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Tunis-Afif Chelbi : Le rapport sur « La Révolution inachevée » ne représente pas la véritable Banque Mondiale

Le dernier rapport de la Banque Mondiale sur la Tunisie intitulé « La Révolution inachevée » ne finit pas de susciter force commentaires et réactions. Mercredi, 10 décembre 2014, un bon nombre d’experts et acteurs économiques à l’instar de l’ancien ministre de l’Industrie, des Mines et de l’Energie, Afif Chelbi ou Ridha Ben Mosbah, ancien ministre et PDG de la Steg, ont tenu conclave pour évaluer voire livrer une analyse critique des conclusions de ce document : « Nous sommes profondément convaincus que ce rapport ne représente pas la véritable Banque mondiale, l’institution éclairée que nous avons toujours appréciée comme catalyseur des réformes quand elle a fonctionné en synergie avec l’Administration tunisienne », indique le Cercle Kheireddine présidé par Afif Chelbi.

Selon le cercle, le rapport est d’autant plus étonnant que « la Banque mondiale a procédé, depuis la fin des années 90, à un recentrage idéologique important, laissant de côté ses dérives néolibérales des années 80, et retrouvant son rôle de Banque de développement, fidèle à l’esprit de Keynes, l’inspirateur de sa création ».

Selon Afif Chelbi, il n’est pas question de nier ou de sous-estimer les lacunes, soulignées à juste titre par le rapport, car il est avéré que, de 1960 à 2010, le développement de la Tunisie s’est heurté à un «plafond de verre», du fait de l’absence de démocratie et de transparence, qui lui a fait perdre 2 à 3 points de croissance. « Nous ne sommes donc pas les adeptes de la poursuite des politiques du passé qui ne répondent plus aux nouveaux enjeux du pays, mais nous ne sommes pas non plus les tenants de la table rase qui soutiennent que rien n’a été fait en Tunisie durant les 50 dernières années », a-t-il dit.

Pour simplifier les choses, Chelbi a schématisé l’affaire, soulignant que « nous pouvons dire que de 1960 à 2010, avec un taux de croissance moyen de 5 %, le véhicule du développement a plafonné à 60 km/h alors qu’il aurait pu rouler à 100 km/h ». « C’était significatif, mais insuffisant pour atteindre un nouveau palier à même de résoudre les problématiques de chômage, d’inégalités sociales et régionales qui ont été les principales causes de la révolution », a indiqué le Cercle Kheireddine, soulignant, toutefois, que cela n’a pas été possible car ces lacunes ont fini par « brider » les capacités et les compétences du pays. « C’est là que devra se situer la rupture avec l’ancien état de choses. Mais cette rupture reste à faire », a-t-il expliqué.

Le Cercle Kheireddine a souligné, en outre, qu’il est très surprenant, pour un rapport daté de mai 2014, de ne pas dire un mot sur la gestion des années 2011 à 2013. Pas même le constat qu’au cours de cette période, la Tunisie a perdu 55 places au classement général de Davos et 109 places pour le risque en 2014 ainsi que la dégradation de ses agrégats macroéconomiques.

Le cercle a critiqué, en outre, l’inadéquation des comparaisons dans le temps et dans l’espace, contradictions dans les démonstrations, lecture partielle et sélective de la complexité de la réalité tunisienne, lecture partiale et idéologiquement biaisée inadéquation des recommandations.

De même, souligne -t-il, « on se rappelle qu’en 1986, contrairement à d’autres pays qui ont suivi à la lettre les recommandations d’ajustement structurel conduisant à la perte de grands pans de leurs tissus industriels, la Tunisie a su résister et mettre en place à la fois un étalement sur 12 ans du processus de libéralisation des importations, les mesures de sauvegarde puis le programme de mise à niveau, lancé en 1996 ».

Et d’ajouter que « c’est dans les pays, comme la Tunisie, où les capacités de l’Administration permettaient d’instaurer un dialogue équilibré, que la coopération avec la Banque a été la plus fructueuse », estimant, cependant, que « le meilleur moyen d’avoir des rapports utiles avec les partenaires incontournables de la Tunisie que sont les institutions internationales, c’est de défendre, fermement, les positions qui préservent nos intérêts bien compris ».

« Aujourd’hui notre pays n’a plus droit à l’erreur, et doit concevoir un modèle de développement renouvelé de manière autonome, en fonction de ses intérêts nationaux et de ses spécificités sociales, historiques et géopolitiques. Nul doute que la Tunisie saura alors mobiliser l’appui de ses partenaires internationaux pour l’aider à sa mise en œuvre », indique le cercle.

Parmi les célèbres citations de la Banque Mondiale dans cet ouvrage « La Révolution inachevée », on note : « Ce que la Banque mondiale a appris de la Tunisie … Jusqu’en 2010, la Tunisie était considérée par la Banque comme un modèle à suivre, …et Davos a plusieurs fois classé la Tunisie comme l’économie la plus compétitive en Afrique…En fait, au-delà de la façade brillante présentée par l’ancien régime, l’environnement économique en Tunisie était profondément défaillant… », ou encore « La leçon apprise nécessitera que la BM souligne inconditionnellement l’extrême importance du droit à l’accès à l’information, de la transparence et de la redevabilité comme partie du programme de développement favorable aux pauvres, en Tunisie comme partout ailleurs ».

Khadija Taboubi

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