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Tunis : Le train de la reprise mondiale repart, la Tunisie reste à quai, selon Moez Labidi

L’expert économique, Moez Labidi a dénoncé le retard enregistré dans l’élaboration du projet de loi des finances 2015, estimant, dans son analyse publiée par l’intermédiaire en bourse, MacSa, que la saison électorale complique la donne. « Le projet sera-t-il préparé dans les délais impartis? Ou sommes-nous condamnés à les discuter au début de l’année cible? », s’est-il interrogé avouant qu’il est fort probable que la discussion de cette loi doive coïncider avec les tractations pour former le nouveau gouvernement issu des urnes.

Il a, dans ce contexte, déclaré qu’une majorité forte et solide pourrait prendre le risque d’engager les réformes nécessaires. Par contre, une coalition fragile serait amenée à repousser les textes les plus délicats pour les prochaines années, selon ses dires. « Encore du retard pour redresser l’économie tunisienne, et encore plus de « cadeaux » pour les nouvelles générations, alors que les voisins marocains se préparent pour lancer la réforme de la retraite dans les textes de la loi des finances 2015 !! », a-t-il dit. « Une gamme de réformes planquées dans les placards de la constituante (une vaste refonte du système fiscal, une nouvelle version du code d’investissement, un projet de restructuration du secteur bancaire) attendent désespérément une discussion sérieuse loin des querelles politiciennes et du folklore populiste, et des décisions courageuses loin des marches arrières et des capitulations dévalorisantes pour la notoriété de l’Etat », a-t-il dit.

Labidi a fait remarquer, à ce propos, que le train de la reprise mondiale repart et la Tunisie reste à quai. L’achèvement de la constitution et la fixation du calendrier électoral ont redonné des couleurs à l’horizon des affaires. Toutefois, le démarrage de la campagne électorale et le suspense qui plane sur les résultats et les alliances qui se dessinent alimentent de nouveau le cycle des inquiétudes.

Une série de mauvais sentiments frappent, selon lui, les Tunisiens à la veille de ces élections : « un sentiment de désarroi face à la montée du chômage, des inégalités et des menaces terroristes, un sentiment de dégoût devant une classe politique qui brille par son manque d’audace et une centrale syndicale qui rayonne par ses revendications démesurées, et un sentiment de peur de l’avenir (blocage des grands chantiers de réformes : retraite, éducation, infrastructure, ..) », a-t-il dit.

Il a évoqué, dans ce cadre, l’attentisme des marchés qui traduit l’incertitude sur la prochaine étape. Ces incertitudes sont, selon lui, énormes, surtout avec l’approche des deux échéances électorales (législatives et présidentielles). « Le prochain gouvernement sera-t- il épaulé par une coalition politique suffisamment forte lui permettant de rétablir la notoriété de l’Etat et de démarrer sérieusement le package des réformes ? Ou au contraire, le risque d’une coalition fragile issue des urnes sera-t-il le scénario le plus probable? Un scénario menaçant pour la stabilité politique et pour le climat des affaires », a-t-il expliqué.

Pour la présidentielle, rien n’est clair aujourd’hui. Le nombre de candidats alimente le suspense, selon ses dires. « Le prochain président de la Tunisie démocratique sera-t-il l’homme qui rassemble les Tunisiens et rassure les partenaires étrangers, ou celui qui entretient les querelles partisanes et idéologiques ? », s’est-il exclamé.

L’expert a, en outre, reconnu que l’heure n’est pas vraiment à l’affrontement ni à la surenchère vu que « les tensions démesurées peuvent facilement nous enfoncer davantage dans le gouffre des déficits, et du coup, bloquer la dynamique des réformes ».

La politique monétaire ne peut se transmettre efficacement à l’économie réelle qu’en présence d’un système bancaire solide et transparent et d’un marché financier profond. La politique budgétaire ne peut se transmettre, non plus, selon lui, qu’avec un système fiscal équitable et transparent. La politique industrielle ne peut être rénovée qu’avec un cadre réglementaire moderne et compétitif.

Selon lui, seules les grandes réformes, une fois achevées, pourront redonner de l’élan aux instruments de la politique économique, et du potentiel à la croissance économique. Si « la révolution est inachevée », comme l’a si bien dit la Banque Mondiale, a-t-il dit, « c’est certainement parce que la maturité de la classe politique n’est pas encore achevée, parce que le sens de la responsabilité chez le citoyen est aussi inachevé et parce que les forces syndicales n’ont pas achevé leur appréhension des mutations de l’économie mondiale ».

Toutefois, pour dégripper la machine économique et construire un pays moderne, il est impératif, selon Labidi, de retrouver le sens de la responsabilité, de la production, de l’investissement et de l’innovation. C’est ainsi que la Tunisie de demain doit être fondée sur quatre piliers : un Etat démocratique fort, un gouvernement audacieux, un syndicalisme responsable et un peuple ouvert sur le monde et vacciné contre le virus du populisme et de l’extrémisme.

Khadija Taboubi

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