AccueilLa UNEBHL à Tunis : Une affaire d’Etat

BHL à Tunis : Une affaire d’Etat

L’arrivée de Bernard Henri Lévy (BHL), vendredi soir, a suscité une très vive polémique en Tunisie. Plusieurs militants et intellectuels ont été sur place à l’Aéroport Tunis-Carthage pour protester contre cette visite et ont « escorté » le cortège du philosophe français, pour manifester contre sa présence en Tunisie jusque devant l’hôtel où il a résidé. Les autorités ont vite réagi en annonçant qu’elles n’étaient pas au courant de ce voyage, ont sorti BHL de l’Aéroport, par une porte de derrière pour le conduire dans un hôtel à Gammarth. Des informations ont indiqué que BHL a été expulsé samedi dans la soirée, pour « trouble à l’ordre public », et le ministère public a ouvert une information judiciaire sur les circonstances de sa venue.BHL a affirmé, pour sa part, à l’hebdomadaire français le Point du 2/11/2014 qu’il est parti quand sa réunion libyenne s’est terminée, avant d’ajouter que « les autorités tunisiennes, pour ce que j’en ai vu et su, se sont comportées de façon parfaitement normale ».

Dès les premières heures, l’opinion publique et les médias se sont posé deux questions : qui l’a invité et dans quel cadre ce voyage a été organisé ? Les noms de Chafik Jarraya, homme d’affaires controversé, a été cité dès l’abord, mais il a nié tout lien avec cette affaire, arguant qu’il ne parle pas le français pour être associé à une telle initiative et que sa présence à l’hôtel de Gammarth en même temps que BHL était fortuite. Des informations qui n’ont pas été vérifiées ont fait état, dimanche, cependant, que la facture du séjour de BHL a été payée par une société appartenant à Chafik Jarraya (une société de promotion immobilière).

Un autre homme d’affaires aurait fait la réservation de BHL à l’hôtel en son nom. Ghazi Moalla, un membre du parti de Mohamed Abbou, le Courant démocratique, et Ramzi Bettibi, blogueur qui passe par être un homme proche des islamistes libyens ont été également cités. Et ce n’est qu’un peu plus tard que le nom de Radhouan Masmoudi, le représentant d’Ennhadha aux Etats-Unis, a circulé, comme partie invitante de BHL dans le cadre d’une réunion que son centre l’association « Islam et Démocratie »(CSID) organisera dimanche 2 novembre à Hammamet, sur la Libye, activité qui n’a pas été médiatisée par le CSID, contrairement aux habitudes de Radhouan Masmoud qui informe tout le pays de toute activité qu’il engage.

Répondant à ces informations, BHL soutient que son séjour était dédié à une rencontre , « dans un hôtel, au vu et au su de tous, dans la plus parfaite transparence, avec des amis libyens sortis exprès de Tripoli, Benghazi, les villes du Djebel Nefousa, Misrata, Zaouia, afin de poursuivre en terrain neutre, et avec moi, le dialogue de réconciliation nationale ». Et répliquant aux informations relayées par plusieurs sites électroniques, dont Rue 89, au sujet d’une rencontre qu’il devrait avoir avec l’islamiste libyen Abdelkrim Belhajj et du leader d’Ennahdha Rachid Ghannouchi , BHL rétorque sèchement que ces deux dirigeants , « sont , si je peux me permettre, ce qu’il y a de moins fréquentable sur les scènes politiques libyenne d’un côté, tunisienne de l’autre ».

Wahid Borchene, l’homme d’affaires libyen de Ghériane ayant également la nationalité américaine et résident en Tunisie, est lié à cette invitation, apprendra-t-on plus tard. Borchene, ancien membre du Conseil de transition provisoire libyen et ancien député, est actuellement un virulent opposant au pouvoir Libyen. Il est connu pour son activisme pour créer les conditions d’un projet régional encourageant les Amazigh de la région à déclarer unilatéralement l’indépendance.

Les observateurs ont constaté que cette réunion fait suite aux avancées enregistrées par le pouvoir légitime et l’Armée libyenne contre les djihadistes, Ansar Chariaa et Daech à l’Est, à Derna et Benghazi et contre les unités de Fajr Libya à Tripoli et à l’Ouest du pays . Cette initiative de dialogue entre parties libyennes dont parle BHL est peut-être engagée pour contre d’autres initiatives parrainées par l’ONU et l’Algérie et qui se tiennent parallèlement à Ghdamès et à Alger et auxquelles sont associés les pays de la région (le Soudan, le Tchad et le Niger), après les contacts entamés par le premier ministre libyen Abdallah Thnay. Ce qui laisse penser que le projet de dialogue animé par BHL s’inscrit dans une autre logique qui n’est ni celle des pays de la région, ni celle de l’ONU.

Aboussaoud Hmidi

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