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Tunis : Quel sens donner au scrutin ?

Avant même que le scrutin ne livre tous ses secrets, les spéculations vont bon train. Pas seulement des analyses et des explications, mais surtout des exigences et des conditions posées par les uns et les autres pour tirer le meilleur parti de l’évènement. Déjà l’UPL, le parti de Slim Riahi affirme qu’il est concerné par le prochain gouvernement et exige qu’il lui soit confié des portefeuilles « importants » à l’instar des ministères de l’Economie et de l’Investissement, selon Maher Ben Dhia son secrétaire général.

Ce parti aux contours pas clairement définis et à l’identité toujours floue, indique qu’il brigue sérieusement la présidence de la République, y étant intéressé plus que tout autre parti, selon ses dires.

Parallèlement, on entend d’autres exprimer leur disposition à collaborer mais assortissent leur accord de conditions, plus politiques celles-là.

Ces propositions pour le moins bizarres s’ajoutent à quelques informations fuitées, montrant que le scrutin est compris par beaucoup comme un festin où les pique-assiettes s’invitent pour retrouver des parties invitantes disposées à partager le gâteau. Or, le vote du 26 octobre ne tire pas son sens du résultat qui a écarté la troïka et réduit le score islamiste, mais de la dynamique engagée par Béji Caid Essebsi (BCE) le 26 janvier 2012. Cette dynamique engagée en temps opportun a abouti à la création de Nidaa Tounès, à l’incitation à la contestation populaire contre la troïka, durant l’été 2013 et à la mobilisation de toutes les forces vives contre le terrorisme. Cette dynamique indique que ce qui est réellement en jeu, ce n’est pas une conquête du pouvoir mais la restauration d’un pays, ce n’est pas un tableau lumineux où sont inscrits des performances économiques et financières à réaliser, mais une réactivation, à grande échelle, d’un projet de société qui était sur le point d’être enterré. Ce qui nécessite, comme cela a été le cas dans les batailles passées, l’affermissement d’un front démocratique qui dépasse largement ceux qui ont gagné en y intégrant tous ceux qui ont ressenti que cette dynamique était la leur et qui partageaient pleinement les objectifs qu’elle s’était assignée.

L’interview de BCE à la chaîne Al Hiwar Ettounsi, lundi 27 octobre, reflète largement cette vision et montre que le président de Nidaa Tounès est conscient des grands défis du moment. Fédérer le parti autour du crédo du sacrifice, du partage et de l’abnégation, réunir la famille démocratique dans toutes ses composantes, reconnaître que les islamistes sont incontournables, mais éviter leurs fautes, s’y associer sans s’allier avec eux, faire appel aux compétences « où qu’elles soient » pourvu qu’elles ne soient pas compromises avec la justice et rester attentif aux doléances de la jeunesse et des régions défavorisées. Le plus important, pour BCE, est de savoir patienter et bien exploiter le temps, car la redressement économique du pays demandera au moins deux ans.

L’approche qui intègre les éléments les plus pertinents de la réalité s’inscrit dans une vision tournée vers l’avenir. Et l’avenir exige que tous les Tunisiens soient associés pour le construire mais à partir de données endogènes. La Tunisie doit retrouver sa place dans la région et dans le monde, pas uniquement pour renouer avec sa vocation de facteur de paix et de stabilité mais surtout pour tirer profit de ces relations afin de servir la relance économique et bien inscrire l’économie nationale dans l’architecture mondiale.

Le vote qui a pris des allures positives doit être consolidé ; et l’avenir à moins et long terme qui se dessine pour doter le pays d’une économie performante et des signes du rétablissement tant attendus, doit être bien préparé par les deux prochains scrutins (les municipales et les régionales) qui devraient avoir lieu au cours de 2015. Et ces deux grands rendez-vous hautement politiques imposent aux forces qui ont emporté les législatives de rester éveillées, et aux alliances qui étaient scellées en 2013 d’être redynamisées pour donner un sens aux luttes menées et aux acquis réalisés à la faveur des Législatives.

Aboussaoud Hmidi

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