AccueilLa UNETunis : Fausse neutralité d’Ennahdha. Voici son candidat aux Présidentielles!

Tunis : Fausse neutralité d’Ennahdha. Voici son candidat aux Présidentielles!

Le conseil de la Choura du parti mouvement Ennahdha, tenu dans la soirée de vendredi, a décidé de ne soutenir aucun candidat à la présidentielle. Son président, Fethi Ayadi, a déclaré, lors d’une conférence de presse, qu’Ennahdha a laissé le choix ouvert à ses partisans et ses sympathisants en leur accordant la liberté de choisir le candidat le plus apte à gouverner le pays dans un climat de consensus et de démocratie. Comment comprendre cette décision qui semble avoir soufflé un vent froid sur plus d’un candidat aux présidentielles ? Essentiellement, deux réponses pourraient être données :

– Trop tôt pour décider ?

D’abord, un refus de prendre position pour l’un ou pour l’autre des candidats, alors que les choix sont presque faits par un parti pour lequel elle ne pourrait pas prendre publiquement parti, sans se mettre à dos ses partisans dont une partie au moins, prend ce parti et plusieurs de ses membres de Gauche notamment, pour des «éradicateurs » qui pourraient vouloir les remettre en prison. Une prise de position publique en faveur du candidat de Nidaa aux présidentielles pourrait aussi lui attirer encore une fois les foudres de la Confrérie des «Frères Musulmans», qui prennent Nidaa Tounes pour l’incarnation même d’une laïcité qui est leur ennemi juré.

Prendre position alors pour un autre candidat comme Moncef Marzouki, est un choix trop difficile pour le moment. L’actuel président provisoire a certes été mis à cette place par la volonté d’Ennahdha. Pour autant, le parti islamiste n’oubliera pas ses critiques virulentes, comme il ne peut pas ne pas tenir compte de son image fortement étriquée, sinon plus, auprès de la population et même auprès d’une partie de sa base électorale. Le reste des candidats demeurent au jour d’aujourd’hui, peu probables pour qu’Ennahdha puisse prendre dès maintenant fait et cause pour l’un d’eux et donner dès maintenant des consignes claires à leur propos.

– Reculer pour mieux sauter !

Il semble, ainsi, plus probable que la décision d’Ennahdha de ne soutenir aucun candidat, ne soit que temporaire. Le parti islamiste sait qu’il a perdu les élections législatives et attendra les régionales et les municipales pour essayer alors de reconstruire un vrai front contre Nidaa Tounes. Un vrai front, enraciné dans les régions, d’autant que la Tunisie s’achemine vers un pouvoir décentralisé. Il ne semble pourtant pas qu’Ennahdha ait décidé de quitter réellement la course présidentielle. Le parti islamiste, paraît-il, ne fait que reculer pour mieux sauter. Les résultats des législatives ont en effet administré la preuve que les électeurs restent encore circonspects dans leur vote qui demeure un vote de sanction contre le projet islamiste d’Ennahdha. Pour beaucoup d’observateurs, Ennahdha aurait décidé de ne donner des consignes de vote qu’au second tour des présidentielles où ses partisans pourraient faire la différence face à Béji Caïed Essebssi qui reste pour elle le candidat à abattre.

– Ennahdha : Mensonges ou manœuvres ?

Dire pour autant qu’Ennahdha n’a pas encore pris parti pour l’un des candidats à la présidentielle du 23 novembre 2014, est faux. En effet, l’ONG «Mourakiboune» qui s’est spécialisée dans le suivi de très près de tous les processus électoraux, vient de publier sur sa page FB, un tableau où elle donne les noms de tous les candidats à Carthage et le nombre de parrainages qui leurs avaient été donnés par chacun des partis de l’ancienne ANC (Assemblée Nationale Constituante). Le résultat est sans appel, au moins pour Ennahdha.

Il apparaît, dans ce tableau, dont nous reproduisons ci-haut une copie, qu’Ennahdha a accordé 2 parrainages à Samir Abdelli, 5 parrainages à Leila Hammami qui s’est par ailleurs retirée de la course, seulement 2 parrainages à Moncef Marzouki, 8 parrainages pour Abderraouf Ayadi, seulement 4 pour son allié de la Troïka Mustapha Ben Jaafar, 6 pour Abderrazak Kilani, un seul parrainage pour Hamma Hammami, autant pour Fathi Krimi, et 13 députés d’Ennahdha ont signé pour Hammouda Ben Slama. Ce dernier que personne n’a vu depuis la fameuse commission d’enquête sur les incidents de l’UGTT dont le rapport reste encore introuvable, semble donc être le candidat choisi d’Ennahdha. Ennahdha est même le seul parti à avoir accordé les parrainages à l’ancien ministre de la jeunesse et des sports.

Si cela ne s’appelle pas prendre position, actes et faits, pour un candidat contre les autres, on se demanderait bien alors ce que c’est ? Pour le reste des candidats, on vous laisse faire les comptes et tirer les conclusions !

Khaled Boumiza

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