (1,2 million d’euros). Son objectif est de développer les capacités des organisations de la société civile, ONG et associations, pour intégrer la dimension du genre dans leur structure et défendre les intérêts des femmes. « La formation sur le plaidoyer, affirme Souad Ben Rejeb, fait partie d’un programme de renforcement du dialogue démocratique et de la participation citoyenne des femmes dans la gestion des politiques de développement ». « Il ne suffit pas d’avoir des dirigeantes il faut avoir l’exigence du partage du pouvoir, ce qui veut dire moins d’hommes au pouvoir. La parité c’est d’abord une mentalité et une culture qu’il convient d’instaurer et non une règle imposée par la loi », affirme Khaoula Yahyaoui .

Le plaidoyer comme défense des droits

En effet, le programme vise à enraciner la culture de la plaidoirie et à offrir aux femmes des bonnes techniques afin qu’elles aient un meilleur plaidoyer pour défendre leurs droits. Il est vrai que les femmes tunisiennes ont été en première ligne des révolutions. Elles ont maintenant un rôle essentiel à jouer dans le façonnement de l’évolution de la société tunisienne. Ce programme arrive donc à un moment crucial, au vu des transformations en cours dans de nombreux pays et de la volonté affichée des femmes pour un changement durable.

Souad Ben Rejeb affirme que la participation à cet atelier constitue une étape importante, qui permettra aux femmes de consolider leur présence dans toutes les sphères de la société. « Le programme ‘Un grand bond en avant’ donnera aux participantes l’opportunité de développer certaines compétences afin qu’elles puissent parvenir à une plus grande égalité ». « Le féminisme est une lutte primordiale et quotidienne pour l’ensemble de la société. On nous écoute parfois, mais ce n’est pas cela, ajoute une autre intervenante. On ne peut pas arriver à une société émancipée sans égalité ». Emna Chihaoui, activiste au sein de l’Université, explique qu’en appliquant le concept du plaidoyer, on motive les femmes pour adhérer aux valeurs d’égalité et on augmente leur capacité de se mobiliser pour défendre ces valeurs universelles. « Les femmes sont trop souvent vues uniquement comme des victimes vulnérables, affirme-t-elle ; il faut reconnaître leur influence, et les considérer comme les actrices du changement au sein de leur famille, de leur communauté et de leur pays ».

Ces débats de l’université féministe constituent un lieu incontournable de réflexion, de rencontre, d’ouverture et de tolérance, dans la tradition de culture du débat portée par cette Université. « Il faudrait prendre conscience, souligne, Khaoula Yahyaoui, de la capacité des femmes de donner un nouvel élan à la vie politique. Elles ont un rôle à jouer en termes de la polarisation de compétences féminines parce que le changement est inévitable. A travers du plaidoyer, nous pouvons obtenir des changements du niveau local, régional et international ».

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