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Tunis : Les sondages à la sortie des urnes ont-ils servi à quelque chose?

Chaque scrutin a son lot de surprises. Les deux derniers (le législatif et le premier tour du présidentiel) qui avaient confirmé le bipolarité politique ont mis en avant le travail des instituts de sondages qui ont annoncé deux heures après la fermeture des bureaux de vote des estimations qui se sont révélées grosso modo proches de la réalité.

Ce genre de sondages (sondage sortie des urnes) reflète le comportement électoral des votants à peine sortis des bureaux de vote. Il a pour objet de connaître le vote qu’ils viennent d’effectuer dans le secret des isoloirs, et permet d’évaluer avant la proclamation des résultats les choix porté sur les différents candidats, sur la base de bureaux de vote « de référence » choisis pour leur représentativité constatée lors d’un scrutin précédent.

Cette opération a permis à trois instituts (Sigma Conseils, 3C Etudes et Emrod), de connaître et d’annoncer les taux des suffrages recueillis par les différents candidats.Mais ce qui était encore plus important, ce sont les tendances du vote qui ont reflété la configuration politique du moment, dont l’opinion publique a pu vérifier la véracité.

Répondant aux attentes des téléspectateurs et de l’opinion publique, les sondeurs ont avancé des données convergentes sur les 5 premiers candidats : le vainqueur (Béji Caïd Essebsi-BCE), le deuxième (Moncef Marzouki), l’écart les séparant et l’architecture politique à l’issue du scrutin (Hamma Hammami en troisième position, ensuite viennent successivement Slim Riahi et Hachemi Hamdi).

Evidemment, les résultats officiels ont infirmé quelques aspects du travail de ces bureaux de sondage. Essentiellement les taux très élevés accordés à BCE et ceux très bas à Marzouki par 3C Etudes, les estimations assez élevées dédiées à BCE par Sigma Conseil et Emrhod, les taux légèrement élevés octroyés à Hamma Hammami. Les 3 bureaux ont également concordé pour classer Slim Riahi à la quatrième et Hachemi Hamdi à la cinquième place, un classement qui a été inversé par les résultats officiels.

Mais pour l’essentiel, les 3 bureaux ont avancé que les 5 premiers candidats à la présidentielle ont recueilli près de 95% des voix exprimées au premier tour et que les 2 candidats qui accèdent au second tour de la présidentielle accaparent à eux seuls près de 75% des suffrages exprimés.

Les 3 bureaux d’études ont enrichi le tableau par des données sur le vote régional, par genre et par âge, éléments qui ne pouvaient pas être fournis par l’ISIE.

Les résultats se présentent donc comme suit :

Béji Caïd Essebsi: 44,2% (Emrhod), 42.7% (Sigma Conseil) ,47.8% (3C Etudes) ,39.46%(ISIE)

Moncef Marzouki: 31,2% (Emrhod), 32.6% (Sigma Conseil), 26.9% (3C Etudes), 33.43%(ISIE)

Hamma Hammami: 10,9% (Emrhod), 9.5% (Sigma Conseil), 10.8% (3C Etudes), 7.82% (ISIE).

Slim Riahi: 6,9% (Emrhod), 6.7% (Sigma Conseil), 5.4% (3C Etudes), 5.71% (ISIE-avec changement du classement).

Hechmi Hamdi: 2,1% (Emrhod), 3.9% (Sigma Conseil), 3.5% (3C Etudes), 5.75%ISIE, avec changement du classement).

Hassen Zarkouni, directeur général de Sigma Conseil a écrit, en guise d’autocritique sur sa page face book, que les estimations de son bureau ont été légèrement au-delà des chiffres annoncés officiellement pour BCE, mais conformes à la marge de confiance annoncée qui est de 3 points. Quant à l’estimation du taux concernant Marzouki, elle est à 0.6 points de différence. Il a reconnu également que les estimations de Sfax ont « relativement failli », ajoutant : « Bon apprentissage pour mes équipes pour cet exercice exceptionnel. L’aventure continue, de nouveaux défis nous attendent, cap sur le 2ème tour, et cette fois-ci, on va mettre plus de moyens ».

Cette expérience en herbe est vraiment passionnante et mérite d’être poursuivie. Elle allait pourtant être entravée par le recours de l’ISIE devant le Tribunal Administratif qui a annulé l’autorisation donnée par la HAICA aux médias de publier les résultats des sondages à partir de 20 heures. L’ISIE voulait-elle tuer dans l’œuf cette expérience en présentant l’argument que cela influencerait le choix des électeurs dont les bureaux de vote sont toujours ouverts, à l’heure de la publication de ces sondages. On peut comprendre le souci de l’ISIE, mais les hommes des médias ont su se défendre pour s’opposer à la rétention de l’information. D’ailleurs, la HAICA s’est rangée heureusement du côté des médias dans cette première bataille.

Il reste que la cause semble avoir été entendue de part et d’autre eu égard à la grande importance que revêtent les sondages d’opinion pour l’exercice démocratique, a fortiori lorsqu’il s’agit d’un pays où la démocratie est encore dans les langes au sortir d’une longue ère de dictature et de diktats électoraux. C’est tout bénéfice pour cette nouvelle culture politique qui est en train de s’ancrer chez le citoyen tunisien, et pour ce faire, les sondages d’opinion à quelque moment qu’ils aient réalisés ont vocation à contribuer à donner à la démocratie ses premières lettres de noblesse.

Aboussaoud Hmidi

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