La séance inaugurale du nouveau Parlement, lAssemblée des Représentants du Peuple, naura servi à rien sauf à étaler au grand jour des tiraillements qui nont pas lieu dêtre et à des escarmouches verbales qui ont grandement entaché une séance solennelle qui aurait dû marquer dune pierre blanche le prologue de la 2ème République sur laquelle bien des espoirs des Tunisiens sont fondés.
A lexercice, rien de tel na émergé, et la séance douverture sest terminée en eau de boudin, ne donnant lieu aucun indice que le travail parlementaire a effectivement changé, rappelant par bien des côtés celui de la défunte Assemblée nationale constituante de triste mémoire, avec ses dérives, ses uvres inachevées, ses prises de bec à répétition, en un mot ses contreperformances quon aurait crues révolues à jamais.
Cest dire combien les « us et traditions parlementaires » de laprès Révolution ont la vie dure et augurent même dune sorte de guérilla qui pourrait envenimer lhémicycle, éclipsant de sérieux débats sur les défis que les Tunisiens sont sommés de relever séance tenante et avec toute la détermination qui sied à un Parlement issu dun scrutin pourtant transparent et regardé comme un cas décole pour les pays du printemps arabe.
La pierre dachoppement qui a bouleversé toute la donne, ce mardi 2 décembre, a été la question de lélection du président de lARP et de ses deux vice-présidents. Des débats et encore des débats qui se sont étirés à longueur de journée nont finalement abouti à rien. Et le président de la séance, le doyen dâge des députés, Ali Ben Salem, a fini par mettre au vote à deux reprises la proposition de maintenir ouverte la séance inaugurale jusquà jeudi à 10 heures. Il faut dire à cet égard quAli Ben Salem sest emmêlé les pinceaux plusieurs fois, ce qui a ajouté au boucan à répétition qui a entaché les travaux.
Le fait est que les élus vont se retrouver le jeudi avec lespoir quils reprendront les discussions avec en poche une proposition largement convenue pour le perchoir de leur assemblée. Ce moratoire de 48 heures devrait être mis à profit pour élaborer un consensus à la faveur duquel les représentants du peuple sattelleront à lessentiel.
Trois scénarios sont envisagés pour trancher le litige, et les présidents des groupes parlementaires sy attellent. Une source de Nidaa Tounès a indiqué à Africanmanager que le parti qui a le plus de sièges ninscrit pas ces consultations dans le schéma du partage des postes, comme du temps de la troïka. La source a soutenu que la présidence de lARP est une importante charge qui doit être confiée à un député chevronné ouvert et capable de mener des tractations que nécessite ladoption dans des délais raisonnables de projets de loi et de budget ainsi que le plan de développement que le pays attend. La même source insiste sur le caractère délicat et extrêmement sensible de la situation qui impose une collaboration entre les groupes parlementaires et une coordination étroite avec le gouvernement pour dépasser la crise actuelle.
La même source révèle quà défaut dun accord, Nidaa Tounès tient son candidat en la personne de Mohamed Ennaceur. Mais au cas où un accord se dessinerait sans toutefois parvenir à le concrétiser mardi, la séance restera ouverte jusquà finalisation de laccord souhaité. Le dirigeant de Nidaa Tounès révèle également que la présidence de lARP peut fonctionner sur le mode giratoire, en ce sens que le perchoir changera de présidence au début de chaque législature, ce qui permet à chaque fois de nouer des alliances et conclure des accords qui vont avec la conjoncture du moment.
Un litige qui vient jeter une ombre sur leuphorie des premiers moments de cette séance inaugurale des travaux de lAssemblée des Représentants du Peuple. La séance a été ouverte par Mustapha Ben Jaafar Président de lAssemblée Nationale Constituante (ANC) qui a procédé à la passation au président de la séance, le doyen dâge des élus, Ali Ben Salem (Nidaa Tounès, circonscription de Bizerte).
Une séance qui a été entachée par une autre polémique, celle de ne pas avoir invité le président de la République provisoire, Moncef Marzouki, à louverture solennelle de la législature de lARP. Le président sortant, Mustapha Ben Jaafar, a invoqué des « raisons protocolaires et non politiques »
Le secrétaire général du Congrès pour la République (CpR), Imed Daimi, nentend pas cette explication de cette oreille, affirmant que cette non-invitation est « un comportement indécent ». Guère en reste, le directeur de la campagne électorale de Moncef Marzouki, Adnène Mancer, a renchéri en écrivant sur le ton de la dérision sur sa page facebook : « le protocole ne permet pas dinviter le président de la République en exercice mais autorise dinviter un ex président de la République, cest effectivement une exigence protocolaire ! », allusion à linvitation adressée à Foued Mbazzaa qui était présent à cette séance douverture.
Mohamed Lahmar