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Tunis : Les multiples dangers qui guettent le prochain scrutin

Dans une interview accordée à Al Quds Al Arabi en date du dimanche 12 octobre 2014,Chafik Sarsar a évoqué des pressions subies par des parties politiques sur l’ISIE pour lui imposer des positions et semer le doute sur son fonctionnement et son activité. Le Président de l’ISIE a, en fait, employé un mot très fort pour qualifier les menées de ces parties politiques à l’encontre de l’Instance. Il a parlé de chantage.

Il a défendu dans la même interview la neutralité des membres de l’ISIE , soulignant qu’ils ne sont pas redevables à la troïka de leur élection parce que cette élection a été faite aux 2/3 des députés de l’ANC , ce qui dépasse largement ceux de la troïka et que lui-même a été élu par 167 voix .

En fait, Chafik Sarsar répond à des critiques de personnages politiques, d’activistes de la société civile qui ont relevé des défaillances dans le fonctionnement de l’Instance, ou de gens ordinaires qui ont trouvé leurs noms dans des listes de parrainage de candidats qu’ils ne connaissent pas. Ces critiques, malgré leur caractère parfois injuste et outrageant, ont permis de mettre le doigt sur des défaillances du système électoral adopté un peu à la hâte( pour faire correspondre l’agenda électoral au timing imposé par la constitution ) et pour prendre le contrepied de l’ancienne ISIE jugée trop à gauche par les islamistes d’Ennahdha .

Le système électoral a été créé ex nihilo, en mettant de côté la base de données des électeurs, la réglementation adoptée au cours des élections du 23 octobre 2011.Même le personnel qui a fait un travail louable pour une première expérience a été mis à la porte. Et le temps imparti depuis l’élection de l’instance et le déblocage des avoirs nécessaires au démarrage de ses activités, n’a pas permis de résoudre tous les problèmes.

Et tous ceux qui en voulaient à la troïka et à Ennahdha ou qui regrettaient l’ancienne ISIE, se sont ligués contre Chafik Sarsar et son équipe. Ils disent en substance que des parties politiques ont la volonté de falsifier les résultats du scrutin, et l’ISIE n’est pas en train de leur tenir tête. Pour leur apporter un démenti, le président de l’ISIE n’a qu’une seule voie à suivre: agir avec vigueur et détermination et être comme il l’a toujours annoncé à égale distance de toutes les parties politiques . Et puis s’employer à corriger toutes les lacunes juridiques et les défaillances réglementaires et techniques et le faire savoir aux médias et à l’opinion publique, pour écarter tout alibi qui pourrait être utilisé par ses détracteurs pour semer le doute sur l’activité et le fonctionnement de l’ISIE.

On est là en face d’un aspect mineur illustrant un des multiples risques encourus au cours du prochain scrutin. A côté de ce risque réel qui peut entacher l’opération électorale et semer le doute sur ses résultats, il y a le risque terroriste qui peut la perturber ou la bloquer totalement, mais il y a un autre risque non moins grave, celui de ne pas en reconnaitre les résultats.

On s’aperçoit, en suivant ce qui se dit et se fait sur la scène publique que plusieurs forces politiques sont en train de mettre en place un système qui ne peut aboutir, au cas où ils perdent les élections, qu’à un rejet de ses résultats ce qui équivaut à une remise en question du processus électoral dans son ensemble.

D’ailleurs, la diabolisation des forces de sécurité et des anciens responsables sont une ébauche pour un tel revirement. Un responsable du mouvement Echaab a qualifié une éventuelle alliance entre Ennahdha et les anciens responsables, après le scrutin, de forcing contre-révolutionnaire. Un autre responsable du Front Populaire a laissé entendre qu’au cas où sa formation n’a pas un bon score au scrutin, elle ne restera pas sans bouger. Et lorsque les journalistes lui ont demandé de fixer le score en deçà duquel le Front Populaire réagira il a refusé de répondre. Il faut inscrire dans le même cadre les émissions de télé préparées depuis des mois et réchauffées pour l’occasion et ces de morts suspectes que des ONG affirment qu’elles ont eu lieu sous la torture.

Plusieurs systèmes sont déjà mis en place pour perturber, bloquer, discréditer ou remettre en question les résultats du scrutin. Ces systèmes sont l’œuvre de personnes et de familles politiques multiples, mais qui ont en commun de ne pas être démocratiques. Elles se soucient de leurs gains de la conjoncture plus que de l’affermissement de la démocratie qui ne peut être que progressif . Ces gens, ces partis ou associations se servent uniquement du système démocratique pour accéder à des paliers ou marquer des points.

Aboussaoud Hmidi

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