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Tunis-Présidentielles : Ceux qui ont perdu et ceux qui ont tout perdu !

Il y a des chiffres qui ne trompent pas et qui en disent plus long que ne voudraient croire les partisans de tel ou tel candidat au 1er tour des présidentielles du 23 novembre. L’un de ces chiffres, en l’occurrence issu du dernier sondage de Sigma Conseil, précise que 95 % des votants ont donné leurs voix à seulement 5 des candidats en lice. Ces derniers sont Béji Caïed Essebssi (BCE), Moncef Marzouki, Hamma Hammami, Slim Riahi et Hachemi Hamdi.

Tous les observateurs sont presqu’unanimes à dire que ce sont aussi les 5 meilleures campagnes pour les présidentielles. BCE a fait dans le grandiose et Marzouki dans le viscéral, bien que d’un réveil tardif, Hamma a fait dans le charmeur, le nouvel arrivant Riahi a excellé dans le «Street-fighter» et Hamdi, mauvais chanteur a préféré faire dans le pieux terre-à-terre.

– Les rescapés de novembre

De Marzouki, on retiendra certainement cette photo rare, en compagnie d’une famille à la mine pas trop souriante comme si elle ne croyait pas en la victoire du père. De Hamma, c’est cette autre photo, tout aussi rare d’un couple qui croyait certainement trop en sa victoire et s’enlaçait dans une euphorie qui ne durera pas. Riahi aura beau utiliser des mégaphones, peu de gens auront fini par entendre son message. Quant à Hamdi, son Tweet lui restera certainement en travers de la gorge tellement il s’est égosillé, criant trop fort et trop tôt, sa victoire. Ceux- là ont perdu. Seul le poing levé de BCE aura eu son vrai sens…pour l’instant !

Hormis les 5 candidats qui s’étaient volontairement retirés avant le scrutin, les 17 restants se seraient ainsi partagés uniquement 5 % des voix des 3.423.800 votants sur les 5 millions 300 mille électeurs. Pour certains, ils auront certes perdu même s’ils y ont quand même gagné sur le plan de l’image. Ils le paieront de leur propre argent, puisqu’ils seront tous priés de rendre l’argent public qu’ils ont utilisé pour leurs campagnes respectives, mais ils se seront quant même essayés à la politique et se sont vite dessillés pour découvrir qu’ils n’étaient pas faits pour être présidents. Pour beaucoup d’entre eux, l’ivresse des bains de foule passée, voici venus les temps des comptes. La facture sera certainement un peu trop salée pour quelques portraits, plus grands que nature, quelques spots TV où ils n’avaient convaincu que peu d’électeurs. Ils y auront gagné le fait d’être descendus de leur piédestal pour les besoins de la cause et d’avoir enfin vu de leurs propres yeux les réalités de la Tunisie.

– La Bérézina de Chebbi, Frikha et Ben Jaafar…

En guise de consolation, les perdants et les «nouveau zéro-virgule » du scrutin de novembre 2014, pourront toujours se dire que d’autres candidats ont finalement beaucoup plus perdu. Au premier rang de ceux-ci, l’immanquable Néjib Chebbi. Ce militant de la première heure et de premier rang se sera finalement trop entêté. Sa première perte, il en avait senti le goût amer à l’ANC même où il n’aura pas réussi à présider le groupe parlementaire de sa coalition politique. Sa seconde défaite et désormais de tout son parti, Néjib Chebbi en fera la malheureuse expérience lors des législatives d’octobre 2014. Tout un parti disparaîtra des bancs de la prochaine assemblée du peuple. Il n’en démordra pourtant pas. Il vendra biens et âme pour se lancer de nouveau dans l’aventure de la présidence de la République. Il connaitra le même sort que son parti et ne figurera même pas dans les 3 % qui le

mettront à l’abri des demandes de restitutions du ministère des Finances. L’autre grand double naufragé des présidentielles, aura été Mustapha Ben Jaafar. Son parti Ettakattol a déjà presque disparu de la scène politique à la suite des législatives. Il connaitra lui-même le même sort lors des présidentielles. Le slogan de sa campagne, «Ensemble» n’aura pu être réalisé que par ce montage photo de sa page FB où il est placé au milieu d’une jeunesse qui aura par ailleurs déserté le scrutin.

Financièrement, la plus grosse perte aura finalement été celle essuyée par Mohamed Frikha qui sauvera tout de même les meubles par un siège à la prochaine Assemblée du peuple qui lui garantira au moins l’immunité… parlementaire. Comme un mauvais film qui refuse de tourner, comme dans l’image ci-dessus, il aura beau avoir Rached Ghannouchi derrière le dos, il n’ira pas à Carthage et sa démission des postes de PDG de Telnet et de Syphax aura finalement été une pure perte financière personnelle.

L’unique gagnant n’est en fait autre que la Tunisie. En l’espace d’un mois, cette démocratie naissante a pu organiser, dans le calme, sans une nouvelle effusion de sang, malgré les menaces et les tentatives de changement du «Tunisian way of life», deux élections successives. La première où elle aura réussi à recadrer un parti islamiste et la seconde en décidant de nouveau à voter utile, pour sa paix sociale et pour sa relance économique.

Khaled Boumiza.

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