AccueilLa UNETunis : Aux urnes, citoyens, pour départager 22 candidats

Tunis : Aux urnes, citoyens, pour départager 22 candidats

Les Tunisiens vont s’offrir dimanche 23 novembre un nouveau président de la République parmi les 22 candidats qui sollicitent leurs suffrages pour un mandat de cinq ans. Trois semaines durant, les postulants ont dit tout ce qu’ils pouvaient dire et davantage pour rentrer dans les bonnes grâces de l’électorat à coups de discours, de visites sur le terrain, de causeries à la bonne franquette, d’affiches, d’apparitions sur le petit écran et les ondes des radios, bref, partout où il était possible de toucher ceux et celles des Tunisiens qui forment le projet de se rendre aux urnes.

Si globalement la campagne électorale des uns et des autres s’est déroulée sans accrocs majeurs, elle ne s’est pas exceptée de nombreuses algarades, verbales il est vrai, d’échanges d’accusations , en somme des « coups bas » qui sont de bonne guerre et de bonne politique, sans pour autant dégénérer en esclandres qui auraient fortement entaché cette pêche aux voix qui a lieu pour la première fois en Tunisie à l’enseigne de la compétition démocratique.

Voici pour la partie visible de l’iceberg, pour le reste, c’est sans doute mystère et boule de gomme s’agissant surtout des financements. Là, les accusations foisonnent sans que soient apportées des preuves probantes et incontestables. On en est réduit alors à des conjectures et à des supputations qui n’auront, en toute dernière analyse, aucune valeur légale. Ces griefs sont abondamment repris par nombre de partis, qui se recrutent majoritairement parmi ceux dont les chances de remporter les Présidentielles sont plus que minimes. Pour les autres, c’est-à-dire les « majors », l’antienne est uniforme : soit on balaye du revers de mains ces « allégations », soit on se mure dans le silence le plus total. Il y a fort à parier que ce sera toujours le cas et le pot aux roses ne sera jamais découvert, puisqu’il s’agit de financements en provenance de l’extérieur et que les techniques pour les acheminer vers leurs destinataires sont aussi variées que sophistiquées, ce qui laisse peu de chances pour les identifier. Du reste, au l’aura sûrement compris, on ne saura pratiquement rien sur ce qui aurait pu se produire sur ce registre, et même la Banque centrale de Tunisie qui est la seule compétente en la matière, serait en peine de débusquer et les argentiers et les bénéficiaires.

Un binôme BCE-Marzouki, mais gare aux outsiders !

Comme c’est souvent le cas dans ce genre de compétition électorale, les candidats s’affichent comme ceux qui ont le plus de chances de remporter le scrutin et « sûrs de passer au second tour ». Le refrain est repris à longueur de journée et fréquemment pour beaucoup en dépit du bon sens. Mais la tactique électorale est ainsi faite que ceux qui s’en servent se font rarement faute de s’imaginer déjà dans le fauteuil de son actuel occupant, Moncef Marzouki, lequel ne se retient pas d’abonder dans ce sens comme s’il était attaché à perpétuelle demeure, et ce au grand dam de son rival direct, Béji Caïd Essebsi qui « dominateur et sûr de lui », après la victoire de son parti aux élections législatives, évoque le second tour comme un fait acquis et consommé ; et il l’a répété, ce vendredi sur les ondes d’une radio privée.

Autant dire que ce qui est convenu d’appeler la bipolarisation semble inscrite dans les faits et a l’air d’inspirer les stratégie de l’un et de l’autre. En l’absence de sondages d’opinion qui pourraient éclairer un tant soit peu la lanterne de l’électeur, on pourrait noter une certaine remontée du candidat « indépendant », Moncef Marzouki, qui bénéficierait du soutien réprimé et non déclaré du mouvement Ennahdha foncièrement hostile au candidat de Nidaa Tounès auquel elle s’emploie à barrer la route de Carthage, même si ses ténors affirment que toute latitude est laissée aux électeurs pour choisir le futur président selon leur libre arbitre. Il n’en demeure pas moins que le tourment qui les habite n’est rien moins que le risque d’hégémonisme attaché à une victoire de Béji Caïd Essebsi, avec un exécutif bicéphale sous sa coupe et un parlement où son parti est majoritaire même d’une courte tête.

C’est sans doute compter sans les outsiders qui pourraient bouleverser la donne et « remettre les pendules à l’heure ». Ceux qui pensent l’être ont mis les bouchées doubles et engagé un sprint final époustouflant pour affirmer leur présence en tant que tels, et à défaut d’accéder au second tour, ils auront leur mot à dire dans le choix du futur président par le jeu des alliances qui ne manqueront pas de se nouer et pour tout dire des marchandages qui vont certainement se négocier entre les ennemis d’hier. Alexis de Tocqueville ne disait-il pas : « En politique, la communauté des haines fait presque toujours le fond des amitiés ».

Mohamed Lahmar

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