AccueilLa UNETunis : Le président, l’Internat et le journaliste français qui se mouille.

Tunis : Le président, l’Internat et le journaliste français qui se mouille.

Ce dimanche soir à 22 heures, toute la Tunisie qui ne regardait pas Néjib Chebbi, le téméraire de l’émission de Attounissia où il a prononcé 81 fois le nom d’Ennahdha selon le décompte d’un facebookiste, était branchée sur la chaîne française M6. Au menu, une «enquête exclusive » sur «les milliards volés de Ben Ali».

L’émission, pourtant annoncée avec force adjectifs de traque journalistique et d’images choc, n’apportera pourtant rien de nouveau à tout ce qui a été écrit et montré aux Tunisiens depuis des années, exception faite peut-être des images de Belhassen Trabelsi au tribunal. Le reste, n’était que «ouï-dire» et affirmations, déjà connues et surtout non confirmées par des images d’une chaîne qui avait déjà mieux fait en matière d’enquêtes. Manquait, en effet, la profondeur d’une investigation, parfois bâclée comme lorsqu’elle s’abstient à enquêter sur la position officielle française sur la question des biens de la famille qu’elle montre à Paris et quelques fois gratuitement accusatrice, ou lorsqu’elle parle de la famille Mabrouk à laquelle elle ne donne pas la parole. Une enquête qui, à force parfois d’amateurisme, donnait l’impression d’être, pour le moins non-objective et parfois même complètement partisane, comme lorsqu’elle expliquait le déclin de Bricorama par la proximité d’une autre grande surface qui vend les mêmes produits, alors que tout Tunisien sait que presque toutes les entreprises confisquées sont dans la même situation à cause, du refus et de l’incapacité de l’Etat confiscateur à mettre la main dans la poche pour donner les fonds de roulement nécessaires à ces entreprises. Une enquête qui semble avoir pris le parti d’un président provisoire qu’elle interviewe sans aucun esprit de contradiction, presque comme un «caresse-dans-le-sens-du-poil». Une enquête qui utilise ce qui s’est passé en Tunisie pour éperonner un adversaire de l’actuel président français dans les prochaines présidentielles françaises, en oubliant l’appui de l’actuel président aux défenseurs et aux promoteurs d’un Islam politique que toute la société tunisienne rejette. Une enquête enfin, qui n’est pas récente(elle remonte à mai 2013), puisqu’elle montre des visages qui ont quitté depuis des mois les fonctions où elle les avait filmés, et qui intervient comme un cheveu dans la soupe jusqu’à mouiller presque toute l’émission dans un débat et des conflits qui ne sont pas les siens.

Beaucoup de Tunisiens se demandent en effet, pourquoi la diffusion de ce «plat réchauffé » à quelques jours des législatives dans un pays qui tente péniblement de tourner la page de trois ans d’un débat stérile autour de sommes mirobolantes qui donnent, de faux espoirs et des cauchemars à un pays qui n’arrive plus à se remettre au travail ; un pays à la recherche d’une sérénité perdue et d’une réconciliation difficile qui unifierait toutes ses composantes dans l’objectif de la reconstruction ? A qui profite cette tentative de «remuer une merde» qui ne fera qu’empester le climat social ? En d’autres termes, pour qui roulait cette émission ? Qu’aurait pensé l’ambassadeur de France en Tunisie, si une TV tunisienne avait, en pareilles circonstances électorales, diffusé une enquête sur une des personnalités politiques françaises, sur les mésaventures judiciaires de Sarkozy ou les frasques amoureuses de Hollande ?

On ne passera pas, sans parler de cette nouvelle apparition de Moncef Marzouki, le candidat marié à une citoyenne française, dans une chaine française à un peu plus d’un mois des élections présidentielles. «Chaque lundi, je reviens à l’Internat» disait Moncef Marzouki chaque semaine à son épouse en rentrant au Palais de Carthage après sa visite hebdomadaire, entourée d’une cohorte de voitures blindées et de tout le faste du chef de l’Etat, de sa résidence secondaire d’El Kantaoui à Sousse. A l’entendre parler ainsi à Bernard de la Villardière, qui pourrait ne pas croire un Moncef Marzouki répétant, à ceux qui veulent bien l’entendre comme aux autres, son refrain favori du «je ne démissionnerai pas, je ne démissionnerai pas, je ne démissionnerai pas» ? Qui pourrait dire à quel moment, le chef provisoire de l’Etat, ne disait-il pas la vérité ? Qui pourrait alors expliquer pourquoi tient-il tant à cette prison d’Internat de Carthage en présentant sa candidature aux présidentielles du 23 novembre ? Il est vrai que Marzouki est là loin du langage de bois dont l’exonérait de la Villardière.

Encore une fois, Moncef Marzouki aura réussi à donner de son pays, la pire des images. Qui, en effet, des chefs d’Etat du monde, aurait eu l’audace de comparer le symbole de toute une République, l’emblème de toute l’autorité de la présidence, à l’Internat d’un collège ? En serait-il alors un simple élève ou le surveillant général ? Auquel cas, qui sont les élèves et quel est leur niveau d’instruction ? Il s’agirait peut-être des centaines d’élèves qui visiteraient régulièrement un palais qui perdu depuis 3 ans toute l’aura du symbole de l’autorité et de la souveraineté du pays.

Ka Bou

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