AccueilLa UNETunis : Mohamed Frikha, un candidat indépendant à l’ombre d’Ennahdha!

Tunis : Mohamed Frikha, un candidat indépendant à l’ombre d’Ennahdha!

Mohamed Frikha, homme d’affaires, est originaire de Sfax dont il a fait le point de départ de sa campagne pour les présidentielles et plus précisément la maison familiale, après avoir un temps utilisé le siège de sa société, toujours à Sfax, pour recevoir les premiers journalistes venus le connaître. L’homme est complètement novice en matière politique avec un CV qui en est complètement dépourvu et c’est peut-être son point faible le plus important. Frikha a débuté chez l’entreprise française Alcatel, en Tunisie, où il a bourlingué pendant cinq années (1989-1994), avant de se lancer à son propre compte, presque dans le même domaine. Fin décembre 1994, en effet, il lançait Telnet. 17 ans plus tard, il fait son entrée dans le secteur du transport aérien et lance Syphax Airlines. C’est cette compagnie, dont il étendra les ailes en jouant sur le sentiment régionaliste, qui lui fabriquera par la suite une image médiatique et le fera, plus ou moins, connaître à travers les remous qu’il y fera.

Il commet certes la gaffe de nommer à sa tête l’ancien ministre qui lui en donné l’autorisation, mais se rattrape vite et le met à la porte. Une autorisation, donnée aussi sous un ministère qui était entre les mains du Nahdhaoui Abdelkerim Harouni. C’est tout cela surtout qui fera parler de lui et non un quelconque engagement politique, avant ou après la Révolution. Sa couleur politique, les Tunisiens la découvriront avec surprise, lorsqu’ils apprendront que son nom figure sur la liste de Sfax2 aux législatives d’octobre 2014. Ce sera l’une des rares fois où il arrivera même à faire le buzz.

Rien ne donnait, en effet, à penser que l’homme d’affaires avait des liens avec le parti islamiste que toute la Tunisie rejetait, jusqu’aux premières fuites de sa candidature sur ses listes aux législatives, confirmées par la photo de groupe de tous les candidats Nahdhaouis, puis par celles du périple chinois du Boss Rached Ghannouchi, à bord d’un avion de Syphax.

Le candidat Frikha avait pu racheter l’avion confisqué de Sakher El Materi (gendre de l’ancien président tunisien), dans des conditions, pour le moins opaques, dans la mesure où cette vente s’était faite de gré à gré et en violation des procédures administratives qui obligeraient à la publication d’un appel d’offres et tout ce qui s’ensuit. Beaucoup d’encre a coulé aussi à propos de cet avion qui aurait servi au transport de personnalités du parti alors au pouvoir. Des «ragots» que l’ancien PDG de Syphax démentira. Beaucoup d’encre a aussi coulé à propos de ses relations avec l’actuel chef de gouvernement et des conditions dans lesquelles il louera à plusieurs reprises son avion pour le transport de délégations gouvernementales. Cela obligera même la Primature à publier des communiqués de mises au point et d’éclaircissements sur le quotidien tunisien qui avait publié ces informations que Mohamed Frikha niera toujours.

Il n’en demeure pas moins vrai que son nom a fini par être couché sur les listes de candidats d’Ennahdha pour les législatives d’octobre 2014 où il finira par remporter son siège. Les mauvaises langues diront bien sûr qu’il doit cette montée au parti islamiste tunisien. Un lien qui existe, au moins, dans les esprits de ses clients en bourse. Ceux-ci ne tarderont pas à le lui faire savoir. C’est ainsi, comme l’écrit le site boursier «ilboursa.com», qu’il subit, dès son élection sur la liste Nahdhaouie de Sfax 2, les effets négatifs de la conversion d’un homme d’affaires à la politique. «Le fondateur du groupe Telnet et de la compagnie aérienne Syphax Airlines semble pénalisé par les investisseurs pour ses engagements politiques. Introduite en Bourse en 2013 au prix de 10 dinars l’action, le titre de Syphax Airlines a clôturé à 3,91 dinars l’action, un certain mardi, cumulant une contreperformance de 54% depuis le début de l’année. Quant au titre de Telnet Holding, spécialisée dans les hautes technologies, il a reculé de 5,62% aujourd’hui à 4,61 dinars ramenant sa performance à -20,38% depuis le 1er janvier».

Dans le domaine des affaires, Mohamed Frikha n’a pas toujours eu la main heureuse. Pour Telnet, il peut être fier. L’entreprise est florissante et bénéficiaire. Ce n’est pas le cas de Syphax Airlines. L’entreprise ne semble pas être bien gérée, comme le signalera, lors de l’AGO de l’exercice 2013, le propre commissaire aux comptes de l’entreprise. Il faut bien noter, cependant et pour être objectif, que l’entreprise qui est cotée sur l’Alternatif de la BVMT, n’était pas destinée à être bénéficiaire, au moins pour ses trois premières années. L’ancien PDG semble aussi avoir pris acte des réserves de son commissaire aux comptes, puisqu’il a démissionné de ses postes de responsabilité, au titre desquels il percevait une rémunération annuelle de 180 mille DT.

Exposant les raisons de sa candidature aux présidentielles, une décision qui avait beaucoup embarrassé son parti (Ennahdha) qui avait dû le désavouer, Mohamed Frikha a déclaré aux journalistes présents à sa conférence de presse, que «les Tunisiens en ont marre des discours politiques vides et veulent des réalisations». Il avait certainement oublié le lourd héritage social, économique et financier notamment, du parti qui l’avait pris sous son aile et lui a collé son image. Il écorne au passage, encore une fois, son parrain aux législatives, en déclarant que «le peuple tunisien à essayé, pendant de longues décennies, des politiciens qui n’ont rien fait». Ses conseillers en communication ont peut-être oublié de lui préciser que les deux années et demie du règne de la Troïka d’Ennahdha font partie des décennies dont il parlait. Au demeurant, cette relation controversée avec Ennahdha qu’il courtise toujours, comme dans cette interview du 5 novembre 2014 à Shems FM, alors qu’elle le renie, pourrait bien être son talon d’Achille.

Comme beaucoup d’autres candidats, il reste pour l’instant invisible dans les sondages d’opinion qui circulent sous cape, en cette période préélectorale où les documents de cette nature sont interdits de publication, au désavantage d’un public pour lequel tous les programmes électoraux se ressemblent et où son vote se fera certainement…à la tête du client !

Khaled Boumiza

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