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Tunis : Ennahdha mord la poussière et paie les pots cassés de sa Troïka

Le parti islamiste tunisien Ennahdha vient enfin de reconnaître publiquement sa défaite face au parti de «Bajbouj». Après les dénégations, désespérées et oiseuses, de son secrétaire général A. Larayedh, le parti de Rached Ghannouchi envoie son porte-parole Zied Laadhari le reconnaître à l’intérieur en enveloppant la défaite dans un packaging de félicitations pour Nida Tounes. A l’extérieur, c’est à à l’anglophone et ancien lieutenant de Ghannouchi le Londonien, Lotfi Zitoun, de le relayer chez Bloomberg et même sa fille Yosra, moins connue que la fulminante Soumaya, chez Associated Press. Les dés sont ainsi jetés. Encore ivre de son succès de 2011, Ennahdha mord la poussière.

Le vote du dimanche 26 octobre 2014, aura finalement été un vote sanction contre le parti islamiste Ennahdha. Les 6,5 millions de bulletins et autres documents électoraux qui ont été imprimés pour un coût de 2 millions MDT, n’auront presque servi à rien, si ce n’est pour garnir des murs décrépits et des façades en zinc devant lesquels peu d’électeurs prenaient la peine de s’arrêter. Même pas les 2,5 MDT versés à la TV et aux Radios, n’auront servi qu’à fabriquer des vidéo-gags qui n’honorent en rien certains des candidats et parfois pas de ceux qui n’auront rien récolté des législatives de 2014.

Mais ce qui est fait est fait, et pour reprendre la manchette d’un canard tunisien, «nous avons voté et nous avons gagné». Tout cet argent et celui qui sera encore versé aux partis politiques qui auront réalisé un score de plus de 3 %, n’aura servi qu’à montrer à plus d’un prétendu politicien qu’il ne suffit pas d’y croire pour le faire. Trop chère la défaite, pourrait-on dire pour conclure, pour un peuple qui s’endette rien que pour consommer.

La Tunisie aura été le seul vainqueur de cette élection. D’abord, parce qu’elle est enfin parvenue à conclure un processus qui devait durer plus longtemps, selon ses détracteurs. Elle gagne aussi, parce qu’elle est arrivée à balayer devant sa porte et nettoyer la scène politique de certains rebuts d’une révolution qui n’avaient fait que surfer sur sa vague. Il est déjà heureux que l’on ne retrouve plus dans l’hémicycle de la prochaine assemblée du peuple, certains visages qui n’avaient fait que défigurer une révolution que d’autres ont payée de leur sang, pendant et après le départ de Ben Ali.

Les perdants dans cette élection, notamment ceux qui s’étaient alliés à un parti dont les desseins religieux les dépassent, n’auront que leurs larmes pour pleurer. Ennahdha avait fait juste une mue pour pouvoir les accepter et les utiliser dans ses funestes visées d’une islamisation à marche forcée de la société tunisienne. Mais Ennahdha était et restera fidèle à cet objectif qui fait partie du plus vaste projet de la Confrérie dont elle est issue. Force est cependant d’avouer qu’Ennahdha avait su mieux jouer que ses guignols. Un jeu politicien, nettement plus subtil, un jeu politique fait d’attaque-éclair&repli (En langue arabe : Karr & Farr), contre tout le monde ; les médias, la femme, le modèle tunisien de société, la religion, les hommes d’affaires et j’en passe. Subrepticement, il lui arrive ensuite de faire marche arrière et de se retirer sur la pointe des pieds, laissant ses alliés s’empêtrer seuls dans l’arène de l’ANC, sous les projecteurs des cameras et à travers des vidéos qu’on retrouve par la suite sur les réseaux sociaux. Elle en tire toute la gloire qu’elle fait valoir auprès des partenaires de la Tunisie. Ils n’en tirent que des déboires, qui ne leur valent que quolibets, moqueries, colère et mépris de la part du peuple qu’ils étaient censés dignement représenter.

Echaudés par l’inconditionnel soutien de leur «padrone», les autres membres de la Troïka qu’elle a montée de toutes pièces, se vautrent dans la débauche politique et politicienne, commettent bourdes et gaffes successives, s’entêtent jusqu’à devenir bêtes, prennent toutes leurs aises dans les fauteuils offerts par le parrain, se prennent pour les patrons du pays.

Inconsciente du degré d’intelligence d’un peuple, car elle avait pu un temps lui faire prendre des vessies pour des lanternes, Ennahdha se croyait être à l’abri du courroux de ce peuple. Relayés par des médias, désormais débridés, sans peur et décidés à ne plus refaire leurs erreurs passées, les bourdes des membres du CPR et d’Ettakattol (notamment son président), finissent par faire boule de neige, emportant toute la Troïka. Ce sont ces bourdes, vues et revues sur les plateaux TV, sur les journaux électroniques et sur les réseaux sociaux, qui favoriseront la naissance de Nida Tounes. Ce dernier fera le Buzz en appelant à la fin de la mission de l’ANC. Sans le vouloir, Ennahdha venait de créer son rival dont l’image d’un parti anti-Nahdha se renforcera à chaque bourde de la Troïka. Le parti au pouvoir essayera vainement de colmater les brèches laissées par «ses chérubins» dans sa cuirasse politique. L’intelligence d’un tunisien, dépité par les 365 points d’un projet qui n’a jamais vu le jour et désabusé par les vaines promesses, les frasques, les erreurs de jugement, de gestion et de direction des propres dirigeants d’Ennahdha au pouvoir et parfois même de proches parents de ces dirigeants, fera chaque fois de sorte à ce que ce soit ce parti qui encaisse les effets du Boomerang en pleine figure. Ennahdha a ainsi récolté les vents du CPR, avec ses Maatar, Ben Hamidane, Badi et d’Ettakattol avec un Ben jaafar mou, presque sans avis propre, suiveur et jamais initiateur, et reçu les tempêtes fomentées par Hammadi Jbali, Ali Larayedh, Lotfi Zitoun et Rafik Abdessalem.

Ce sont tous ceux-là qui auront fait tomber Ennahdha du haut de son perchoir. Ce sont leurs erreurs d’Ennahdha elle-même et du CPR notamment qui ont entaché l’aura de ce parti qui s’était présenté comme celui de ceux qui craignent Dieu, d’anciens taulards reconvertis en dirigeants de onze millions de personnes, mélangés à une bande d’aigris et de revanchards, qui croyaient que ce peuple allait encore une fois leur manger dans la paume des mains. Ils auraient dû, avant de prendre le pouvoir, lire au moins le livre du sociologue tunisien Moncef Ouanness sur la personnalité du Tunisien. Ils s’y seraient retrouvés et y auraient su comment bien manager un tel peuple.

Khaled Boumiza.

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