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Tunis : Chedly Ayari parle, franchement et en toute clarté, de la STB, de la Stusid et de la TFB!

«Pecunia nervus belli» (Traduisez du Latin : L’argent est le nerf de la guerre), disait Thucydide, homme politique et historien athénien. Les guerres en Tunisie, depuis l’avènement de la révolution, sont devenues nombreuses. D’abord contre la pauvreté, pour l’emploi, pour le redémarrage de l’économie et de l’investissement et, enfin, contre le terrorisme et la contrebande.

L’argent, on le retrouve normalement dans le trésor de l’Etat et dans les banques qui sont au centre de tout système financier. En Tunisie, les banques sont malades de 50 ans de gaspillage, parfois de mauvaise gestion et pas toujours de leurs premiers responsables mais des gouvernements successifs. Malades, elles le sont presque toutes. Mais au premier rang des grands malades, on trouve les banques publiques et à leur tête la Société tunisienne de banque (STB). C’est de toutes ces institutions financières à la santé fragile que nous avons parlé avec le Gouverneur de la BCT (Banque Centrale de Tunisie).

«La STB a été auditée en profondeur et on sait combien d’argent il lui faut. Toutes sortes de besoins compris, nous sommes actuellement à 800 MDT pour qu’elle puisse se mettre à jour, retrouver ses équilibres financiers et répondre aux exigences d’une banque normale, provisionner ses pertes, rétablir ses ratios de liquidité et répondre aux exigences de Bâle II», dit-il à Africanmanager à propos de la première banque publique du pays. «Nous le savons, tout cela », dit-il sur le ton de celui qui lâchait une évidence, avant de se reprendre. Plus alerte, il ajoute avec une pointe d’inquiétude, que «il faut qu’elle ait ces moyens, d’ici avant la fin de l’année 2014» et de répéter, comme pour souligner l’urgence de la chose, «c’est-à-dire d’ici deux mois ».

– La STB, une banque systémique qui doit être sauvée !

On se le rappelle, cette banque avait été la première à passer devant l’ANC (Assemblée Nationale Constituante) pour valider un plan de redressement financier qui n’a jamais été exécuté. La même ANC avait par la suite adopté un texte allouant le montant d’un milliard DT pour recapitaliser les banques publiques. «Notre proposition, à moins d’un problème [ndlr : avec l’ANC], c’est un projet de loi qui allouait 800 MDT à la seule STB. Or, il y a un long débat là-dessus qui fait qu’on n’a pas pu passer ce projet de loi, bien que l’argent existe et ait été voté » expliquait Chedly Ayari pour Africanmanager. Et lorsque nous lui demandons qu’en sera-t-il si elle ne les a pas, le Gouverneur de la BCT s’empresse de répéter que «elle les aura, elle les aura. Elle les aura sous plusieurs formes, ça, c’est sûr», ajoutant qu’ils sont (BCT et ministère des Finances) en train de penser aux moyens d’y parvenir. Et à bien le comprendre, en détournant le refus de l’ANC pour sauver cette banque. Pour Chedly Ayari, il est hors de question que «cette banque systémique disparaisse» et d’assurer et rassurer que «elle sera sauvée» et que «jamais l’Etat ne laissera tomber la STB». Le Gouverneur assure avoir reçu les actionnaires, publics et privés, de la STB. Tous lui ont affirmé qu’ils suivront la prochaine augmentation du capital. «On est en train d’imaginer une ingénierie financière pour cette augmentation que les privés pourront suivre. Je leur ai proposé un petit montage technique, un système de portage, qu’ils ont tous accepté, même les Koweitiens. Avec les privés, les autorités tunisiennes espèrent n’avoir à débourser que 400 MDT », conclut Chedly Ayari.

– «La Stusid va très mal» et pourrait être vendue aux Saoudiens déjà actionnaires.

Notons que la STB avait terminé l’exercice 2013 avec un très lourd passif et n’a pas encore tenu son Assemblée générale pour cet exercice. Elle n’est pas la seule. Dans un autre genre, celui des petites banques, on retrouve la Stusid (Banque tuniso-saoudienne). Pour le cas de la banque Stusid, le gouverneur de la BCT a estimé que «Ah oui ! c’est une catastrophe. Je suis d’accord, elle est en mauvais état, très mauvais état et tu mets le doigt sur un problème majeur », réagit-il de prime abord, lorsque nous évoquons le cas de cette petite banque, ex-banque de développement qui ne réussit pas encore sa mue vers la banque universelle. Et Ayari de se montrer ensuite déterminé à résoudre ce problème. «On a d’abord l’intention d’alerter, officiellement, en tant qu’autorité de supervision, le ministère saoudien des Finances, le partenaire saoudien, sur la situation où se trouve la Stusid». Une première rencontre a, à cet effet, eu lieu avec les actionnaires de la Stusid, pour «leur dire que leurs indicateurs dysfonctionnaient partout et que tout ce qui fait l’équilibre d’un bilan est en désarroi». Chedly Ayari ne compte pas, à propos de cette banque, y aller par quatre chemins. «L’approche est la suivante » dit-il, avant de préciser que «l’Etat a définitivement décidé de se débarrasser de toutes ses participations minoritaires ». La décision est valable aussi bien pour la Stusid que pour la BTL (Banque tuniso-libyenne) ou pour la BTE (Banque Tunisie Emirats). L’Etat tunisien a aussi l’intention, selon ce que nous affirme le premier responsable de la BCT, de proposer aux partenaires étrangers de racheter les participations de l’Etat tunisien, comme il l’avait déjà fait avec les Qataris pour la TQB. En cas de refus, «on met ça à la vente, soit pour des partenaires tunisiens soit pour des étrangers», précise-t-il. Dans les deux cas, l’autorité financière tunisienne compte demander un business plan aux acquéreurs, ce qu’ils comptent faire et quelle plus-value et le know-how comptent-ils ajouter à l’économie tunisienne. Tout cela se fera dans le cadre global du plan de restructuration bancaire, mais il affirme que le désengagement des participations minoritaires devrait commencer vers 2015 !

– Ladjimi, l’homme providentiel pour la TFB ?

Mais il y a aussi une autre banque, la TFB (Tunisian Foreign Bank ou Ex-UTB en France) qui fait ces derniers temps parler d’elle depuis le changement de sa direction. En parler avec le Gouverneur de la BCT était une obligation, surtout que cette dernière avait décidé de remplacer son DG, alors qu’il n’avait même pas terminé son exercice. A la TFB, en effet, Slaheddine Ladjimi remplace déjà Mehdi Haddad. «La TFB est une banque malade, depuis longtemps. Elle est même dans un état lamentable, une banque qui doit se transformer pour ne pas disparaître et se chercher pour cela un partenaire stratégique», indique le Gouverneur Ayari à Africanmanager, en expliquant que c’est «un mauvais héritage et une accumulation de fautes, de mauvaise gestion, de mauvaise gouvernance, qui perd de l’argent et de la clientèle et une banque qui a failli perdre sa licence. Il fallait donc agir». Ayari nous indique s’être lui-même déplacé en France où il a rencontré les autorités monétaires de la place qui lui ont assuré qu’ils «font une fleur à la Tunisie en ne fermant pas cette banque [ndlr : la BCT, la STB et la BH y sont actionnaires] qui contrevenait à toutes les normes prudentielles du pays où elle se trouve et avait dû payer 700.000 DT d’amende. «Pour nous, c’est une plaie et ça va de mal en pis» tonnait encore le gouverneur. Pour lui, Mehdi Haddad, «garçon très sympathique, par ailleurs» dit-il, «n’avait pas soit assez de moyens soit assez de poigne pour tenir la banque et agir» dit-il encore. Et de conclure que «il fallait agir, trouver une solution de secours, trouver un banquier qui a fait ses preuves et qui a déjà sauvé une banque, pour prendre en main une banque complètement à la dérive. Et je n’ai fait le saut que lorsque j’ai trouvé cet homme, Slaheddine Ladjimi» et il ne tarit pas d’éloges sur son passage à la Biat. Et lorsqu’on lui rappelle que les actionnaires n’avaient peut-être pas outillé l’ancien dirigeant de la BFT des moyens nécessaires pour être maître à bord, Chedly Ayari répète que Mehdi Haddad «est un gentil garçon, mais qu’il fallait un homme fort, avec un passé fort qui pouvait prendre des décisions fortes de sauvetage», une grande gueule en quelque sorte. Ayari reste quand même catégorique : «L’option n’est pas de la privatiser, mais de lui chercher un partenaire stratégique, tunisien ou étranger, et lui donner un nouveau lustre ».

Khaled Boumiza

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1 COMMENTAIRE

  1. Monsieur le gouverneur est responsable de la situation de la TFBank avec lui Messieurs BRAHIM SAADA et REKIK MOHAMED qui ont fait parti du conseil d’administration depuis des années et ont toléré des dérives graves en soutenant par exemple MEHDI HADDAD le dernier PGD de la TFBank qui a manipulé les bilans pour l’année 2012/2013 heureusement son successeur LAAJIMI a rectifié le tir avec un résultat déficitaire de 14 millions d’euros fin 2014

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