AccueilLa UNETunis-Présidentielles : Marzouki voit le mal et des ennemis partout

Tunis-Présidentielles : Marzouki voit le mal et des ennemis partout

Après avoir exhibé ostentatoirement son certificat médical qu’il n’était pas tenu d’intégrer dans son dossier de candidature à l’ISIE, tout le monde pensait que ce geste, dirigé contre Béji Caïd Essebsi (BCE), allait déclencher une guerre entre Mustapha Kamel Nabli (MKN) et BCE, mais cette bagarre n’a pas eu lieu. Non que les points de désaccord manquent entre les deux candidats, mais parce qu’ils sont pris, tous les deux, pour cible par un adversaire commun, Moncef Marzouki .

En fait, MKN et BCE ont plusieurs points de litige. D’abord, ils font partie de la même mouvance politique et chacun d’eux voulait en être l’unique représentant aux présidentielles. BCE a été le premier à annoncer sa candidature qui était dans l’ordre des choses vu qu’il a été, et de manière régulière, conforté par les sondages pour ce scrutin, depuis fin 2012. MKN a cru comprendre, pour sa part, que cette décision était destinée à faire cesser les luttes entre dirigeants de Nidaa Tounès qui étaient intéressés par les présidentielles, la jugeant en définitive réversible. Il pensait que finalement le parti et toute la mouvance centriste ne pouvait trouver mieux que lui (MNK) pour gagner le scrutin présidentiel. Cette illusion a été entretenue dans l’esprit de MKN par le maintien de dirigeants de Nidaa Tounès aux instances dirigeantes, tout en défendant sa candidature. Et ce n’est que lorsque les choses ont pris un tournant sérieux que ces militants ont été carrément évincés du parti.

Ensuite, et même après le divorce politique, les deux candidats (BCE et MKN) avaient la même base électorale. Et du fait que BCE avait de grandes chances pour remporter le scrutin, MKN se présentait dans la peau de celui qui grignoterait de l’électorat commun, et nuirait de facto aux chances de BCE.

Enfin, la candidature de MKN est apparue aux yeux de l’opinion publique comme une initiative qui a privé la mouvance centriste d’un éminent économiste qui pourrait former un tandem politico-économique avec BCE et mener le pays à bon port.

Evidemment, toute cette réflexion est de l’ordre de « la critique interne » qui ne fait appel qu’aux données liées à la candidature des deux postulants centristes, mais en élargissant l’angle de vision, on s’aperçoit, avec l’élan pris par la campagne de Moncef Marzouki , qui prend tous les candidats comme cible et voit le mal partout, que les litiges entre BCE et MKN sont minimes. D’ailleurs, le président de Nidaa Tounès a très bien compris la nouvelle donne en disant lors du meeting de la coupole d’El Menzeh , samedi 15 novembre 2014, qu’il pardonne à tous ceux qui lui ont fait mal, évoquant sans le nommer MKN qui a présenté son certificat médical.

Marzouki fait feu de tout bois. Il utilise les Ligues de Protection de la Révolution (LPR), les Salafistes en engageant dans son meeting de Msaken, Bachir Ben Hassen, l’Imam de la ville, les archives de la présidence de la République, en mettant en ligne des vidéos de réunions ministérielles présidées par Ben Ali auxquelles a participé MKN du temps où il était ministre du développement, comme l’a relevé Maher Hnaien sur un plateau de télévision. Il fait peur aux citoyens-électeurs en faisant miroiter le spectre du retour des anciens responsables les qualifiant au passage de « Taghouts » avant de se rétracter.

Mais en analysant de près la campagne du président sortant, on se rend compte que l’énergie qu’il déploie n’obéit pas à la logique de l’efficacité. Le tableau de bord lui indique certainement que MKN et bien d’autres dont Kennou, Zenaidi, Riahi…ne sont pas des cibles à lui causer des tourments, ne figurant pas en bonne place parmi ses concurrents. Et pourtant, il s’acharne à les stigmatiser.

Comment expliquer alors cet acharnement ? Passe encore le vieux contentieux qui remonte à décembre 2011, date de l’investiture de Marzouki alors que MKN était déjà gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie(BCT). Mais là où le bât blesse, c’est qu’il se livre à un tir groupé visant tous ses rivaux potentiels nonobstant le degré de danger qu’ils représentent à ses yeux.

Un acharnement doublé de l’assurance qui habite Marzouki de remporter le scrutin, ce qui le galvanise pour s’occuper davantage à régler leurs comptes aux autres candidats qu’à convaincre l’électorat de « la pertinence et du bien fondé » de son programme électoral.

C’est à se demander pourquoi il est si sûr de gagner. En l’absence de sondages d’opinion pour cause de silence électoral, rien ne permet dans les faits et même dans les esprits d’étayer cette sérénité qui laisse au candidat Marzouki assez de temps et tout loisir pour se livrer à des philippiques en règle contre tout ce qui bouge du côté de ses concurrents.

Aboussaoud Hmidi

- Publicité-

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Réseaux Sociaux

108,654FansJ'aime
480,852SuiveursSuivre
5,135SuiveursSuivre
624AbonnésS'abonner
- Publicité -