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Tunis :«Les prix de l’huile subventionnée et du sucre restent inchangés et un accord est en vue pour la tomate», assure Noureddine Agrebi

Dans une interview accordée à Africanmanager, Noureddine Agrebi, directeur général des IAA au ministère de l’Industrie a assuré que les prix de l’huile subventionnée et du sucre ne connaitront pas une éventuelle augmentation tout en expliquant les causes derrière la pénurie de ces deux produits sur le marché. Il a par ailleurs affirmé qu’un accord sera conclu dans quelques jours relatif à l’appel des agriculteurs de réviser à la hausse la tarification des tomates proportionnellement à la production. Interview :

Le marché tunisien a connu une pénurie en matière d’huile subventionnée. Pouvez-vous nous en expliquer les causes ?

Au départ, il est à rappeler que la consommation de l’huile subventionnée est passée de 154 mille tonnes en 2010 à 190 mille tonnes en 2013. Les prix, en comparaison avec d’autres produits comme l’huile de maïs, sont nettement inférieurs à 900 millimes. De même, ces prix sont jugés très bas par rapport à ceux pratiqués dans les pays voisins.

L’huile subventionnée est utilisée par plusieurs secteurs comme celui de restauration et de l’hôtellerie alors que ce produit est destiné uniquement à la consommation ménagère, sans oublier que ce produit a été touché par la contrebande vers la Libye.

C’est pour cette raison que l’administration a décidé de limiter les quantités consommées pour atteindre 150 mille tonnes, soit la même quantité consommée en 2010. La réalisation de cet objectif s’est basée sur la répartition par quotas de cette quantité entre les raffineurs compte tenu de la capacité de conditionnement de chaque unité, de son historique et du nombre des personnels employés. Il est à noter que des critères précis ont été mis en place pour distribuer ces quotas.

La répartition par quotas de cette quantité de l’huile subventionnée a commencé au mois de Ramadan dernier. Toutefois, des entreprises ont été affectées par cette décision étant donné qu’il y a eu une baisse de la quantité distribuée, ce qui n’est pas allé sans affecter les relations entre la direction et la profession.

Face à ce constat, il a été créé une commission technique qui a visité toutes les entreprises dont le nombre s’élève à une quarantaine.

La nouvelle répartition de la quantité est entrée en application au début de ce mois suite à la révision de la distribution des quotas, révision qui a été accueillie avec satisfaction par la quasi-totalité des entreprises. Il s’en est suivi une amélioration au niveau du marché en termes d’offre.

Donc, on peut rassurer les consommateurs car le produit sera disponible en abondance sur le marché, et ce, dans quelques jours.

Des rumeurs ont circulé ces derniers temps selon lesquelles il y aurait une levée de subvention sur l’huile végétale ?

Avant tout, il est à préciser qu’une bouteille de l’huile végétale coûte pour l’Etat 2,200 dt alors qu’elle se vend à un dinar, qui reste en dessous de la subvention.

Donc, il n’existe aucune intention de lever la subvention de l’huile, qui sera cependant ciblée pour bénéficier directement aux familles et non plus aux autres catégories avec comme objectif le retour au même niveau en 2010, soit 150 mille tonnes.

Pour ce faire, on était obligé à mettre en place des mesures d’accompagnement. Il s’agit de renforcer les mesures de contrôle en attribuant à chaque unité de conditionnement un quota bien précis. Ceci vient faciliter la tâche du contrôleur qui pourrait vérifier la quantité de l’huile vendue tout en exerçant le contrôle sur les restaurants et les hôtels.

Avez-vous pris en considération les intérêts des hôtels et des restaurants ?

La loi a déjà interdit aux restaurants d’utiliser l’huile subventionnée. A mon avis, c’est un avantage pour l’importation d’autres huiles non subventionnées comme le huile de maïs. Faut-il rappeler que l’Etat a déjà décidé, en 2006, des avantages destinées aux conditionneurs comme l’exonération de la TVA et des droits de douane dans le but de diversifier la gamme sur le marché et diminuer la consommation et réduire la compensation de l’huile subventionnée.

Et pour l’huile végétale, s’acheminerait-on vers la levée de la subvention ?

Certainement non sachant que la subvention de l’huile végétale est estimée à 280MD. Pour bien plus de précisions, les quotas, depuis 2006, sont repartis par l’Office National de l’Huile (ONH) entre les 11 unités de raffinage. A partir de 2000, trois nouvelles unités sont entrées en production et qui ont demandé déjà des quotas

C’est pourquoi le gouvernement a décidé, depuis 2011, d’instituer la concurrence dans le système de raffinage en procédant à l’ouverture d’un appel d’offres qui fixe les quotas avec la participation des unités de raffinage. Un cahier des charges a été mis en place et un appel d’offre a été lancé.

Cependant, les unités ayant bénéficié de quotas ont refusé de participer à cet appel d’offres à l’exception de 6 d’entre elles en proposant de nouveaux prix de raffinage qui permettrait de faire des économies. En attendant l’application de cet appel d’offres, il y a eu une concertation avec toutes les unités qui se sont informées sur les nouveaux prix. Mais, plusieurs d’entre elles ont refusé de travailler dans les nouvelles conditions. Dans pareille situation, l’administration était obligée de traiter avec les 6 unités ayant accepté les nouvelles conditions (un prix minimum avec un taux de perte réduit)

Le premier arrivage de l’huile brut a été réparti sous forme de quotas au prorata des capacités de raffinage de chaque raffinerie.

Qu’en est-il de la pénurie du sucre en vrac ?

Au niveau du pays, le stock est disponible puisque l’Office de Commerce détient actuellement 80 milles de tonnes de sucre, soit l’équivalent de deux mois de consommation.

Le sucre était soumis au monopole de l’office de commerce sachant que la consommation est estimée à 380 mille tonnes annuellement dont une partie est destinée à l’industrie et aux ménages. Je pense que la problématique existe depuis des années. Il s’agit de la marge de distribution de sucre, jugée faible et non plus un problème de disponibilité de la matière. C’est pour cette raison que les détaillants ont choisi d’éviter la vente de sucre car ils étaient t obligés de passer par les grossistes.

Pour le sucre en transformation, c’est la même démarche sauf qu’il y a une différentiation des prix entre le sucre destiné à l’industrie et l’autre destiné au ménage. En effet, l’industriel l’achète plus cher et il y a une augmentation de prix à la fin du premier semestre.

Les prix sont augmentés à la mi-2015, mais il n’y aura plus une autre augmentation. La solution qui doit être pris en considération pour éviter cette polémique, est le conditionnement du sucre. La valeur ajoutée est importante sous la forme de la création de nouveaux emplois en contribuant à la réduction de la subvention et bien sûr la diversification de la gamme sur le marché.

Des producteurs de tomates ont appelé à la tarification des tomates au prorata de la production, soit 150 millimes le kilo hors taxes. Côté industriel, pensez-vous qu’il y aurait-il des répercussions ?

Côté industriel, le prix de cession de la tomate pour l’industrie est actuellement à 130 milles/kilo depuis 2013, soit une augmentation de 15 millimes avec les augmentations de tous les intrants de production (main d’œuvre, engrais, énergie, eau).

Pourtant, il y avait une obligation pour garantir un revenu aux agriculteurs pour réviser ce prix. Cette révision doit prendre en compte un revenu respectable aux agriculteurs et un coût concurrentiel pour les industriels au niveau de l’exportation. Elle devra aussi tenir compte du pouvoir d’achat des citoyens car à chaque révision des prix agricoles, il y a toujours un impact sur les industriels.

Sur cette question, je peux vous assurer que les concertations se poursuivent actuellement entre les différents intervenants à l’instar de l’Utap et l’Utica pour trouver un prix d’équilibre. Je vous annonce qu’un accord sera conclu dans quelques jours.

Wiem Thebti

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