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Tunis-Nidaa Tounès : La conquête du pouvoir est une chose, son exercice en est une autre!

Les urnes ont livré leur verdict même si le mot de la fin n’a pas encore été dit pour ce qui est de quelques résultats. Il n’en est pas moins établi que, dans tous les cas de figure, c’est le parti Nidaa Tounès qui sera déclaré vainqueur de la consultation électorale de dimanche, flanqué d’un outsider qui se nomme Ennahdha.

Ce faisant, la Tunisie s’offre un paysage politique d’autant plus inédit qu’il vient bouleverser la hiérarchie des partis telle qu’elle avait l’habitude de s’ordonner, mais aussi créer des problématiques de divers ordres, notamment politique et constitutionnel. Nidaa Tounès gouvernera-t-il seul, et dans le cas contraire, où choisira-t-il ses alliés ? Lequel des deux présidents, l’actuel, Moncef Marzouki, ou son successeur, chargera le vainqueur du scrutin législatif de former le futur gouvernement ? Quel statut choisira Ennahdha dans la nouvelle architecture politique : sera-ce celui de l’opposition avec comme arme le tiers bloquant ou rejoindra-t-elle la coalition gouvernementale dont il est de plus en plus question ? Au cas où Béji Caïd Essebsi accèderait à la magistrature suprême, aura-t-il la ressource de ne pas céder à la tentation hégémonique ?

Des interrogations auxquelles il va falloir trouver les réponses les mieux appropriées à la situation dans laquelle se trouve le pays en faisant abstraction de toutes sortes de velléités qui puissent entacher l’issue d’un scrutin dont le mérite majeur est d’avoir été tenu propulsant la Tunisie au rang des pays qui ont l’intelligence de prendre en main leurs destinées en main. C’est un acquis inestimable que les hommes politiques du moment devront pouvoir et surtout savoir préserver et enrichir.

En donnant quitus à Nidaa Tounès pour gouverner le pays pendant cinq ans, les électeurs n’attendent pas moins de ce parti qu’il redresse le pays en jugulant autant que faire ce peut le chômage, en ramenant les investisseurs tant locaux qu’étrangers, en remettant en marche la machine économique, en distribuant les richesses de la manière la moins inéquitable possible entre les individus et les régions, et surtout en donnant de l’espoir, beaucoup d’espoirs à une jeunesse dont le vote anémique aux élections de dimanche interpelle en toute priorité ceux qui auront à gérer la chose publique.

Comme on peut le voir, l’enjeu est beaucoup moins politique qu’économique et social. Et c’est à cette aune que sera jugé le prochain gouvernement sous peine de se voir éjecter lui aussi pour ne pas avoir pris dûment et sérieusement la mesure des attentes qui fusent de partout et singulièrement des jeunes, comme ce fut le cas pour la troïka plus encline à l’esbroufe et à l’improvisation qu’à donner concrètement les réponses qu’il fallait aux aspirations des uns et des autres.

Nidaa Tounès sera-t-il dans la posture de celui qui pourra remplir cet office ? La question vaut d’être posée au regard de son programme électoral davantage bardé de vues d’esprit que de mesures concrètes et crédibles, pour ne pas dire de promesses qui, à l’épreuve de l’exercice du pouvoir dans les conditions qui sont actuellement celles de la Tunisie, ont bien du mal à être tenues. D’autant que le parti de Béji Caïd Essebsi, pour autant qu’il soit auréolé du charisme de son président, n’en est pas moins traversé par des courants et même d’idéologies politiques par bien des côtés irréconciliables. Au demeurant, on ne pourrait pas s’interdire de penser qu’avec une composition si hétéroclite, ce parti qui doit sa réussite aux élections, à titre principal, aux contreperformances et à l’impéritie de la troïka, aura bien de la peine à sortir une plateforme de gouvernement cohérente et largement convenue pour mener le pays à bon port. A fortiori lorsqu’il s’agira de s’allier avec d’autres formations politiques éligibles à une coalition gouvernementale et dont les conditions seraient autant d’hypothèques qui pèseront de tout leur poids sur l’ordonnance de la prochaine équipe au pouvoir.

De pures conjectures, diraient certains ! Mais, la rigoureuse logique politique commande de voir la réalité en face et de la comprendre et l’analyser comme elle doit l’être. Nidaa Tounès qui a affirmé sur toutes les fréquences qu’il restera ouvert à toutes les composantes de l’échiquier politique du pays y compris son rival de toujours, Ennahdha, aura bien du mal à avoir de la suite dans les idées. La conquête du pouvoir est une chose, son exercice en est une autre !

Mohamed Lahmar

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