AccueilLa UNETunis : L’ARP s’attaque à la loi des finances, Mehdi Jomaâ défend...

Tunis : L’ARP s’attaque à la loi des finances, Mehdi Jomaâ défend son bilan

Le marathon budgétaire a démarré, ce mercredi, par une séance plénière tenue par l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP) sur le projet de la loi des finances 2015, en présence du chef du gouvernement Mehdi Jomâa.

Le texte avait été approuvé par la commission provisoire des finances qui s’y était attelée trois jours durant, se conformant ainsi aux procédures constitutionnelles et les délais fixés à cet effet.

A cette occasion, Olfa Sokri Cherif, rapporteur de ladite commission a souligné en donnant lecture du rapport final de la commission que les orientations de la politique du développement menée en 2014 ont été respectées et elles devraient se poursuivre en 2015 sans oublier les procédures et les mesures spécifiques axées sur l’investissement à travers l’amélioration de la situation sociale et sécuritaire.

Elle a précisé que les membres de la commission ont convenu de retirer quelques articles et de sursoir à l’examen d’autres, à savoir les articles de 17 à 23, 29-30, 32 à 38, 40, 50-55.

Une transition économique tributaire des réformes structurelles

Dans son allocution, Mehdi Jomaa a appelé les élus de l’ARP à être plus vigilants lors de la discussion de ce projet notamment dans une conjoncture marquée par une tendance baissière des prix du pétrole, l’envolée de l’indice de la consommation et les taux de change.

« Face à la situation économique actuelle difficile qui secoue le pays, nous avons adopté une approche stratégique à même d’assurer la relance économique dans le but de mettre fin à la crise financière sans tomber dans une politique d’austérité», a dit Jomaa avant d’ajouter que «l’approche adoptée dans la loi des finances 2014 se décline dans une panoplie de mesures dont l’application se poursuivra en 2015 ». Il a en ce sens assuré que « cette approche a été poursuivie lors de l’élaboration de la loi des finances 2015 basée sur des hypothèses bien étudiées et prudentes qui prendraient en considération l’évolution de la situation extérieure et un taux de croissance aux alentours de 3% ».

Le chef du gouvernement a affirmé que cette approche a déjà porté ses fruits à travers les résultats obtenus. Il a cité l’exemple de la réussite des efforts visant à maîtriser la subvention et les dépenses y afférentes estimées à deux milliards. S’y ajoutent l’évolution des ressources propres de l’Etat qui étaient en dessous de 70% et qui devraient s’élever à 75% durant l’exercice prochain. S’agissant de l’inflation, elle s’est élevée à 5,2% et ce malgré l’aggravation du déficit de la balance commerciale. « Ces résultats sont jugés positifs eu regard de la conjoncture économique mondiale ».

Mehdi Jomaâ a estimé que la future période sera celle de la transition économique. Ceci passerait également par l’importance de lancer les réformes structurelles particulièrement au niveau des finances publiques, la réforme du secteur bancaire et surtout une meilleure maîtrise du dispositif de subvention.

Le climat social interpelle les élus

Le bilan dressé par Mehdi Jomaa est certes convaincant pour la majorité des députés présents à cette séance plénière, mais cela ne les a pas empêchés d’en dire ce qu’ils en pensent et même de le critiquer.

En effet, les premières interventions faites dans ce contexte ont démontré que le climat social demeure un point de divergences au delà des chiffres réalisés. Car, la loi des finances, selon eux, restera une simple arithmétique si on n’arrive pas à la concrétiser à travers des projets réels et prometteurs.

« Une loi, si elle manque à assurer la justice sociale et un certain équilibre entre les régions, restera un ensemble de chiffres à débattre », a relevé Lakhdar Loujet.

Un avis partagé par Mustapha Ben Ahmed, député de Nidaa Tounes qui a déclaré que « le gouvernement en place aurait dû prendre certaines mesures particulières au profit des ouvriers des chantiers et du mécanisme « 16 » étant donné que la montée en flèche de grogne sociale reflète une mauvaise image de la politique menée par cette équipe ». C’est la raison pour la quelle il a appelé le gouvernement à assumer ses responsabilités et à ouvrir les négociations sociales, déjà bloquées pour une deuxième année consécutive.

Naoufel Jammali, député d’Ennahdha, de son côté, n’a pas manqué de se faire l’interprète des craintes exprimées par les habitants de la région de Sidi Bouzid au sujet des difficultés confrontées au niveau de mécanisme 16. Il s’est demandé si « le recrutement de10900 jeunes proposé dans ce projet de loi prend en considération les dossiers de régularisation des ouvriers de mécanisme 16 ».

Pour Mohamed Fadhel Ben Omrane, l’essentiel est d’envoyer des messages rassurants aux investisseurs, considérés comme une source déterminante pour la création de la richesse et de l’emploi. « Il est temps d’accorder une attention particulière aux investisseurs en leur offrant un climat favorable pour la création de nouveaux projets », a-t-il dit, car la relance économique reste toujours tributaire de l’amélioration de l’investissement afin de mieux répondre aux attentes des citoyens.

Dans le même ordre d’idées, un autre député, Bechir Ben Amor, a exhorté le gouvernement à appliquer l’article 136 de la nouvelle constitution de manière à mieux booster les zones intérieures aux prises avec la pauvreté et le chômage.

Une loi des finances complémentaire est obligatoire, selon l’UGTT

Pour l’UGTT, le budget de 2015 proposé par le gouvernement est décevant. Sami Aouadi, au nom de la centrale ouvrière, a déclaré que « c’est un budget d’austérité qui se base sur l’équilibre de la balance commerciale réalisé aux dépens des salariés… ce budget ne prend pas en considération l’aspect social et de développement ».

D’après lui, « ce budget est insuffisant parce que l’État refuse de collecter les impôts et se limite à ce qui est prélevé sur les salaires… 83%s des impôts proviennent des retenues à la source prélevées auprès des salariés ».

La même analyse a été faite par le département des études et de la documentation relevant de l’UGTT, qui considère que le projet de la loi des finances 2015 est un budget d’austérité dépourvue d’une approche de développement, y voyant une influence du concept de l’équilibre traditionnel des finances publiques.

Ce projet de loi s’est appuyé sur des hypothèses qui restent loin de la réalité face à la prolifération de la contrebande, du commerce parallèle, et des répercussions de ces phénomènes sur le système de production et le commerce formel, a ajouté le département dans un message adressé aux députés de l’ARP.

A travers ce message, les syndicalistes ont appelé les élus du peuple à préparer une loi des finances complémentaire (LFC) qui s’intègre dans une approche de développement global pour le prochain quinquennat, et ce dans un délai ne dépassant pas mars prochain. Cet appel devrait prendre en considération l’importance de réviser les hypothèses sur lesquelles sont basées les ressources et les dépenses de l’État. Ils ont aussi exhorté les députés à programmer une majoration salariale afin de faire face à la détérioration du pouvoir d’achat tout en entamant des sérieuses négociations avec l’UGTT.

Wiem Thebti

- Publicité-

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Réseaux Sociaux

108,654FansJ'aime
480,852SuiveursSuivre
5,135SuiveursSuivre
624AbonnésS'abonner
- Publicité -