L’ancien chef du gouvernement et secrétaire général démissionnaire du mouvement Ennahdha n’a pas pu réprimer sa colère vis-à-vis du candidat en lice pour les présidentielles, Béji Caïd Essebsi. C’est depuis que le parti de Nidaa Tounes, fondé par BCE a remporté les législatives que Jebali a brisé son silence. Après son appel quelques jours après la proclamation des résultats officiels des législatives, incitant les Tunisiens à voter pour le candidat d’un parti autre que celui ayant remporté la majorité des sièges au prochain parlement, parlant de Nidaa Tounes mais sans le nommer, encore une fois, Hamadi Jebali s’en prend à BCE et critique vivement ses déclarations faites à une des stations radiophoniques étrangères qui n’est autre que la radio française, RMC.
Dans un statut posté sur sa page facebook officielle, Hammadi Jeabali a écrit : « Je ne peux pas garder le silence devant les déclarations de BCE à une des stations de radios étrangères mais aussi par les cadres du parti selon lesquelles Moncef Marzouki est le candidat des islamistes et des salafistes jihadistes ».
Par ailleurs, dans une déclaration à la radio RMC, BCE a précisé que « ceux qui ont voté pour Marzouki sont les islamistes qui se sont arrangés pour être de son côté, c’est-à-dire les cadres du mouvement Ennahdha, les salafistes jihadistes et les Ligues de protection de la Révolution, qui sont dans leur totalité des parties acquises à la violence ».
Dans cette même interview, BCE a prévu que la Tunisie sera divisée au second tour entre d’une part, les islamistes, et d’autre part, tous les démocrates et les non islamistes.
C’est ainsi que Hammadi Jebali a qualifié ces propos, de « dangereux ne peuvant pas passer inaperçus, notamment, lorsqu’ils émanent d’une personnalité en lice pour les présidentielles », selon ses dires.
Jebali, a, dans ce contexte, a réitéré son appel de ne pas voter pour BCE en insistant sur « la nécessité de choisir un président extérieur au parti ayant la majorité au parlement (Nidaa Tounes)». « Un candidat qui sème la discorde entre les Tunisiens ne mérite pas d’être président », a-t-il dit
Selon Jebali, les déclarations du président de Nidaa Tounes appellent à la division du peuple tunisien, entre « démocrates », ceux qui les représentent, et les autres qui les a qualifiés de « djihadistes », « islamistes » et « salafistes ».
« Ces propos peuvent même déclencher une guerre civile », selon Jebali qui a sommé BCE de s’excuser auprès du peuple et de respecter l’esprit et la lettre de la Constitution. « C’est la première mission du président de la République, mais un homme qui divise le peuple ne mérite pas d’être un président », a-t-il affirmé.
BCE « tente de diviser la société tunisienne en deux factions : islamistes et salafistes, d’un côté, et ceux qu’il qualifie de « démocrates » de l’autre, en se plaçant à leur tête». Des propos qui surviennent dans un climat de tensions secouant actuellement le sud du pays, et plus particulièrement la ville de Médenine, où des manifestants expriment leur colère suite à ses récents propos.
A vrai dire, ce n’est pas la première fois que Jebali s’attaque à BCE. Le 17 novembre dernier, il a appelé à ne pas voter pour le leader du parti gagnant aux législatives, à savoir Béji Caïd Essebsi candidat de Nida Tounes, un appel considéré par Ennahdha comme une position personnelle n’engageant nullement le parti.
« J’appelle à voter pour un candidat appartenant à un parti autre que le parti majoritaire à l’Assemblée des représentants du peuple », a-t-il écrit dans un statut posté sur sa page Facebook.
Jebali a dans le même contexte, appelé à élire un président qui a milité contre la tyrannie et la corruption. Celui-ci doit être « un démocrate dans la théorie et la pratique, rassemblant tous les enfants de son peuple », selon ses dires.
Khadija Taboubi
