AccueilLa UNEEnquête exclusive sur M6 : Faute grave et impunité totale

Enquête exclusive sur M6 : Faute grave et impunité totale

A treize jours des élections législatives, le journaliste français Bernard de la Villardière a choisi de publier un reportage coup de poing intitulé « Tunisie : le trésor caché du dictateur ».

L’annonce de l’émission qui a été ressassée pendant au moins une semaine et publiée sur tous les supports, nous a promis un reportage sur la grande traque de l’argent du dictateur Ben Ali, chassé du pouvoir sous la pression de la rue le 14 janvier 2011, mais la promesse n’a pas été tenue.

Déjà le journaliste Bernard de la Villardière qui a préparé l’émission figurait dans le livre noir de Moncef Marzouki, comme faisant partie du système de propagande du régime de Ben Ali. Ce qui n’a pas manqué d’étonner l’opinion publique et fait couler beaucoup d’encre, suscitant la polémique à quelques jours du scrutin.

Ensuite, l’enquête a été réalisée en mai 2013, et puisqu’elle n’a pas apporté aucun nouvel élément, l’opinion publique et les observateurs se sont demandé pourquoi elle a été diffusée maintenant en pleine campagne électorale.

Le reportage n’a apporté, en fait, aucun élément nouveau dans le suivi des pistes empruntées par l’argent détourné par le clan Ben Ali. Et l’effort de Bernard de la Villardière s’est résumé en un simple récapitulatif des informations déjà connues sur le sujet. C’est du réchauffé, selon l’expression de plusieurs observateurs. Il n’a fait que compiler des informations connues par l’ensemble des Tunisiens à propos de la fameuse caverne de Ben Ali. Et l’amertume ressentie par les téléspectateurs a laissé la place à une question fondamentale : pourquoi ce produit est sorti maintenant. C’est en cherchant à répondre à cette question qu’on décèle la manipulation politique, puisqu’il n’est pas difficile de saisir que l’émission fait l’apologie du président de la République sortant et de son parti le CPR.

Et c’est ce qui explique, les attaques menées sur les réseaux sociaux par plusieurs internautes tunisiens contre le journaliste qui a préparé l’enquête. Attaqué par plusieurs téléspectateurs qui s’étaient attendus à un travail plus fourni et actualisé ,Bernard de la Villardière est accusé de jouer le jeu de formations politiques tunisiennes en pleine campagne électorale (essentiellement Ennahdha et le CPR) et quelques-uns sont allés jusqu’à prétendre que la facture a été payée par le Qatar afin de promouvoir l’image de Moncef Marzouki comme candidat aux présidentielles.

Pourquoi maintenant ? Sur cette question, Jomaa Guesmi, expert en politique a affirmé que cette opération « vient servir l’agenda d’un parti bien précis et c’est une initiative qui vise à manipuler les électeurs tunisiens, également ceux résidant à l’étranger , c’est une méthode visant à les pousser à voter à un parti bien déterminé », a dit Guesmi, considérant qu’ « il s’agit d’une implication française dans les affaires internes tunisiennes».

Dans un entretien téléphonique avec Africanmanager, Jomaa Guesmi a appelé l’ISIE à prendre les mesures qui s’imposent pour mettre fin à ces pratiques qui sont de nature à perturber le processus électoral. « L’ISIE doit réagir et identifier la partie qui est derrière ce reportage », a souligné notre interlocuteur, qui indique qu’il est important de suivre cette démarche et la faire échouer parce qu’elle vise à détourner l’attention des électeurs des véritables problèmes qui les préoccupent ». Il conclut en affirmant que cette initiative ne peut jamais servir la transparence du processus électoral.

Une affaire compliquée…

Nabil Baffoune, au nom de l’ISIE a qualifié le dossier de cette affaire de compliqué qui nécessite un grand travail. Il a renvoyé le dossier à la HAICA qui doit, à son avis, rédiger un rapport et prendre les mesures nécessaires à propos de cette question. « On ne peut rien faire pour l’instant. Nous attendons, le rapport de la HAICA puisqu’il concerne une chaine de télévision », a-t-il expliqué. Et d’ajouter « on ne peut pas parler d’une infraction électorale sans examiner les détails relatifs à la préparation de ce reportage ».

Un travail en dehors du territoire de la HAICA

La HAICA qui est chargée du suivi des abus et des dépassements commis par les chaines nationales et internationales reçues en Tunisie déclare qu’elle est incompétente en la matière et décline toute responsabilité dans le traitement de ce dossier, justement parce que l’affaire concerne une chaine étrangère qui ne répond pas aux conditions fixées par les articles 73 et 74 du code électoral, nous a relevé Riadh El Ferjani membre de la HAICA . Il a rappelé que le rôle de cette instance est le suivi des chaines ayant une représentation en Tunisie , un correspond ou qui collaborent avec des sociétés de production tunisiennes, ce qui n’est pas bien évidement le cas de M6. Faute grave, et impunité totale.

Wiem Thebti

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