AccueilLa UNETunis-Législatives : Le casse-tête chinois des coalitions

Tunis-Législatives : Le casse-tête chinois des coalitions

A peine ont-elles résolu un problème, les élections législatives de 2014 en ont créé un autre. A peine perdants et gagnant ont-ils commencé à réaliser l’immensité de la surprise pour chacun, que se pose déjà la problématique des coalitions. C’est en effet dans une Assemblée du Peuple (AP) où aucun des deux principaux partis vainqueurs n’a pu avoir la majorité qui lui permettrait de gouverner seul, que 19 partis politiques vont devoir cohabiter pendant les cinq prochaines années. Avec une différence de 16 voix entre Nidaa Tounes et Ennahdha, aucun des deux ne pourra se passer de l’autre, ni se permettre de l’avoir comme opposant, actif ou même silencieux. En face de ces deux partis, l’un de droite (Ennahdha) et l’autre de droite modérée (Nidaa), ce sont essentiellement deux autres blocs susceptibles de jouer les arbitres, le «Front Populaire» qui est une formation de gauche et l’UPL qui est une formation de droite eu égard au fait que son patron est un homme d’affaires. A ces deux-là, il faut ajouter le petit bloc de 8 sièges d’Afek.

– Qui fera affaire avec qui et qui s’alignera sur qui ?

Ce qui est sûr et même archi-sûr, c’est la bicyclette du Tayar mettra les lunettes du CPR, formation politique dont le principale figure du Tayar, Samia Abbou, faisait partie. Il n’est pas exclu, selon les observateurs, qu’ils finissent par filer le parfait «Amour» (Mahaba de Hechmi Hamdi qui n’a que 2 sièges). Il n’est pas exclu non plus, orientation idéologique pourrait obliger, que le «Mouvement Chaâb» finisse par s’allier au Front Populaire de Hamma Hammami pour constituer un groupe parlementaire de 19 sièges.

Et si Afek de Yassine Brahim, qui a déjà pris position dans ce sens, s’aligne sur Nidaa Tounes, il est presqu’impossible que la probable formation de Gauche (Jebha ou Front Populaire + Mouvement Chab) s’allie ou s’aligne sur l’une des formations politiques de la prochaine Assemblée du Peuple. Idéologiquement, en effet, surtout sur fond de programmes économiques, elles restent incompatibles.

Sur le plan des individualités qui représentent le reste des 9 partis, il reste possible qu’un Iyed Dahmani du Joumhouri, trouve des atomes crochus avec un Mehdi Ben Gharbia du Tahalof qu’il avait connu à l’ancienne ANC. Il est même possible que l’unique représentant d‘Ettakattol ou encore celui du MDS les rejoignent dans cette chevauchée solitaire où ils n’auront pas assez de poids et pourraient même être embauchés en CDD à temps partiel par d’autres formations politiques de poids dans la prochaine Assemblée du peuple.

– Ennahdha avec Nidaa ou le contraire ?

Toute la classe politique tunisienne avait prévu une chambre binaire qui caractérisera la prochaine AP. Le scrutin d’octobre 2014, l’a confirmé. Le refus d’Ennahdha et la méfiance à l’égard de Nidaa Tounes, ont été derrière cette composition hétéroclite. Ennahdha a péché par trop d’islamisme, mais garde un bloc de 69 sièges, aussi discipliné qu’un bataillon de tirailleurs sénégalais. Nidaa Tounes s’était forgé l’image d’un parti anti-Nahdha en guise de programme électoral. Il a ainsi, au moment du vote, pioché presque chez toutes les familles politiques, sous le couvert du vote utile dont il a été le seul parti à bénéficier. Objectivement donc, il ferait une grosse erreur politique s’il s’alliait avec Ennahdha. Les deux «grosses têtes» blanches des deux partis qui s’étaient rencontrés à plusieurs reprises, savent bien qu’ils sont désormais dans la posture du «Tu me tiens par la barbichette, je te tiens par la barbichette». Nidaa pourrait s’allier à l’UPL en accédant à la demande plusieurs ministères et pas n’importe lesquels, du Berlusconi tunisien. Il formerait alors un bloc de 101 sièges au prochain Parlement (85 de Nidaa + 16 de l’UPL). Ennahdha pourrait jouer l’opposition trouble-fête en s’alliant le CPR, le Tayar, le Mahaba et même Ettakattol (69+4+3+1+1=82 sièges) au moins. Ceci, si Nidaa arrivait à faire accepter à ces jeunes loups, impatients de récolter les fruits de leur victoire sous forme de portefeuilles ministériels dans le prochain gouvernement, l’idée d’un gouvernement de technocrates. Un gouvernement dont la composition pourrait prendre plus de temps que ne l’avait prévu la Constitution de 2014 qui s’avère être pleine de lacunes (Une semaine après la proclamation des résultats définitifs des élections selon l’article 89, c’est-à-dire, au plus tard, 3 jours après la fin du premier tour des présidentielles, selon Dr Heykel Ben Mahfoudh Professeur en Droit Constitutionnel).

Tout cela aussi, alors que presque tous les partis s’engageront dès dimanche dans la course au Palais de Carthage (élections présidentielles du 23 novembre 2014). Une course dont l’issue pourrait bien changer la donne et même l’équilibre des forces politiques.

Pour le moment, les deux camps campent sur leurs positions et agissent par fuites et déclarations par seconds couteaux interposés. Ennahdha, par exemple, lance quelques ballons d’essai comme lorsque le gendre du Chef (Rafik Abdessalem) n’exclut pas de soutenir la candidature de Béji Caïed Essebssi, condition posée par un autre lieutenant de Nidaa Tounes (Abdelaziz Kotti) pour toute alliance. Islamistes et laïcs des deux camps ne sont pas encore dans cette optique et la Tunisie qui avait ébahi le monde par son dernier scrutin, risquerait de passer plus de temps qu’il n’en faudra pour sortir définitivement du «Onk Ezzoujaja». Pour reprendre une expression à la mode et qui signifier sortir de l’ornière !

Khaled Boumiza

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