AccueilLa UNETunis : Mohamed Hnid ne lâche pas l’UGTT et se réclame toujours...

Tunis : Mohamed Hnid ne lâche pas l’UGTT et se réclame toujours des « classiques » du CPR

Le parti du Congrès Pour la République (CPR) a cru bien faire en plaçant sur le terrain juridique sa réponse à l’UGTT, au sujet de la plainte contre Mohamed Hnid. « Il n’a jamais appartenu au parti », a affirmé le communiqué publié par la direction du CPR, essayant par cet argument d’épingler la centrale syndicale « qui n’a pas bien vérifié les données du CV de Mohammed Hnid ». Or, le CPR n’a jamais été un parti au sens classique du terme pour situer qui est dedans et qui est dehors. Il a été plutôt un creuset de militants qui ont toujours refusé tous les systèmes politiques. Avant la révolution, ils ont refusé celui de la Tunisie indépendante avec tous ses attributs et symboles, drapeau national compris, comme le système qui faisait marcher les oppositions, légale ou clandestine, de l’intérieur ou de l’extérieur, et ont boycotté toutes les formes de coordination qui se sont établies entre ses composantes. Tout le monde se remémore les appels lancés par Moncef Marzouki à se passer de tous les symboles de la République, pour en créer une deuxième qui sera en totale rupture avec la première. Après la Révolution, et suite au scrutin du 23 octobre2011, la même logique s’est perpétuée. Les ministres, les députés et le président de la République lui-même, en lien avec le CPR, ont continué à tout rejeter et à surprendre même leurs alliés les plus proches par des initiatives qui ne concordent pas avec leur statut d’hommes d’Etat.

Les scissions ayant traversé le CPR, depuis le scrutin de la Constituante, ont donné naissance à au moins 3 partis, que tout divisait mais qui sont unis dans un même esprit. Il s’agit de la formation-mère d’Imad Daimi, de l’Alliance démocratique des Abbou et de Wafa de Raouf Ayadi, qui ont gardé la vocation fondatrice des premiers jours, sous les contours de « l’esprit CPR ». Et cet esprit, on le retrouve aussi chez des cadres de ce parti qui ont participé au scrutin d’octobre 2011, dans des listes indépendantes, nommément Tarak Kahlaoui et Adnane Mansar ou ceux qui n’ont nullement participé au scrutin à l’instar de Mohamed Hnid ou Aziz Krichène. Cet esprit CPR, on peut également le trouver chez des militants d’autres partis, surtout Ettakattol, ou chez d’autres qui ont quitté le parti pour se consacrer à des activités dans la société civile.

Mohamed Hnid, même s’il n’a pas appartenu organiquement au CPR, il fait partie de cette culture politique et en viendra un jour à accuser l’UGTT d’être le Daech de la Tunisie.

En fait, la première fois où l’opinion publique a entendu parler de Mohamed Hnid, c’était lors de la visite de Président Moncef Marzouki en France en novembre 2013. Il était conseiller en communication du Président depuis le début du mois, mais il voulait déjà être nommé comme ambassadeur de la Tunisie à l’UNESCO, avec le soutien d’Ennahdha. Il a, à l’époque accompagné Marzouki, dans la visite à la Directrice Générale de l’UNESCO, Irina Bokova, dans la capitale française.

La mission de Hnid, à la présidence de la République, n’aura duré que quelques mois, car on a appris qu’il a démissionné et que sa demande a été acceptée en date du 7 mars 2014. Mais quelques semaines auparavant, on parlait de son éventuelle démission et Adnene Mansar a confirmé l’existence d’une « situation délicate » avec Mohamed Hnid.

Le premier (et seul dossier) auquel il avait affaire, c’était celui du Livre noir. Déjà le 18 décembre 2013, il reconnaissait que la présidence n’avait pas l’intention de le rendre public, car il était destiné aux institutions (le SNJT, l’ANC et les députés de l’ANC) et que l’objectif était de dévoiler la vérité et exposer la corruption dans l’ancien régime, en l’absence de la loi sur la justice transitionnelle. « La publication du Livre est un honneur pour nous car elle a accéléré la ratification de la loi relative à la justice transitionnelle » dit-il, avant d’ajouter que la démarche de ceux qui ont rédigé ce livre, n’était pas sélective.

Mais avant sa nomination à la présidence et après, Mohamed Hnid n’a cessé de développer sur les plateaux de télévision ou dans des articles de presse, les thèses du CPR, en démontrant qu’il est imprégné de son esprit.

Déjà, le 26 novembre 2012, il avertit que le RCD tente de revenir à travers le mouvement du « Nidaa des voleurs », et les médias qui sont le fer de lance de la contre-révolution. Il a accusé Béji Caïd Essebsi d’avoir dissimulé de grands dossiers de corruption sur ordre de Ben Ali et qu’il était en train de d’utiliser l’argent suspect pour faire fonctionner Nidaa Tounès. (France 24 du 26/11/2012)

Et en date du 16/10/2014, il revient à la charge en qualifiant l’UGTT de Daech de la Tunisie, avec la nuance d’attribuer cette fois l’appellation à la jeunesse du berceau de la Révolution et de l’inscrire dans une analyse historique et théorique qui reprend les évènements des deux dernières années, reflétant les thèses de Marzouki et du CPR. Il écrit dans le site « Akhbar Essaa » que les élections seront déterminantes et façonneront l’avenir du pays et de la région, surtout que la Présidence de la République est la cible de la contre-révolution, depuis l’élection de Marzouki. Ces attaques , affirme-t-il , se sont multipliées depuis qu’Ennahdha a quitté le gouvernement après l’assassinat du martyr Chokri Belaid. A cette époque, dit-il, la contre-révolution était à son zénith. « La présidence de la République a déjoué 2 coups d’Etat réels et sauvé le pays de l’anarchie pendant l’été 2013, lorsque les comploteurs étaient au plus fort de leur mouvement, s’inspirant du schéma égyptien », dit-il.

Il souligne que c’est la forte détermination de Marzouki et sa grande résistance qui ont déçu les comploteurs, lorsqu’il a déclaré « qu’il ne fait de passation qu’à un président de la République légitime et élu par le peuple ».

Il ajoute que ces conspirateurs attendaient le départ de Marzouki du Palais de Carthage, suivant le chemin emprunté par Ennahdha qui a cédé le gouvernement à une équipe de technocrates sous les coups de l’artillerie des « médias nationaux de la honte » qui se sont alliés avec « l’association de malfaiteurs qu’est l’UGTT érigé en Etat » ou « le Daech de la Tunisie ».

Mohamed Hnid récidive donc et reprend de nouveau à son compte cette expression infâmante qu’il attribue aux jeunes de la Révolution, donnant l’impression qu’il en est le porte-parole. Le problème n’est donc pas de savoir si Hnid a appartenu un jour au CPR, mais de comprendre pourquoi un homme qui véhicule un tel discours a-t-il été nommé, fût-il pour quelques semaines, conseiller à la présidence de la République.

Aboussaoud Hmidi

 

- Publicité-

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Réseaux Sociaux

108,654FansJ'aime
480,852SuiveursSuivre
5,135SuiveursSuivre
624AbonnésS'abonner
- Publicité -